Spider-Man: Homecoming – Jon Watts

Encore une adaptation ratée de Spiderman au cinéma. 175 millions de dollars pour un remake bien trop pâlot et puéril pour séduire.

Spider-Man: Homecoming

Après avoir enfilé une première fois le costume de Spiderman à l’occasion de Captain American : Civil War, Tom Holland le renfile pour un spin-off, un reboot ou un remake, comme on dit en franglais. Enfin, pour s’exprimer dans la langue de Molière, disons que les décideurs ont refait en moins bien un film déjà fait et refait, à des fins ostensiblement mercantiles, et en se contentant seulement de le rattacher à l’univers des Avengers, notamment Tony Stark alias Iron Man chez qui le jeune Peter Parker alias Spiderman est censé faire son stage en entreprise.

Spider-Man: HomecomingL’avalanche de critiques positives et la très grande indulgence avec laquelle le film a été accueilli nous paraissent totalement injustifiées. A nos yeux Spiderman : Homecoming n’est rien de plus qu’un Ersatz de film de super-héros pâlot et insignifiant, paresseux et sans âme. Il est même un peu scandaleux de voir que tant d’argent – 175 millions de dollars tout de même – ait été injecté dedans. La comparaison, qui advient fatalement, avec la trilogie de Sam Raimi, ne peut que desservir cet insipide remake, de la même façon qu’il desservait déjà le reboot The Amazing Spiderman, et sa suite, respectivement sortis en 2012 et 2014, et ce sur tous les plans. Déjà, très simplement, dans les Spiderman de Raimi, il y avait une mise en scène, alors qu’on a affaire ici à une manière de filmer dépourvue d’auteur et dépourvue de singularité, régulée par une course à l’efficacité et au chiffre. Il y avait de la chair, du mordant, les films étaient plus adultes, alors qu’ici c’est très puéril. Le choix de montrer Spiderman adolescent aurait pu être intéressant, mais le film pâtit également d’une vision du college extrêmement caricaturale et vue mille fois déjà,avec des lieux communs tels que les cours où le héros est inattentif ou le bal de promo. Les acteurs – de Tobey Maguire en Spiderman doté d’intéressantes aspérités en passant par la touchante Kirsten Dunst, l’intense Willem Dafoe ou encore le génial J.K. Simmons – étaient beaucoup plus investis que Robert Downey Jr. très nonchalant voire, comme parfois son personnage d’ailleurs, complètement absent ou qu’un Tom Holland ici un peu fade. Quant au méchant interprété par Michael Keaton il n’est pas vraiment mémorable – on peut trouver drôle de voir un ancien Batman reconverti en vilain, mais ça s’arrête là. Cela dit, c’est aussi l’absence de vraie mise en scène  au service des personnages et des situations tout comme l’absence, probable, d’une vraie bonne direction d’acteurs qui empêche sûrement les acteurs, pour certains très doués, de faire véritablement éclater tout leur potentiel.

On peut également se surprendre à écarquiller les yeux en voyant pendant le générique de fin que pas moins de seize mains ont travaillé au scénario, tant celui-ci s’avère convenu et cousu de fil blanc inféodé à l’impératif, assez navrant, de « coolitude à tout prix ». Les gags tombent à plat, les dialogues sont téléphonés et le personnage de gros boulet geek qui seconde Spiderman ne nous fait que sourire parcimonieusement. Enfin les scènes d’action n’impressionnent guère le spectateur. N’eussent été les charmes de Zendaya, de laquelle il est assez aisé de tomber amoureux, on aurait  rejeté ce disgracieux reboot en bloc. Mais même là le film nous frustre, n’offrant pas d’équivalent à la fameuse scène du baiser à l’envers sous la pluie du premier Spiderman de Sam Raimi (2003), la romance entre Peter Parker et Michelle demeurant avortée. Adoptant un parler grossier, on pourrait ainsi dire que, finalement, on en aura donc même pas pour son argent.

Matthias Turcaud

Spider-Man: Homecoming
Film américain de Jon Watts
Avec Tom Holland, Michael Keaton, Robert Downey…
Genres : Action, Aventure
Durée : 2h 14min
Date de sortie 12 juillet 2017