HH – Hitler à  Hollywood

Comme son réalisateur Frédéric Sojcher, HH, Hitler à  Hollywood se caractérise par son hybridité. En effet, le belge qui a déjà  mis en scène Regarde-moi (2000) et Cinéastes à  tout prix (2004) mène de front une carrière universitaire tout en signant un certain nombre d’écrits sur le cinéma. Un de ses chevaux de bataille est l’érosion du cinéma européen face à  l’envahissante et uniforme production d’outre-Atlantique. Cette lutte entre l’industrie hollywoodienne et l’art des auteurs européens est au centre du curieux, iconoclaste et inclassable nouveau film de Frédéric Sojcher, qui oscille entre documentaire et fiction, à  partir d’un dispositif insolite où les acteurs jouent leur propre rôle. C.’est le cas de la portugaise Maria de Medeiros – restée célèbre pour son interprétation de Fabienne dans Pulp Fiction – qui entreprend la réalisation d’un documentaire en forme d’hommage sur la comédienne française Micheline Presle. À l’évocation de ses cinéastes préférés, l’inoubliable actrice de Falbalas et de bien d’autres films cite un certain Luis Aramcheck, auteur de deux opus, : Hitler à  Hollywood et Je ne vous aime pas (avec Micheline Presle). Compte tenu du contexte historique, en pleine Seconde guerre mondiale, les films ne sortent pas en salles, Aramcheck s’exile d’abord à  Londres puis disparaît dans la nature sans laisser la moindre trace.

La frontière entre le documentaire et la fiction est ici tellement ténue que longtemps demeure en suspens l’authenticité du cinéaste fantôme, dont on se demande parfois s’il n’est pas pure invention de la pétulante Micheline Presle. La tentative d’hommage se transforme donc en enquête et recherche du disparu, dont à  priori personne ne sait s’il est encore de ce monde. l’affaire devient vite complexe, car Aramcheck, qui ambitionnait de construire des studios européens capables de rivaliser avec ceux surpuissants d’Hollywood, avait aussi tenté de dénoncer un complot mené par le sénateur américain McBridge visant à  protéger l’activité des studios américains, à  laquelle le chancelier allemand était loin d’être insensible.

Le film épouse ainsi pas mal de genres, : ode au cinéma, européen et d’auteur au premier chef, enquête, thriller, course-poursuite où se profile une théorie du complot pour le moins farfelue, ébauche de romance entre la documentariste et son cameraman. Peu importe qu’on s’y perde parfois, que le scénario parte parfois de guingois et s’emmêle les crayons. Le charme opère parce qu’il y a dans ce joyeux bazar une inventivité permanente et un amour du cinéma qui jaillit à  chaque plan. De Bruxelles à  Cannes, de Berlin à  Malte en passant par Londres, le film se construit comme un puzzle où il doit probablement manquer quelques pièces, et qui, en tout cas, restera inachevé, laissant au spectateur à  la fois déboussolé et conquis, le soin de le peaufiner.

Les vêtements colorés et chatoyants de Maria de Medeiros sont autant de taches de couleur qui irradient l’image et provoquent un contraste saisissant avec le reste traité quasiment en noir et blanc, flirtant avec les codes de la BD – les personnages principaux vus comme des héros enluminés. Le film est souvent drôle comme, par exemple, la scène à  la salle des ventes à  Paris, ou celles dans les locaux des services secrets londoniens (le M15) et des archives de l’ancienne Stasi à  Berlin. En filigrane, demeure bien sûr la rivalité inextinguible entre l’Amérique (culture prédominante imposant au reste de la planète sa vision) et la vieille Europe, berceau de la véritable expression artistique. C.’est d’évidence caricatural, le trait est appuyé mais cela ne nuit en rien au plaisir pris à  regarder cet objet peu conventionnel, à  la fois rigolard, loufoque et extrêmement construit et rigoureux.

Patrick Braganti

HH – Hitler à  Hollywood
Comédie dramatique belge de Frédéric Sojcher
Durée : 1h27
Sortie : 4 Mai 2011
Avec Maria de Medeiros, Micheline Presle, Wim Willaert,…

La bande-annonce :

One thought on “HH – Hitler à  Hollywood

  1. Jamais vu un film aussi con. Surjoué par tous les comédiens et dont l’intérêt s’évente presque instantanément. 4 étoiles sur 5? z’êtes sûr que vous avez pas confondu avec « Le Gamin au vélo » ou « The Tree of Life »? Ce type est tout mais certainement pas un cinéaste. Et vous, tout mais certainement pas un critique de cinéma…

Comments are closed.