Le « film de Noël » de 2025 est l’adaptation du best seller mondial la Femme de ménage, qui devrait cartonner à un moment de l’année où notre niveau d’exigence est au plus bas. On vous raconte notre expérience de l’après-midi du 24 décembre !

Noël, ce n’est pas seulement cette période de l’année où l’on s’empiffre et s’enivre en compagnie de gens de la famille qu’on n’a nulle envie de voir, parce qu’on sait qu’on va s’embrouiller en parlant de la dernière oeuvre littéraire de Sarko ou de l’imbécilité crasse des extrêmes droites de par le monde. Non, c’est aussi le moment d’aller voir les mauvais films de saison dans des salles bourrées d’un public qui effectue là sa sortie annuelle au cinéma. Et en ce Noël 2025, la sortie familiale – enfin, pas pour les moins de douze ans – obligatoire, c’est l’adaptation en film du triomphe de librairie, la Femme de ménage.
N’ayant pas lu le best seller de Freida McFadden, nous imaginons que le film de Paul Feig (le genre de réalisateur dont il est impossible de citer un seul film de cinéma mémorable, mais qui a au moins participé à quelques aventures sérielles notables, telles que Parks and Recreation ou Weeds) bénéficiera au moins de notre découverte d’un « twist » qui a fait le succès du livre. Pour le reste, la réputation douteuse de Sydney Sweeney (et ses « blue genes ») comme nouvelle égérie MAGA Outre-Atlantique prive même le film d’un potentiel capital de sympathie lié à son casting.
Le problème, qui apparaît très vite, de la Femme de ménage, c’est l’incapacité dont fait preuve Feig quant il s’agit de choisir entre satire caustique de la bourgeoisie new yorkaise, vivant dans un monde doré de mensonges, de haines et de jalousie (l’évidente comparaison avec la série Vrais voisins, faux amis, pourtant moyenne, lui est fatale), et thriller domestique à la David Fincher (dont Gone Girl serait le modèle indépassable) : oscillant avec maladresse entre paranoïa hitchcockienne (on peut également penser à Rebecca) et grosses ficelles qui trahissent la culture « séries TV » de Feig, le film n’arrive littéralement pas à fonctionner durant sa première moitié, pourtant indispensable à exposer « les choses qui ne sont pas ce qu’elles paraissent », un mécanisme classique qui est au cœur du fonctionnement de ce type de thriller. Son trio d’acteurs (Sweeney, Seyfried et Sklenar, ce dernier étant encore un quasi inconnu, clairement sélectionné ici pour son beau… sourire…) semble régulièrement à la peine, n’arrivant quasiment jamais à composer des personnages supposés être complexes, mais restant largement stéréotypés. Quant au jardinier, Enzo, il relève de manière flagrante d’un défaut total d’écriture !
Et lorsque la fameuse révélation survient, non seulement elle caresse le spectateur « dans le sens du poil » au lieu de se révéler dérangeante, mais elle est assénée sans aucune finesse : cet interminable récit, avec voix-off expliquant (pour les neu-neus que nous sommes) les images du flashback, est tellement lourdingue qu’il est difficile d’y prendre un véritable plaisir. Bref, tout va mal, jusqu’à que s’enclenche la toute dernière partie du film, 30 à 45 minutes de règlements de comptes, de violence gore excessive, où le rire s’installe enfin à son aise. Assumant finalement sa nature de série B outrancière, la Femme de ménage trouve enfin comment nous divertir, ce qui nous permet au moins de sortir de la salle un large sourire aux lèvres.
Mieux vaut tard que jamais !
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Eric Debarnot
