Gaspard LaNuit – La Trêve

Avec Gaspard LaNuit, se pose une nouvelle fois le problème de l’appellation. L’homme est classé en »chanson française » alors que sa musique se révèle de plus en plus rock et électrique. En même temps, on s’en fout : c’est bien !

C’est vrai que le titre The, Hit Man simplifierait beaucoup de choses puisqu’il est en anglais mais cela nous aurait privé aussi des textes, originaux du Français. Mais à  l’écoute de la Trêve, quatrième album du monsieur, qu’il semble loin les débuts de Gaspard LaNuit et sa formule piano-contrebasse-voix. Aujourd’hui et plus encore que sur Comme un chien, l’opus précédent, son dernier, rejeton est un disque de guitare électrique. Un album qui déborde de sons crades, de saturation,, de dissonances qui salissent un peu ou beaucoup, des mélodies et les harmonies. Même la trêve en ouverture contient, son éphémère assaut noise et saturé. Le Français a, participé à  un projet avec John Parish, complice de longue date de PJ Harvey et il en reste quelques traces dans des sonorités de guitare, saillantes et des attaques, de basses lourdes et pourtant aiguisées., ,  Neil Young,,  le punk, la noise sont aussi, passés par là , et Gaspard LaNuit , y, a été exposé comme Bashung,, Alexandre Varlet, ou Dominique A, auxquels il peut faire alternativement penser., , « Ce soir, l’eau nous recouvrira…de bruit » nous annonce-t-il dans une belle image poétique, (sur Ce soir), et certains titres semblent lutter sans cesse entre, mise sous tension et, intermède plus apaisé. L’album n’est pas du genre »continu » mais plutôt »alternatif ».

Cette ambivalence de ton s’expose aussi de manière, différente sur la manière même de composer,  la musique, avec des mélodies biscornues qui ne font pas dans la facilité, : les territoires inconnues et surtout Je ne suis plus qui évoque une mélodie, , Jacques Demy/Michel Legrand mais, transposée en terrain miné. Gaspard LaNuit, étonne, secoue, trouble, gratte. Touc comme sur Un Roi qui semble fait de roc et de souffle., Sur, des heures mécaniques, c’est l’électronique qui s’en mêle et qui rend le morceau encore plus éclaté ; l’usage de ses sonorités vintage serait-il, une réminiscence, du travail de Gaspard LaNuit avec Fred Pallem,  sur Comme Un Chien ?

Gaspard LaNuit surprend aussi car sa voix reste, au contraire des aspérités musicales, d’une douceur homogène. Même dans les moments saturés, les moments chargés ou les ambiances tordues. Par exemple,, , le Lynch-ien Les Apaches circonvolutionne comme des vautours autour d’une carcasse et le Français chante avec la, clarté d’un diseur de comptine. Idem sur la Mue, le titre qui envoie le plus et qui plairait à  nettement plus Shellac qu’à  Sheila.

Dans la guerre de l’ombre, que se disputent chanson française et rock américain, Gaspard La Nuit nous propose donc La Trêve. On prend.

3_5.gif

Denis Zorgniotti

Date de sortie : 5 Novembre 2012
Label / Distributeur : Trois Heures Moins Le Quart/L’Autre Distribution

Plus+
MySpace
Facebook