Fidèle à ses percepts, à son style et à sa construction si caractéristique, cette saison 4 qui raconte une guerre entre deux clans dans les les années 50 à Kansas City, confirme que Fargo reste bien l’une des grandes séries de ces 10 dernières années.
Rappelons le concept : au départ Fargo est une adaptation du film des frères Coen sorti au cinéma en 1996. Alors que la série devait être One Shot, suite au succès rencontré par cette adaptation formidable, La chaîne FX a finalement décidé de décliner le concept sur plusieurs saisons avec à chaque fois une histoire différente, un contexte différent…et avec au début de chaque épisode un carton laissant croire qu’il s’agit d’une histoire vraie… un clin d’œil évidemment au film des frères Coen.
Après trois saisons aux qualités et aux caractéristiques différentes mais sans le moindre ratage ; et après trois ans d’absence, cette nouvelle toujours sous la conduite du showrunner Noah Hawley nous plonge cette fois dans les années 50, dans une intrigue criminelle aux allures de polar racontant la lutte entre deux famille mafieuses. D’un côté les Cannon, un gang d’afro-américains qui tente de se faire une place dans la ville de Kansas City dominée par les Fada, une famille italienne chapeautée par deux frères aux caractères très différents.
Afin de faire régner un semblant de paix entre les deux clans rivaux, les chefs respectifs, Loy Cannon (Chris Rock) et Josto Fadda (Jason Schwartzman), décident de s’échanger mutuellement leurs fils en guise de gage de bonne conduite.
Comme pour les précédentes saisons, on retrouve ce mélange de noirceur, d’humour et de cynisme dans un scénario diablement bien ficelé, avec toujours en fond, cette atmosphère étrange plongeant le spectateur en plein hiver dans une Amérique des petites villes remplie de personnage énigmatiques et avec aussi une petite dose de fantastique qui vient s’immiscer dans le récit.
Plus encore que lors des précédentes saisons, les personnages sont nombreux et complexes, et même assez charismatiques, à l’image de cette adolescente au coeur de l’intrigue (E’myri Crutchfield)… une fille d’une famille de croque-morts endettés dont le père est joué par le chanteur Andrew Bird. On retrouve aussi Timothy Olyphant, l’inoubliable shérif Seth Bullock de Deadwood dans le rôle d’un US marshall malin et très décontracté qui vient prêter main forme au flic local, un vétéran de la guerre 39-45 bourré de TOC, sans oublier cette infirmière psychopathe très favorable à l’euthanasiste et assez drôle jouée par Jessie Buckley…
Une galerie de personnages hauts en couleurs, hétéroclites et très « tarantinesque » dans l’esprit, au service d’une histoire où le thème central est une fois encore la violence, avec également ici la question de l’immigration aux États-Unis, du racisme et du communautarisme évoquée à travers une guerre de clans dans un récit montrant une Amérique qui se construit dans la violence, dans le rejet de l’autre et dans son incapacité à réunir toutes ces communautés qui la constituent.
Superbement mise en scène, bénéficiant d’une photo absolument remarquable, à l’image de l’épisode 9, en noir en blanc, qui ressemble presque à une parenthèse, cette saison 4 prend son temps pour raconter l’histoire d’une Amérique d’hommes et de femmes enfermés dans un monde qui se construit dans la violence et la tragédie, et qui ne laisse aucune chance a ceux qui vivent par les armes.
Benoit RICHARD