La Route du Rock : jour 3

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Après deux jours « Delpechiens » en diable, il est temps de faire le bilan, mettre fin à  la cure de remise en forme par la boue et de plier les gaules avec une troisième soirée qui, si elle n’a rien d’inoubliable, a permis à  votre chroniqueur de voir le côté lumineux du festival.

Lumineux au sens propre du terme avec un soleil omniprésent et un terrain enfin stable, dans lequel on ne perd plus une dizaine de centimètres dès qu’on a la mauvaise idée de vouloir mettre un pied devant l’autre (sans penser à  demain). Lumineux parce que l’impression, en ce troisième jour, d’être entre potes.,  Rien d’exceptionnel, enfin presque, mais une bonhommie et une folie douce et un je-m’en-foutisme faisant plaisir à  voir du côté des groupes. Bon, pas avec tous : Perfect Pussy (une certaine idée du chaos, de l’énergie à  revendre, une chanteuse branchée sur la ligne à  haute tension. On pense à  Hole, Skunk Ananasie puis à  se protéger les tympans et enfin à  aller faire un tour ailleurs parce que trop de bordel tue le bordel. Et puis le chaos, quand il n’y a ni pause, ni mélodie pour le soutenir, le rendre vivant, ça devient lassant au long court), ou Temples (comment peut-on être aussi jeune et sonner déjà  aussi daté,  ??,  Je ne me l’explique pas. Enfin un peu quand même : ne pas apprécier leur premier album permet de ne pas être très objectif en leur encontre. Mais bon : leur set est propre, carré,  comme la coupe de cheveu des musiciens, rien ne dépasse, c’est très pro mais sans âme. ).

Mais pour le reste, sans être exceptionnel, c’est plus que sympathique :,  prenez Mac Demarco : le boy next door par excellence, le pote qu’on a envie d’inviter à  l’apéro, le trentenaire,  lunaire à  l’éternel tee-shirt Simpsons, le slacker ultime se foutant des conventions. Qu’il soit à  la route du rock ou chez la mère d’un pote, c’est pareil :,  Il fait le job, joue sa pop décontractée au possible, s’allume une clope en picolant sa bière, passe plusieurs minutes à  accorder sa guitare assis sur le devant de la scène pendant que ses potes jouent. Il s’en fout. Il est là , à  la cool, déconne, se prend un bain de foule en stage-diving puis repart comme si de rien n’était.

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Baxter Dury, idem. Le gars fait son show, classe, façon Tindersticks avec plus d’éléments féminins mais en dilettante , s’allume une clope, descend sa bière, renvoie au public les fringues qui ne lui conviennent pas (soutif, culotte et j’en passe) et éventuellement chante quelques morceaux de son nouvel album (qui, avouons-le, au vu de ce qui nous a été présenté, s’annonce plutôt bien). Rien d’exceptionnel mais une joie d’être présent vraiment palpable.

Après le »rien d’exceptionnel » passons au enfin presque : d’abord le set de Jamie XX. Le set électro/techno par excellence, le gars seul à  ses platines, sans visuel pour le soutenir, exercice casse-gueule dont seuls les pros peuvent se sortir sans encombres. Là , ça tombe plutôt bien, le set est dense, dance, sans temps morts et suffisamment varié pour tenir en haleine. On passe d’une minimal techno à  une world-music sans voir la transition et retourner ensuite à  une techno ambient du meilleur effet. Le garçon a du talent et le concert se révèle assez fascinant.

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Passons maintenant au clou de la soirée, les français Cheveu. Je vais faire dans la provoc’ (pour tous ceux qui ont apprécié le concert des Liars la veille) mais voilà  ce qu’aurait pu/du donner les Liars s’ils avaient été en forme. Un concert de folie, un chanteur sachant utiliser l’espace scénique mis à  sa disposition, mal embouché, en permanence dans la provocation et doté d’un sens de l’humour au huit millième degré. Le trio a la particularité de jouer sans batteur et surtout d’utiliser plusieurs micros pour varier les effets vocaux. Musicalement ça donne quoi ? Un melting-pot jouissif, bordélique, adepte des ruptures très rock et très fort, dont le seul but est de réveiller les morts et foutre le feu à  la scène. à‡a part donc dans tous les sens, autant sur scène que dans le public : les spectateurs font du stage-diving, les containers à  poubelles également et éventuellement le chanteur, qui lui n’est pas en reste et finit par,  se prendre pour un Zidane pompier. En gros, il envoie tout ce qui lui passe sous les pieds dans la fosse, et notamment en coup franc, du moment que c’est en plastique et rempli d’eau. Pratique pour éteindre le feu qu’ils ont contribué à  allumer. Le concert se termine sur un,  morceau intense et interminable laissant les spectateurs ahuris et sourds (après réflexion, je comprends mieux pourquoi Temples, qui passait juste après, n’a eu qu’un accueil plutôt tiède de la part du public).

Reste le cas Toy : très bon concert du groupe, peut-être pas vraiment à  la hauteur des attentes, qui ne révolutionne rien mais avec des chansons hypnotiques et puissantes, entre post-punk et rock psychédélique, et, incompréhensiblement, désaffection du public en cours de concert qui préfère aller voir ailleurs en masse. On dira que c’était le troisième (voire quatrième pour certains) jour et que la fatigue commençait à  se faire ressentir.

Au final donc, que retenir de cette édition 2014 ?
Outre la fidélité du public (26500 spectateurs cette année, ce n’est pas rien), on se souviendra que :

– les bottes et le ciret n’ont jamais été aussi glamour qu’en 2014.
– pour évacuer une piscine en s’y reprenant à  trois fois, il faut inviter War On Drugs.
– si tu as été méchant dans une vie antérieure, ta pénitence sera d’être roadie pour Kurt Vile.
– si tu dois aller aux toilettes pendant un concert de Moderat, prévois soit la sonde urinaire soit les doubles cuvettes et renforce les murs avec quelque briques supplémentaires.
– si tu veux éviter d’être assommé par un jet intempestif de bouteille d’eau, évite de te mettre à  quarante mètres de la scène sur la gauche lors d’un concert de Cheveu.
– si tu es altruiste et de sexe féminin, évite d’envoyer tes sous-vêtements à  Baxter Dury. Lui les recevra, les exposera sur son clavier mais une autre spectatrice (ou spectateur) les récupérera.
– et enfin : si tu aimes la musique vivante, la vraie, les concerts, il ne te restera plus qu’à  revenir pour la 25ème édition.

Alors, sur ce,,  à  l’année prochaine !

Christophe Ciccoli à  la Route du Rock

La Route Du Rock 2014 : Le programme

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