Premier film de Max Walker-Silverman sorti en France, Rebuilding nous plonge dans les paysages grandioses de l’Ouest américain pour raconter, sur un mode proche du documentaire, la résilience d’un homme qui a tout perdu. Très beau.
Dusty a tout perdu. Il doit tout reconstruire après que des incendies de forêt ont ravagé sa ferme et détruit tous ses biens. Désormais séparé de sa femme et de sa fille, il tente de se reconstruire, enchaînant de petits boulots et emménageant dans un mobil-home. Il rejoint ainsi une petite communauté hétéroclite, composée de personnes de tous âges, qui, comme lui, ont tout perdu. Timide et déprimé, Dusty va peu à peu apprendre à connaître ses voisins, partager leur quotidien et leurs histoires, tout en renouant des liens avec sa fille, Cally-Rose.
Présenté au Festival de Deauville en 2025, Rebuilding est le genre de film que seul le cinéma indépendant américain peut nous offrir. Second long-métrage du réalisateur Max Walker-Silverman, après A Love Song (sorti en 2022, mais inédit en salles), il nous entraîne dans les grands espaces de l’Ouest américain et séduit immédiatement par son aspect documentaire et son côté western naturaliste.
À l’image des romans classés « nature writing », le film raconte la vie de ces déshérités, vivant dans la précarité et devant reconstruire leur existence à partir de rien. Inspiré en partie par l’histoire personnelle du réalisateur, le film se révèle aussi beau que minimaliste. Son aspect documentaire rappellera notamment le formidable récit de Ted Conover, Là où la terre ne vaut rien (Editions du Sous-sol, 2024), et évoque également le film de Chloé Zhao, Nomadland, qui abordait cette nouvelle forme de nomadisme, plus ou moins contraint.
Tourné dans l’État du Colorado et porté par une poignée d’acteurs très justes, à commencer par Josh O’Connor, parfait dans le rôle du cow-boy perdu, Rebuilding, par la sécheresse de son scénario et son minimalisme, nous embarque loin de notre confort, au cœur d’une Amérique austère, au son de la superbe musique du compositeur Jake Xerxes Fussell. A noter aussi la présence au casting de Binky Griptite, co-fondateur du groupe Sharon Jones & the Dap-Kings.
Un film aux enjeux dramatiques réduits à peu de choses, mais qui séduit avant tout par son ambiance, ses paysages grandioses et ses personnages, dont le mode de vie est de plus en plus à la merci des aléas du réchauffement climatique.
Benoit RICHARD