Derry Girls : la savoureuse ballade nord-irlandaise

Pour tous les nostalgiques des films hilarants de Stephen Frears (ou parfois Ken Loach), des romans de Roddy Doyle, ou de la britpop des 90’s, cette petite série drôle et discrètement politique est le remède miracle de ce début d’année tristoune.

Netflix a donc décidé de diffuser ce gros succès inattendu de la télévision irlandaise imaginée par Lisa McGee, un an après sa diffusion sur Channel 4, qui permet  au monde entier de découvrir à la fois un peuple iconoclaste et terriblement attachant (les Irlandais), et une histoire politique et sociale complexe (les relations avec l’Angleterre dans un pays déchiré par la partition et les religions). Et, comme beaucoup de séries que l’on aime et qui sont souvent réussies, l’enchevêtrement des petites histoires avec la grande Histoire fait mouche et va droit au coeur.

Le format très sitcom (six épisodes de 20 mn pour cette première saison) permet à la fois à Derry Girls d’avoir une dynamique forte et qui ne faiblit que rarement. Et cette dynamique est instaurée par les jeunes comédiennes. Ces quatre filles, piliers constants de la série, représentent complètement les tiraillements d’un pays qui doute : comme la situation irlandaise en ce début des années 90, les nanas en pleine adolescence se cherchent, se questionnent, jouent les rebelles tout en essayant de se plier au conservatisme exigé d’une société encore puritaine. Et les épisodes mettent de petit coups de pieds salvateurs à toutes les conventions de l’époque : sexe, foi, famille, homosexualité, conflit des générations, éducation, tout y passe mais de manière assez discrète et légère – même au milieu de scènes souvent burlesques, hilarantes, voire vulgaires et un peu trashy. On est en Irlande, donc ça gueule, ça jure, ça fait des « fuck » avec les doigts – on n’oubliera pas de sitôt le traitement subi du cousin « anglais » (donc ennemi…) obligé de suivre des cours dans le collège féminin pour pas se faire dépecer, qu’on prend pour un gay à chaque épisode malgré son démenti… personnage clownesque mais très archétypal du conflit sous-jacent que représentait la situation politique de l’époque…

Lisa McGee fait beaucoup rire, ses personnages sont évidemment inoubliables, même si l’aspect décousu des épisodes qui restent assez indépendants les uns des autres empêche une fidélisation du spectateur au destin des personnages. De plus, la bande-son britpop et dance géniale  –  Cranberries, Supergrass, EMF, Genesis, Ace Of base, Salt-n-Pepa, Blur, Madonna) finit de nous rendre cette succession de scènes drôles (à absolument voir en version originale pour l’accent irlandais imparable) et touchantes assez irrésistible.

Retour à l’époque des Commitments, des Corrs, de Vanilla Ice ou de Snap !, retour à la nostalgie d’une époque fuckin’ good, ya know ?

Jean-François Lahorgue

Derry Girls – saison 1
6 épisodes
Série nord-irlandaise créée par Lisa McGee
Avec Saoirse-Monica Jackson, Louisa Horland, Nicola Coughlan, Leah O’Rourke
Genre : Comédie
Format : 20 minutes
Première diffusion : Channel 4 (janvier 2018) puis Netflix (décembre 2018)

1 thoughts on “Derry Girls : la savoureuse ballade nord-irlandaise

  1. Une série assez fun qui se laisse regarder avec plaisir. Non je n’ai pas grandi en Irlande du Nord bien sûr ni fréquenté un collège catho mais les délires et les conneries des personnages, les musiques aussi m’ont rappelé des souvenirs. #Mode Nostalgie ON# : Les années 90, mes années ado. #Mode Nostalgie OFF# : put… punaise que le temps passe… ha ha

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