Sujet mineur et maintes fois rebattu (le trio composé du mari, de la femme et de la maîtresse) mais traitement prouvant un talent majeur pour Mardi, après Noël, une nouvelle pépite extraite du gisement roumain, pourvoyeur ces dernières années de belles trouvailles.
Deuxième long-métrage de Radu Munteanu, signataire en 2008 de Boogie, dérive nocturne d’un homme renouant avec ses frasques d’adolescent, Mardi, après Noël, se compose d’une dizaine de scènes au maximum, étirées en longs plans-séquences, mettant en scène sur quelques jours précédant la fête de la Nativité les étapes de l’explosion d’un couple, Paul et Adriana. Hormis la scène initiale – dix minutes naturistes et apaisées entre Paul et sa jeune maîtresse Raluca – le film se caractérise par une ambiance de plus en plus triste et mélancolique. Dans cette période festive, toute la difficulté réside en l’annonce de la trahison et la décision corollaire de la séparation, moment banal et mille fois répété contenant en lui toute la cruauté de la vie. Rien n’apparaît ici glamour, : on voit mal ce que Racula, dentiste qui s’occupe par ailleurs des problèmes dentaires de la petite fille de Paul et Adriana, peut apporter de plus à son amant, ; on ne ressent guère de passion et encore moins de joie dans l’attitude de Paul, écrasé de culpabilité et submergé par des événements qui, selon son propre aveu, le dépassent largement. Ce sont d’une part la scène de la révélation, d’autre part les préparatifs du repas de Noël chez les parents de Paul qui constituent les climax du film.
l’épuisement des scènes comme procédé de filmage apparaît du coup moins comme un artifice. C.’est en effet le reproche principal à adresser à Radu Munteanu de trop mettre en avant le dispositif de sa mise en scène qui dès lors fait passer l’examen clinique et précis de la décomposition d’une histoire d’amour au second plan. Une décomposition qui s’opère quasiment sans cris ni violence – Adriana reprend très vite le contrôle de la situation dans l’organisation des futures vacances avec sa fille. Alors qu’au premier plan se joue entre Paul et Adriana la dissolution de leur couple, la mise en place des cadeaux par les grands-parents et leur petite fille encore ignorants des faits semble tellement légère, presque irréelle. Il n’en reste pas moins que Mardi, après Noël est une auscultation juste, précise et forcément amère, sans jugement moral, de la fin tragique et ordinaire d’un couple.
Patrick Braganti
Mardi, après Noël
Drame roumain de Radu Muntean
Durée : 1h39
Sortie : 8 Décembre 2010
Avec Mimi Branescu, Mirela Oprisor, Maria Popistasu,…
La bande-annonce :