Jae – Balls and Kittens, Draught and Stangling Rain

Vous vous rappelez Halleluyah chanté par Jeff Buckley ? Eh bien la musique de Jae peut parfois atteindre ce même état de grâce. Un album chaud venu du froid…

L’album de cette Hollandaise exilée en Norvège aura mis quelques mois à  venir jusqu’à  nous mais l’attente aura été bien méritée. Dans son pays aux hivers rudes, la pratique de la musique associée à  l’ingurgitation de vin chaud a sans doute des vertus thérapeutiques : cela permet de lutter contre le froid, et l’ennui et de fondre la solitude en réunion amicale autour d’un piano, d’une flûte, d’un tuba, d’une mandoline, d’un violon…, chantant entouré de choeurs célestes avec toute la ferveur nécessaire à  l’exercice. Il émane donc de Balls and Kittens, Draught and Stangling Rain, cette chaleureuse générosité qui fait que la musique de Jessica Sligter, son vrai nom, évoque la période de Noël et les chants qui vont avec (un titre s’appelle d’ailleurs Over, the White snow).

Cette musique est bien une parenthèse enchantée, un retour au paradis terrestre loin du tumulte, de la violence, de la modernité anxiogène. Essentiellement acoustique avec sa kyrielle d’instruments, l’album de Jae, réussit à  être réconfortant sans sentir la naphtaline et le passéisme : un vrai album »classique » au charme universel qui recèle parfois quelques moments de musique improvisée et de recherche formelle (Adam’s place, ses cordes grinçantes, ses sons flottants). Parfois jazzy (I still over the morning), plus généralement,  folk dans une grande tradition, populaire, Balls and Kittens, Draught and Stangling Rain s’extoriorise avec son orchestre de poche où même une scie musicale est à  la fête (Reverse). Sur, Jim Place, la musique est même, emportée dans, un, souffle, digne de Divine Comedy. Mais la chanteuse ménage aussi des moments plus dépouillés et plus introspectifs, où sa voix pure, de Jessica fait dès lors des merveilles à  l’instar d’un Jeff Buckley transcendant le Halleluyah de Leonard Cohen. Compagne de My Brightest Diamond (l’ornementation en moins), Jae touche souvent la grâce et tutoie les anges (left I ever waited). Belle découverte.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 18 février 2011
Label : Hubro music

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