Humpday

affiche_4.jpgLes promesses formulées ou les paris tenus sous l’emprise de l’alcool, histoire d’épater la galerie, peuvent avoir d’inattendues, sinon fâcheuses, conséquences pour peu, bien sûr, que l’on s’en souvienne tant soit peu lorsque le lendemain le dégrisement a produit ses effets. C.’est sur ce postulat nimbé d’un certain suspens en soi guère nouveau que la multidisciplinaire Lynn Shelton construit Humpday, son troisième long-métrage présenté à  Cannes à  la Quinzaine des Réalisateurs, promu depuis comme le film le plus drôle de la Croisette. C.’est dire si les festivaliers n’ont vraiment pas dû rigoler tous les jours, tant Humpday provoque au mieux quelques sourires amusés, au pire un certain ennui.

Ceux qui, à  l’inverse, rient énormément, ce sont Andrew et Ben, deux copains de fac. Le premier débarque une nuit à  l’improviste chez le second, marié avec Anna, menant une vie ordinaire et bien rangée, ce qui ne semble pas être le cas du globe-trotter Andrew, chevelu et barbu. A l’occasion d’une fête bien arrosée où il a convié Ben, Andrew lance l’idée de participer au concours local de films porno et artistiques en réalisant une vidéo montrant deux copains hétéros passant à  l’acte (sexuel). Cela pourrait virer à  la bonne blague potache si Ben n’était pas tellement lâche au point de ne pas avouer à  Anna une bêtise qu’elle apprendra de la bouche d’Andrew.

Humpday appartient pleinement au cinéma indépendant américain en en proposant la panoplie presque exhaustive des tics et défauts inhérents au genre. Sans surprise, nous découvrons une caméra à  l’épaule tressautant et multipliant les angles bizarres, mais mille fois vus. De même les scènes de fête, de beuverie et de conversations sans queue ni tête autour d’une bouteille de whisky n’apportent aucun regard neuf. l’innovation est davantage à  mettre au compte de la vision d’une femme observant ses congénères masculins. Disséquée au scalpel, la personnalité des deux larrons, deux gentils machos hétéro-ploucs, n’en ressort pas grandie. Fuite et petites lâchetés, grandes théories sans réel passage à  l’action caractérisent l’existence des apprentis cinéastes. Même approuvé et poussé par Anna à  mener une expérience qui pourrait apaiser ses doutes sur son problème d’identité sexuelle, Ben, enfermé dans une chambre de motel avec son pote, sera incapable de franchir le pas.

Très bavard, pas exempt d’une vacuité pénible qui freine tout élan de sympathie envers le duo de zigotos, Humpday ne franchit jamais les limites de son dispositif faussement branché et peine ainsi à  creuser plus profond l’examen d’une génération de trentenaires déjà  vieux, dépassés et nostalgiques. En survolant un sujet pourtant passionnant, Humpday se révèle bâclé et convenu, à  l’audace trompeuse.

Patrick Braganti

1_5.gif

Humpday
Film américain de Lynn Shelton
Genre : Comédie
Durée : 1h35
Sortie : 16 Septembre 2009
Avec Mark Duplass, Joshua Leonard, Alycia Delmore,…

La bande-annonce :

Plus d’infos sur ce film