5 + 5 = Les disques préférés de Fast Friends

Le duo Fast Friends sortait en octobre dernier son premier album dans un style indie pop aussi chaleureux que réussi. L’occasion de demander à Julien et Jim de nous parler de leurs goûts musicaux à travers une sélection d’albums de leur choix.

Fast-Friends
© Beijing Silvermine

Après un EP (Unknown Homes) sorti en 2018, le duo parisien Fast Friends fait son retour en cet automne 2020 avec un premier album (Domestic Eyes). A la tète du projet, Julien et Jim, ont invité en studio Jona Oak, Sammy Decoster et Heather Woods Broderick et ont fait appel à D. James Goodwin (Kevin Morby) pour le mixage et à Phil Bova (Andy Shauf) pour le mastering. Il résulte de ce travail un disque très doux, très réussi, fait de chansons pop soyeuses et raffinées.

Aujourd’hui, ils nous proposent de revenir sur 10 albums sortis au cours de ces derniers mois, ou bien du siècle dernier, histoire de découvrir quelle sont leurs influences…

5 Disques du moment :

Destroyer : Have We Met

Julien : Dan Bejar est une énigme, un type de la trempe de David Berman ou de Robert Pollard, ses 2 héros aux univers surréalistes et plein de fantaisie. Il crée depuis 20 ans une œuvre très singulière, cherchant un nouvel habillage à chaque album, parfois jazzy, parfois cold-wave. J’écoute ce disque à peu près une fois par jour depuis sa sortie, sa diction et les mots qu’il choisit sont très précieux.

Jonathan Fitoussi : Plein Soleil 

Julien : Face au déluge de sorties et d’artistes pop mis en avant comme des messies et oubliés la semaine suivante, on cherche forcément à écouter ‘autre chose’. Ce choix de disque fait écho à mon amour immodéré pour la SF vintage, à la B.O. de ‘Blade Runner’ ou de ‘New York 1997’. Je rêve parfois dans le cadre de Fast Friends d’un rencontre entre des formats pop et cette musique éthérée, faussement inoffensive, que propose Fitoussi.

Stephen Malkmus : Traditional Techniques

Julien : Comme Bejar, Malkmus me fascine, même si dans son cas, c’est vraiment par intermittence. Il produit énormément depuis 3, 4 ans, il s’est mis au home-studio, il a cessé de bosser avec the Jicks, ce qui est une bonne chose, à mon avis. Je ne sais pas vraiment qui sa carrière intéresse encore. J’ai craqué sur le son et l’énergie de son dernier disque. L’album se finit par une ballade à tomber par terre. Le son de guitare et les accordages biscornus me soufflent comme en 94.

Broken Bells : Good Luck

Jim : C’est plus un single du moment qu’un album du moment en attendant le disque avec impatience. Selon moi, Broken Bells c’est la collaboration parfaite : un super producteur + un super songwriter. Je suis fan de la voix de James Mercer et des premiers albums de The Shins et j’adore ce que Danger Mouse a produit (Gorillaz – Beck) mais aussi ses collaborations avec le rappeur MF Doom ou Ceelo Green.

Jungle : Casio

Jim : Plus les années passent et plus je me lasse de la pop et des nouveautés du moment. Peu de nouveaux groupes me mettent le frisson. Il y a quelques exceptions bien sûr : The Lemon Twigs, Father John Misty, Dirty Projectors parfois, Big Thief parfois…j’ai plutôt tendance à aller vers de la musique soul/jazz vintage (période 60-70-80) ou des incontournables folk/pop/psyché à côté desquels je suis passé (Love, Wire, Big Star…). Je retrouve dans Jungle un côté soul et vintage qui me séduit beaucoup. C’est frais (comme disent les jeunes), c’est dansant, terriblement catchy et ça « renouvelle un peu» le genre.

5 disques pour toujours :

In Utero : Nirvana

Jim : J’ai 12 ans ou quelque chose du genre et je passe mon mercredi après-midi chez un ami de collège. On discute, on joue, on goûte… De la chambre du frère de mon pote, on entend de la guitare électrique. Ça sonne d’enfer. Son frère est en train de jouer Aneurysm (je l’apprendrai par la suite) de Nirvana à fond sur un ampli (face b de Nevermind). Je suis curieux, on tape à la porte. Il nous ouvre et il joue plusieurs morceaux de Nirvana. Le son est super saturé. Je suis sous le charme. Quelques mois plus tard, j’achète tous les albums de Nirvana et In Utero reste à jamais celui qui me séduit le plus. Je les rate à Toulon en février 1994 (Julien y est allé ce veinard).

Elliott Smith : Figure 8

Jim : Je suis en Islande pour mon année Erasmus, on approche de l’été et même si je me souviens que la température était encore très fraîche, j’ai le souvenir d’une journée ensoleillée près du lac de Reykjavik. Ma copine de l’époque me met ses écouteurs sur les oreilles et me demande « Tu connais ? ». C’était Needle In The Hay (extrait de son album éponyme paru en 1995). Wow, je suis scotché. Et soudain le climat nordique me paraît beaucoup plus doux. C’est sublime. Cette voix si fragile et en même temps si chaude, cette guitare acoustique, cette mélodie… Elle m’explique que c’est un génie et qu’il s’est suicidé quelques années auparavant. Je suis devenu fan (trop tard, hélas) ce jour-là et depuis, s’il ne fallait en choisir qu’un, j’opterai pour Figure 8. Brillantissime !

Guided by Voices : Bee Thousand

Julien : un titre passé chez Lenoir, choisi par Silvain Vanot, et soudain ce son étrange, une musique impossible à dater à première écoute, en tout cas pour mes oreilles de jeune mec de 16 ans. Je trouve le cd d’occase chez un disquaire toulonnais. La claque a été le titre ‘Gold Star for Robot Boy’, la mélodie m’a retourné. Lorsque je les ai vus en 95 sur scène, Pollard n’a pas lâché sa bouteille de vin rouge du concert. On a repris ‘Awful Bliss’ sur un EP de reprises, c’est vraiment une influence commune centrale.

Smog : A River Ain’t Too Much To Love

Julien : Bien que ses 2 derniers albums soient une déception, ce type a créé une œuvre très inspirante que je suis de très près depuis plus de 20 ans. Comme Bashung, Lou Reed, Bowie, il mène sa barque, changeant de collaborateur très souvent, ne suivant aucune mode, trimballant son humour tordu, ses histoires à la Carver. Avec la plupart du temps uniquement le jeu de batterie génial de Jim White et sa guitare nylon, Callahan se replonge dans ses histoires de famille, dans sa jeunesse, avec peu de mots, mais ils résonnent très fort.

INXS : Shabooh Shoobah

Julien : le premier groupe dont je suis devenu fan et que mes parents n’avaient pas écouté à la maison. Mon goût pour les sonorités 80’s, pour les artistes australiens en général et pour le saxophone vient certainement de ce groupe, dont j’adore toujours les premiers albums. Jim et moi nous retrouvons sur la chanson ‘Don’t change’, sorte d’hymne à la vie, modèle de power-pop, le genre de titre qu’on essayait de créer avec notre ancien groupe Erevan Tusk. Comme le montre le clip, Bernard Campan est un excellent batteur.

Fast Friends – Domestic Eyes
Label : Les Disques Pavillon
Date de sortie : 9 octobre 2020