Une machine comme moi – Ian McEwan et robots

Un jeune couple voit sa vie chamboulée après l’acquisition d’une androïde domestique. Une uchronie savoureuse qui pose moult questions philosophique signée du romancier anglais Ian McEwan.

Ian McEwan
© Francesca Mantovani – Gallimard

Nous sommes en 1982. Dans un monde où Alan Turing est encore en vie, où les Beatles continuent de sortir des albums, où Georges Marchais est président de la république française, où les citoyens peuvent désormais acquérir des robots capables de remplir les mêmes fonctions que les humains, un couple, Charlie et Miranda, va voir sa vie bouleversée par l’apparition d’Adam, un androïde masculin doté d’un physique séduisant et d’une intelligence remarquable mais surtout capable de sentiments.
Alors que  Charlie voit dans l’acquisition d’Adam la possibilité de gagner de l’argent facilement en boursicotant sur Internet, Miranda quant à elle, est plutôt attirée par la dimension sexuelle de cette machine.

Une machine comme moi - Ian McEwanDans son nouveau roman, Ian McEwan propose un récit en forme de satire sociale sur l’Angleterre. Il installe son récit dans une époque très en avance sur son temps par rapport à qu’elle est réellement. Grâce notamment au scientifique Alan Turing, la société s’est développée d’un point de vue technologique de manière exponentielle, ce qui bien sûr n’a pas empêché l’explosion du chômage et de la précarité.

Le récit imaginé par Ian McEwan se révèle assez vite passionnant, notamment dans sa manière d’évoquer la vie quotidienne de ce ménage à trois, mais aussi parce qu’il permet d’imaginer comment une telle technologie peut s’insérer au quotidien dans notre paysage social avec tous les avantages mais aussi toutes les contraintes que sa présence peut impliquer. Car malgré ses nombreux atouts, ce bel objet de technologie sexué va très vite montrer ses limites et montrer comment certaines valeurs humaines et morales telles que la justice par exemple sont difficilement compatibles avec la notion d’intelligence artificielle.

En ce sens, Une machine comme moi est une vraie réussite. Car en plus d’être plutôt drôle et léger par endroits, ce roman est un thriller captivant avec une solide intrigue mais également un récit qui pose au final la question philosophique de la présence des intelligences artificielles dans nos vies et à quel point celle-ci peut entraver notre liberté et modifier nos comportements. Un roman qui fera également écho avec la série Westworld, tout aussi passionnante dans sa manière d’aborder des questions philosophiques autour de l’homme artificiel.

Benoit RICHARD

Une machine comme moi
Machines like me and people like you
Roman anglais de Ian McEwan
Traduction de l’anglais par France Camus-Pichon
Editeur : Gallimard / Collection Du monde entier
400 pages – 22€
Parution : 9 janvier 2020