The Antlers – Familiars

The Antlers 2014Parfois un disque s’impose à  vous simplement parce qu’il est beau. Et le chroniqueur de se retrouver juste un peu dérisoire avec ses mots inutiles.

Cinquième album de la bande de Brooklyn menée par Peter Silberman, ce nouveau disque voit la troupe de The Antlers parcourir à  nouveau les territoires romantiques qui présidèrent à  leur destinée (Hospice, 2009). Mais si le song writer au timbre lyrique à  la Jeff Buckley est toujours entouré, – à  part la présence du mixer wonderboy Chris Coady, – de la même troupe de familiers (Darby Cicci, Michael Lerner), tout dans Familiars résonne d’un aboutissement épanoui, d’une vibration tranquille, d’une fièvre apaisée.

Plus charnel et acoustique que leur pourtant excellent Burst Apart précédent aux couleurs plus urbaines, Familiars navigue tout du long dans une lente déambulation ouatée au tempérament lunaire, visitée d’une douceur taquinée par la sérénité. Passé un beau Palace à  vif d’introduction, de longues plages au format un peu similaire,, bercées d’un ressac marin et solaire (Doppelgänger, Intruders) entourent l’auditeur qui ne peut que se lover, tranquille, en leur sein.

Autant cousine de l’approche exigeante de Grizzly Bear que de la plus alternative et baroque indie pop de Beirut, la, musique ici, plus lumineuse de The Antlers se fait non plus seulement exploratrice de leur spleen fondateur mais bien compagne partageuse de nos élans du coeur et besoins de partage. En témoigne la triplette quasi magique au centre de l’album (Director / Revisited / Parade), sorte de mariage entre la pop sensible façon Patrick Watson avec toute la langueur guitaristique développée par les orfèvres slowcore Low, Spain ou Idaho.

Disque serein à  la sensibilité presque jazz et soul unifiée par un ensemble de cuivres – surtout de trombones dignes de Calexico à  la couleur doucement nostalgique en arrière-plan, telles de fraternelles sentinelles – les couleurs de Familiars, évoquant autant un ciel printanier ou une avant-soirée automnale, ont de fortes chances de pouvoir être ressorties tout au long de votre année musicale.

Drôle de chose que la simple beauté, vous croyez mettre le doigt dessus qu’elle vous échappe déjà  un peu… Vous êtes pourtant sûr de l’avoir atteinte lors des six minutes de la superbe Director, : ce démarrage si calme, cette brise mélodique au doux feulement, cette voix souple qui s’envole en volutes, ce riff de guitare cotonneux et enveloppant, ces nappes qui vous emmènent en altitude. Un must :,  vous savez alors ce qu’est, la beauté.

Mais au sortir de l’album, lorsque s’achève l’élégiaque et bien nommée Refuge, vous voilà  déjà  orphelin, doutant un peu, comme au sortir d’un songe. Vous avez vraiment marché dans ces plaines vallonnées, vu ces couleurs délicates, contemplé ce ciel radieux, ? Pour vous en persuader, ne reste donc que le moyen d’appuyer sur le bouton  » Replay,  » et refaire la visite, découvrant des touches inédites à  chaque nouvelle venue.

Un des plus beaux disques du moment. Et nous voilà  inutiles, à , nouveau.

Franck Rousselot

The Antlers. Familiars
(Transgressive Records / PIAS)
Paru le 16 juin 2014

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