Parc

affiche_8.jpgMétaphore des humains et de leurs nombreux constituants ; l’entraide, l’effroi, la culpabilité, l’enfermement adolescent, le meurtre, la religion… Le film est à  tel point une métaphore que les personnages se prénomment Monsieur Clou et Monsieur Marteau, l’un menaçant l’autre dans un acte tragique dont la victime ne prend réellement conscience qu’à  la fin, expliquant en quoi les noms des personnages ont de sens avec l’exécution funambuliste qu’entreprend le cinéaste sur les thèmes, pluriels, de la croyance et du bonheur dans les sociétés. A vrai dire, le capharnaüm métaphysique d’Arnaud des Pallières est strictement incompréhensible ; il brasse dans une universalité souvent facile et faible la gamme des comportements humains, jouant de ses personnages comme d’innombrables présences en constante métamorphose, alors que la forme est purement cérébrale et par là  même peu accueillante.

Parc, adapté du fameux roman Les lumières de Bullet Park de John Cheever, noie alors la pluralité de ses protagonistes dans un surréalisme inquiétant et fort (et qui n’est pas sans rappeler l’ambiance des films de Dominik Moll), mais poli par une fâcheuse tendance à  l’universalité du propos (ainsi les médias sont constamment en quête d’un sens dans le récit, notamment dans l’arrière-fond sur les émeutes des banlieues de 2005). Le film tente alors d’adapter au quotidien bourdonnant d’une famille en proie à  la destruction intérieure un climat oppressant de l’écroulement de toute société portée par l’homme, de perte des repères et des illusions, confinant la richesse de ceux-là  dans une sphère inconnue quand les batailles éclatent de l’autre côté, captées à  travers la reconstitution sonore qu’en fait la radio. Le son joue alors un rôle crucial puisqu’il est la fois le moteur rythmique du film (Arnaud des Pallières montre bien qu’un ennuyeux plan fixe qui n’en finit pas peut devenir saisissant s’il est soutenu par un rythme autre que visuel – ici, la présence sonore des faits énoncés à  la radio – ), l’élément voisin avec le travail sur les lumières pour créer une atmosphère particulière et très personnelle, et surtout parce qu’il traduit dans chaque séquence plus que dans chaque cadre l’ambiguité particulière de tel ou tel moment, faisant ressortir l’obsession d’un acte, la peur primale ou encore l’imprévisibilité des comportements.

Mais bien que le film soit bâti sur cette imprévisibilité, qu’elle soit simplement sonore ou, de manière plus générale, formelle, Parc adopte souvent une attitude prétentieuse, précieuse, comme trop fier de broder beaux cadres et articulations christiques. Trop froid et assuré, dénué d’humour (contrairement au roman), les magies de ce film pourraient tourner en conventions, austère dans sa forme alors qu’il est en fait décomplexé, figé alors qu’il est perpétuellement mouvant. Et la barbarie originale de la fin, audace suprême d’un film sans fond, énervera quand elle aurait pu être admirée dans sa manière d’éviter les pièges du happy-end et de proposer au pessimisme durable de l’ensemble une parenthèse de dégoût et d’apitoiement ironique. C’est selon.

Jean-Baptiste Doulcet

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Parc
Film français de Arnaud des Pallières
Genre : Drame
Durée : 1h49
Sortie : 14 Janvier 2009
Avec Jean-Marc Barr, Sergi Lopez, Nathalie Richard

La bande-annonce :

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