5+5 = les disques préférés de Mirza Ramic (Saigon Would Be Seoul)

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mirza Ramic surprend son monde  avec Everywhere Else Left Behind, le premier album de Saigon Would Be Seoul, son projet annexe et voisin voire antagoniste avec Arms And Sleepers. Délaissant l’Ambient et le trip hop de son projet principal, il s’engouffre dans une veine plus modern classical portée par un piano cristallin et souvent bouleversant. Etude de la genèse d’une création à travers les coups de cœur de son auteur.

Autant la musique de Saigon Would Be Seoul est peu disserte en mots, exception faite des quelques interludes déclamés qui chapitrent le disque, autant Mirza Ramic s’analyse volontiers avec pertinence au travers de ses choix qui contribue à éclairer d’une lumière inédite son univers musical.

5 disques du moment :

Grabek – Day One

Grabek est un compositeur et un artiste polonais que je connais depuis quelque temps à travers mon autre projet musical Arms and Sleepers. Tout ce qu’il sort m’impressionne vraiment, et cet album en particulier m’a beaucoup ému. C’est une belle pièce qui combine des éléments de musique classique, électronique et ambient.

Saba – Care For Me

Saba est un rappeur et un producteur originaire de Chicago. Il a récemment sorti un nouvel album et on y entend la qualité de son flow mais aussi sa capacité à dépeindre une histoire. J’ai beaucoup de souvenirs liés à mon bref séjour à Chicago, surtout des souvenirs en rapports avec les étudiants avec qui j’ai travaillés et qui étaient confrontés quotidiennement à la discrimination raciale mais aussi à un manque d’opportunités. Cet album est un reflet poétique de la difficulté de vivre dans certains des quartiers les plus déshérités de Chicago, et me rappelle certaines des choses que j’ai entendues et vues moi-même à Chicago.

Why ? – Aokohio

Il s’agit d’un album à sortir qui se déclinera en 6 séquences vidéos, avec quelques chansons qui sortiront ensemble par sections avant la date de sortie officielle (4 sont déjà sorties). Je dois avouer que j’ai un faible pour la musique de Why ? que j’écoute depuis très longtemps. Je n’aime pas toutes les sorties, mais leur musique et leur art dépeignent toujours les absurdités de la vie et les angoisses humaines d’une manière qui résonne vraiment en moi. Le concept derrière cette sortie est fascinant, les field recordings sont hallucinants et les vidéos sont à la fois bizarres et dérangeantes. Parfaites en somme !

Low – Double Negative

Ils sont rares les disques où vous savez dès les premières secondes de l’écoute d’un disque qu’il sera spécial pour vous et qu’ll vous touchera au plus profond de vous-même par son impact émotionnel direct. C’est ce qui m’est arrivé avec Double Negative de Low. Je ne sais pas comment je l’ai trouvé, mais je l’ai entendu avant de lire les critiques incroyables qu’il a reçues depuis sa sortie. J’ai tout de suite été ému par les sons, par l’ambiance et par l’originalité du disque. J’ai écouté Low passivement pendant un moment, mais assez pour savoir que ce n’était pas leur son habituel. Pour un groupe qui existe depuis longtemps et qui a trouvé sa signature sonore, c’est incroyable qu’ils aient été prêts à essayer quelque chose de très différent et à y mettre beaucoup de soin. Cet album est une expression artistique captivante car authentique et mûrement réfléchie. Un travail vraiment impressionnant.

Oneohtrix Point Never – Replica

 C’est un album de 2011 que j’ai beaucoup écouté ces deux dernières années. Cela n’a jamais été mon truc (et cela ne l’est toujours pas) mais quelque chose m’a touché dans cet album et même si certaines chansons flirtent avec l’ennui et la monotonie, je ne peux m’empêcher de continuer à écouter. C’est une sensation étrange. La nostalgie, la nostalgie, la bizarrerie futuriste et l’absurdité de l’album sont bien présentes sur cet album. Écouter cet album, c’est comme regarder simultanément 2001 : L’Odyssée de L’espace, retomber en enfance malgré soi en jouant aux legos mais aussi détruire un piano Steinway avec une hache.

5 disques pour toujours :

Jan Jelinek – Loop Finding Jazz Records

C’est un album que je peux écouter à peu près n’importe quand. Une musique où minimalisme et électronique se conjuguent avec brio. C’est comme si la musique venait tout juste d’apparaître, comme quand un acteur ou une actrice sont si bons qu’ils n’ont pas l’impression d’être en train de jouer. Je vois cet album de la même façon – je n’ai pas l’impression qu’il a été créé par quelqu’un, mais comme s’il était parvenu à se faire naître lui-même. L’ambiance générale de ce disque est tout simplement incroyablement unique. Je ne sais même pas comment tu peux parvenir à faire quelque chose comme ça.

Goldfrapp – Felt Mountain

J’ai entendu cet album pour la première fois au début des années 2000 et il est devenu la bande originale de mes études tard dans la nuit à l’université. Je me sentais plus en paix quand tout le monde dormait, et cet album correspondait parfaitement à cette humeur. J’associe ce disque à la solitude, et en tant que personne qui exerce la solitude assez souvent, Felt Mountain me tient à cœur.

Deftones – White Pony

J’écoutais plus de Rock à guitares quand j’étais plus jeune, mais c’est le seul album qui a résisté à l’épreuve du temps pour moi et qui me semble encore frais aujourd’hui. Je l’ai écouté tellement de fois – un peu trop souvent peut-être. J’associe fortement cet album à la colère et à la frustration. Chaque fois que je ressens ces choses ,White Pony est ma fuite. C’est précisément ce qui s’est passé l’autre jour, en fait.

Max Richter – The Blue Notebooks

Un classique pour le genre Modern Classical, bien sûr ! Difficile de ne pas l’inclure ici. C’est une autre version avec laquelle j’ai passée de nombreuses heures. Comme les autres albums de cette liste,The Blue Notebooks crée son propre monde dans lequel vous pouvez vous évader. Je pense que c’est un élément très important de la musique pour moi. Elle doit créer en toute confiance son propre univers pour que je sois capturé par elle. L’équilibre entre la musique pour piano, la musique de chambre, la musique d’ambiance, les lectures littéraires et les field recordings sont magistralement arrangés. C’est sans doute la raison pour laquelle cet album a résonner chez tant de monde.

My Bloody Valentine – Loveless

Il y a beaucoup d’autres albums que je pourrais inclure ici, mais je vais conclure avec Loveless. Cet album est un incroyable voyage à travers un univers très spécifique qui ne semble pas être de ce monde. C’est parfois bruyant, parfois beau, parfois ennuyeux, parfois ennuyeux et pas facile à écouter du début à la fin, mais il n’y a pas beaucoup d’autres disques comme ça. C’est une œuvre d’art si originale qu’il est difficile de l’ignorer. La plupart des chansons sont des mélodies incroyables, mais ce n’est pas le sujet de cet album pour moi. C’est l’expérience globale et la sensation physique que vous procure ce son spécifique qui pénètre dans vos oreilles et se propage dans votre corps. Mon moment préféré pour écouter ce disque, c’est quand il fait chaud dehors et que je dois marcher quelque part sous le soleil direct. Cet album va tout faire monter en puissance jusqu’au point critique, mais atteindre l’euphorie en vaut vraiment la peine.

Everywhere Else Left Behind, le premier album de Saigon Would Be Seoul est sorti le 21 juin 2019 sur le label Interpret null.