[Live Report] Wolf Alice et Florence Road au Zénith de Paris : les absents n’ont pas toujours tort !

Sur le chemin tout tracé de leur domination annoncée, les Londoniens de Wolf Alice voient grand, tentent de convaincre Paris avec leur premier Zenith… et livrent une prestation pas désagréable mais un peu bâclée et fade, dans une salle encore trop grande pour eux.

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Wolf Alice au Zénith – Photo : Cédric Rizzo

Comme pour chaque mois de novembre, Paris n’est pas en manque de concerts, à tel point qu’il y a des tentations presque tous les soirs. Du Supersonic à Bercy, ça « rocke » sur Paname. Est-ce cela qui explique le flop que semble faire Wolf Alice ce soir ? En tout cas le Zenith est en mode « configuration de la lose », un demi Zenith avec en plus les tribunes latérales fermées : c’est une première en ce qui me concerne. C’est simple, dans les premiers rangs de la catégorie 1 on a l’impression d’être plus que proche du rideau de fond ! Et ce malgré les invitations TicketMaster qui ont été envoyées en masse dans la semaine, et amené au Zenith un public pas plus fan que ça. La preuve en tout cas que Live Nation a vu beaucoup trop grand pour un groupe qui sort d’un Trianon pour sa dernière tournée, mais qui a bénéficié via le passage sur Columbia d’une intense campagne marketing au moment de la sortie de son dernier album, The Clearing. J’en avais parlé, j’ai beaucoup apprécié cet album que certains ont jugé trop soft rock, et qui marque une vraie évolution pour le groupe. Comment ses arrangements subtils pourront-ils passer le test du live et cohabiter avec les anciens titres plus punk/grunge ? C’est justement la question du soir.

Florence Road ZénithMais avant de pouvoir obtenir cette réponse, il va nous falloir écouter Florence Road, un quatuor d’Irlandaises menées par la chanteuse et guitariste Lily Aron qui bénéficie depuis quelques mois de critiques absolument dithyrambiques de la part de la presse d’outre-manche. A les lire, Florence Road est assurément le « Next Big Thing », sa chanteuse est fabuleuse, les fans pleurent pendant les performances qui sont d’une intensité folle, et il faut surtout profiter de les voir dans des petites salles parce que c’est la dernière fois avant les stades archi-complets. Le groupe vient de faire la première partie d’Olivia Rodrigo et de signer sur Warner. Bigre, n’en jetez plus ! On aime beaucoup l’Irlande et généralement ses groupes aussi, on a envie d’être d’accord, et ce ne sont pas les accords du fabuleux Into The Mystic de Van Morrison quand nous rentrons dans la salle qui vont apporter un bémol à notre bonne volonté (initiale). Il faut reconnaitre que le set démarre plutôt pas mal avec un Figure It Out bien grungy, de jolies guitares et la confirmation que Lily Aron a un très joli brin de voix. Hand me Downs est sans génie mais plutôt agréable. Le reste du groupe fait le taf, notamment la guitariste Emma Brandon, Miss se finit pas mal après beaucoup d’ennui au démarrage et là… on décroche… Pas mauvais, franchement, mais tellement anecdotique… On a des difficultés à imaginer ces filles en futur du rock irlandais (on voterait plutôt pour Sprints, pour notre part). Caterpillar, avec son départ acoustique, est sympathique et a ses fans autour de nous, mais  le tube Heavy aurait pu figurer dans les setlists d’Alanis Morrisette, tout comme Break The Girl qui nous fait frémir avec ces « la la la » horripilants. La prestation se termine par un Goodbye qui ne réhausse pas le niveau. Au total tout le E.P Fall Back a été interprété, les cinq autres titres étant probablement destinés à figurer sur le premier « vrai » album, à sortir en 2026. A noter un concert du groupe en tête d’affiche à la Boule Noire le 29 avril prochain. 40 minutes très oubliables, espérons que les Wolf Alice ne nous feront pas regretter de ne pas avoir choisi d’aller voir Micah P. Hinson au Café de la Danse

Wolf Alice Zénith CR 02Il est 21h10 quand le groupe arrive sur scène, les musiciens d’abord, qui démarrent l’intro de Thorns avant l’arrivée façon star d’Ellie Rowsell, visiblement décidée à ne pas laisser à sa compatriote Rhian Teasdale la primauté du glamour. La tiédeur du son tranche avec la performance vocale d’Ellie, comme sur Bloom Baby Bloom qui suit, comme sur l’album. Je ne suis pas très fan de ce titre, mais il a le mérite de montrer que, décidemment, Ellie fait ce qu’elle veut avec sa voix. Une fois ce postulat acquis, elle va laisser le batteur Joel Amey s’y coller. White Horses est construit sur un riff de guitare acoustique et Ellie se contente de seconder son batteur. C’est un peu krautrock, et indéniablement un bon titre, mais les premiers doutes surgissent. C’est mou, non ? Le verdict ne va pas tarder. Formidable Cool est un morceau ancien qui était sur Visions of a Life, donc datant de l’époque où le groupe écoutait autre chose que Steely Dan et Fleetwood Mac. Les guitares rugissent, Ellie se lâche, et c’est effectivement formidable. De là à penser que The Clearing est plus à écouter dans son salon qu’en live… C’est un petit plus compliqué que cela : The Sofa est une chanson formidable. Cet appel générationnel à faire quelque chose de sa vie et ne pas rester couché est le meilleur single tiré de l’album. Le glam Better Butter Tea Sugar est également très réussi, et permet au guitariste Joff Oddie de réaliser sa meilleure prestation de la soirée. Play It Out est un piano voix qui met encore plus en valeur Ellie. Just Two Girls a un côté 60’s entraînant, mais sera plus retenu pour l’envahissement, féminin et à propos, de la scène. Enfin notre petite préférée, Safe in The World, est toujours aussi sympa. Elle n’est pas jouée sur toutes les dates, donc merci Ellie de penser à moi. Ça aurait été bien de faire Passenger Seat mais non, elle n’a pas l’air de leur plaire, puisque c’est l’un des rares oublis en provenance de The Clearing.

Wolf Alice Zénith CR 03Il faut bien reconnaitre néanmoins que tout le monde préfère quand Ellie arrive avec son mégaphone pour le bouillant Yok Foo, et que le groupe enchaine avec un Play The Greatest Hits bien punk. Et que ce petit Zenith réagit bien au quasi metal Giant Beach, plus qu’au pourtant très réussi Safe from Heartbreak (If You Never Fall In Love) avec ses guitares acoustiques et les magnifiques harmonies du groupe au grand complet (dont Amey, le bassiste Theo Ellis et même le clavier Ryan Malcolm) réuni autour de leur chanteuse emblématique. C’est simple, parmi les anciens titres, seul le faible Silk ne sera pas à la hauteur ce soir.

Est-ce un signe de la fatigue du groupe ? Après un Smile expédié, c’est déjà le moment du rappel. Franchement… Comment justifier ensuite ce retour sur scène pour trois petites minutes ? Certes Don’t Delete The Kisses, rappel plus qu’évident, est acclamé. Mais l’absence de Last Man On Earth, pourtant prévu dans la setlist, laisse pantois. Est-ce la punition pour ces Parisiens qui n’ont pas daigné venir en nombre ? Le groupe se réserve-t-il pour une fin de tournée européenne à domicile et les dates de Manchester, Birmingham et les deux concerts à l’O2 ? Quelle qu’en soit la raison, la sanction est claire et la déception de mise. Les quelques critiques entendues pendant le retour au métro Porte de Pantin sont en tout cas claires : Wolf Alice est un groupe singulier que l’on continuera à suivre, mais qui a de façon nette loupé le coche sur cette date. Quelques jours seulement après la folie Turnstile et l’ouragan The Hives dans la même salle, la différence d’intensité aura sauté aux yeux.

Pour rentrer dans le cercle restreint des dieux des méga salles, il va falloir faire plus.

Florence Road :
Wolf Alice :

Laurent Fegly

Wolf Alice et Florence Road au Zenith de Paris
Production : Live Nation
Date : le mardi 25 novembre 2025

Leurs derniers disques :

Florence RoadFlorence Road Fall back (E.P)
Label : Warner Music Group
Date de sortie : 20 juin 2025

 

 

 

 

 

Wolf AliceWolf Alice The Clearing
Label : Columbia
Date de sortie : 22 Août 2025

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