[Netflix] « Le jeu de la dame » : une réussite sérielle en 64 cases

Le jeu de la dame (The Queen’s Gambit en VO), est la bonne surprise de cette automne 2020 en matière de séries, et surtout la confirmation du talent de la jeune actrice Anya Taylor-Joy que l’on devrait retrouver très vite sur petit ou grand écran.

Le Jeu de la dame - Netflix
© Phil Bray / Netflix

Enfant précoce et solitaire, la jeune Beth Harmon, placée dans un orphelinat suite au décès de sa mère, s’initie aux échecs grâce au concierge de l’établissement. Dans un coin de la cave, elle retrouve régulièrement ce vieil homme bon et passionné qui va lui apprendre au fil des jours les règles et l’art du jeu d’échecs. La fillette montre tout de suite un gros potentiel et une capacité d’analyse remarquable pour son âge à tel point que l’élève va très vite dépasser le maître.

 Le jeu de la dameÀ l’âge de 15 ans, la gamine est adoptée par une famille dont le père est perpétuellement absent. La mère adoptive, consciente du potentiel qui représente le cerveau de sa fille, va la pousser à sécher les cours afin qu’elle participe à des tournois de plus en plus rémunérateurs… d’abord dans leur état du Kentucky puis dans tous les États-Unis. Démarre alors la carrière d’une jeune championne des échecs mais qui va devoir faire son trou dans un monde très masculin. Une tâche pas facile surtout pour cette demoiselle obsédée par son art et qui, pour apaiser son anxiété, se met consommer des cachets et de l’alcool toujours en plus grande quantité.

Inspiré d’un roman publié en France en 1990 cette mini série qui comprend 7 épisode propose un sujet plutôt singulier qui met en avant une jeune actrice formidable, Anya Taylor Joy, repérée notamment dans la série Peaky Blinders mais jamais confrontée à un premier rôle.
Sa grâce, son talent et son visage très expressif donnent corps à un personnage féministe et très libre qui va gravir petit à petit les échelons de la célébrité afin d’être reconnue à l’égal des hommes, à une époque, les années 60, où le rôle des femmes se cantonne encore à bien peu de chose et avant tout aux tâches domestiques. Il suffit d’ailleurs de voir à quoi sont réduits les autres personnages féminins de la série pour se rendre compte de l’exploit que constitue le parcours de cette joueuse d’échecs prodige.

Sur fond de guerre froide, cette série passionnante montre aussi des qualités formelles appréciables avec une mise en scène qui parvient à rendre une partie d’échecs visuellement intéressant à regarder, ce qui, sur le papier, n’était pas gagné au départ. Le soin apporté à la photographie, à la mise en scène, aux décors et aux costumes mais surtout l’atmosphère qui se dégage de chaque épisode rappellent par moment la mythique série Mad Men, avec cette même application dans la manière d’aborder la reconstitution des années 50, avec un récit qui prend son temps, et une caractérisation des personnages assez remarquable… en premier lieu celui de l’héroïne, personnage complexe, traumatisé par son enfance, mais doté d’une capacité à se surpasser et à se défaire des situations les plus compliqués.

Une belle surprise que cette série qui semble avoir conquis le public en cet automne 2020, une période, il faut bien le dire, assez faible en matière de réussites sérielles sur nos écrans.

Benoit RICHARD

Le jeu de la dame (Queen’s Gambit)
Série américaine de Scott Frank, Allan Scott
vec Anya Taylor-Joy, Russell Dennis Lewis, Sophie McShera…
Genre : drame
7 épisodes de 60min environ
Première diffusion sur Netflix le 23 octobre 2020