Unknown Mortal Orchestra – II

Sur les trois éléments qui composent le nom du groupe Unknown Mortal Orchestra, un seul,  correspond à  l’exacte vérité, : mortel »Trop mortel,, même » comme disent, les grands ados. Quant à « orchestre » c’est plutôt à  un vrai groupe de rock auquel on a affaire et »inconnus » ils sont destinés à  l’être, de moins en moins.

Sortie du cerveau du néo-zélandais et portlandien d’adoption Ruban Nielson, UMO – en version rapide – est la plus réjouissante machine indie pop du moment à  remonter le temps et mixer les influences.

Déjà  auteur d’un séduisant premier disque éponyme au son lo-fi concocté en solitaire, avec les tubesques Thought Ballune et FFunny FFriends, l’oiseau gentiment perché, – comme sa voix, – récidive en compagnie de deux larrons pour nous pondre, , II, galette au son plus soigné et rayon de soleil musical qui réchauffe en ce rude hiver. Du pur néo-psychédélisme mitonné avec un goût consommé pour les sonorités sixties et seventies.

Une démarche qui n’a bien, sûr rien de neuf mais éclairée d’une évidence mélodique, excellence d’écriture et brillance sonore parfaitement irrésistibles. Mixant avec une joie certaine ses diverses influences vintage (en vrac et entre autres, autant Led Zeppelin, Love et Syd Barrett que Sly And The Family Stone ou Bootsy Collins), le trio réussit, pourtant l’exploit de projeter d’emblée l’auditeur dans le tambour spatio-temporel de sa machine à  laver musicale.

Lequel retiendra surtout, au final, le pur plaisir de se laisser happer dans les filets de ses mélodies langoureuses (rayonnante From The Sun) et, ses bombes pop rayonnantes (So Good At Being In Trouble, Swim And Sleep Like A Shark).

Le tout baignant dans un réjouissant groove d’inspiration funk, lui-même zébré de guitares wa-wa ondoyantes et fêlures sonores évocatrices de psychotropes et autres substances lysergiques, assez parentes du goût pour le bizarre développées par de purs héros de l’underground comme les Jacobites de Nikki Sudden.

Un fuzz vibrant qui confère la patine et l’identité de ce disque inspiré qui ne tombe pourtant pas dans l’exercice stérile de la simple copie d’ancien. Car si la volonté première de l’ami Nielson est d’avoir voulu rendre hommage aux artistes qu’il aimait (voir plus haut), il réussit aussi à  dresser un pertinent état des lieux de la pop néo-psychédélique pratiquée de nos jours.

Ce  » mortel orchestre inconnu,  » réunit en un seul contenant le fuzz de Tame Impala, le néo-groove de Blood Orange ou le psyché rock de Peaking Lights, toutes formations inscrites dans la même démarche rétro-futuriste, mais que les Unknown Mortal Orchestra coiffent au poteau avec une belle désinvolture., Et surtout, avec une carte maîtresse dans la manche, : la grâce. Celle-là  même qui donne vie à  des perles d’élégance comme Swim And Sleep Like A Shark ou la généreuse Monki.

Un des chouettes disques de ce début d’année,, poétique à  ses heures,, qui a le grzand mérite d’éclairer d’une lumière toute fraîche des territoires déjà  connus pour en révéler en plein soleil les pistes assez inépuisables. Mortel, on a dit.

Franck Rousselot

Unknown Mortal OrchestraII
Label : Jagjaguwar
Date de sortie : 4 février, 2013

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