Et pour toujours ce sera l’été – Valentin Spitz

L’été à Saint-Tropez. Un adolescent se débat entre un père absent et le souvenir de sa mère. Un premier roman en forme de jeu de piste signé Valentin Spitz.

Valentin Spitz

Etrange bouquin que ce premier roman qui ne laisse pas du tout indifférent. Ne vous fiez pas à la couverture léchée qui montre une jeune femme étendue sur le rebord d’une piscine. D’ailleurs, elle n’est pas sans rappeler certaines scènes du film culte La Piscine, de Jacques Deray, où des drames se fomentaient sous les paupières closes des protagonistes, assoupis dans la torpeur estivale.
Ambiance très tendue donc entre le père, star de cinéma vieillissante, dont la popularité est en phase descendante…, et son fils de 17 ans, Lucas, le narrateur, qui tient ici son journal.

Et pour toujours ce sera l'été JC Lattès, Le MasqueDéboussolé, Lucas hante tel un zombie la piscine iconique de la propriété familiale, les terrasses et les soirées les plus « hype » du port le plus célèbre du monde. On comprend rapidement que Lucas cherche à attirer l’attention et surtout l’affection d’un père pour qui il ressent un amour et une haine mêlées, qu’il soupçonne de porter la terrible responsabilité de la mort de sa mère, dans un accident de voiture. On perçoit simultanément que Lucas est très perturbé, que ce qu’il raconte est sa propre vision des évènements, et que ses ennemis ne sont peut-être pas si hostiles que ca…

Valentin Spitz, dont c’est la première fiction est journaliste et étudie la psychanalise. Il excelle dans les descriptions de ces sentiments exacerbés, de ces non-dits qui génèrent la violence. Avec des phrases courtes, coups de poing, il trace les doutes et les errances d’un jeune garçon mal aimé.
Un troisième personnage va interférer dans l’intrigue : il s’agit de la maîtresse du père, qui est également son impresario, pour qui Lucas voue un rejet primal. Marie-Baptiste (c’est son prénom) surnommée Darth Vader par Lucas, devient aussi la narratrice à l’occasion de souvenirs chronologiques qui s’intercalent dans le récit quotidien de Lucas.

Au final, ce roman présenté comme un bouquin de plage, est très perturbant : l’auteur créé une tension maximale. Mais c’est un premier bouquin avec ses maladresses aussi. La construction n’est pas totalement maîtrisée et peut laisser perplexe ! Quand au décor, le Saint-Tropez où les intrigues les plus folles se sont déroulées, que ce soient en littérature ou au cinéma, il manque ici cruellement de caractère et demeure un lieu sans âme, bien loin d’être un personnage central du livre… Que dire du parti-pris de l’auteur de nommer les lieux cultes de la ville avec des initiales ? Un jeu de piste qui n’amène pas grand chose.

Hugues DEMEUSY

Et pour toujours ce sera l’été
Roman de Valantin Spits
Editeur : JC LATTES
212 pages – 17,50 euros
Date de parution : 8 juin 2016