[Interview] Dom La Nena (Birds on a Wire) : « Il faut voir le violoncelle comme une troisième voix »

Avec leur projet Birds on a Wire, consacré au départ à la revisite des chansons qui ont marqué leur enfance, Rosemary Standley et Dom la Nena ont réenchanté avec succès, par la grâce de leurs deux voix et d’un violoncelle maints classiques du folklore mondial, de la chanson, du rock… Il était temps d’essayer de comprendre comment fonctionnait cette alchimie si particulière : nous avons donc rencontré Dom La Nena pour qu’elle nous l’explique…

Birds on a Wire
Rosemary Standley et Dom La Nena – Photo de Jeremiah Drth

Benzine : D’où viens-tu, Dom La Nena ?

Dom : Je suis née à Porto Alegre, dans le Sud du Brésil, et j’y ai vécu jusqu’à 8 ans, quand mon père est venu enseigner à Paris où je suis restée quelques années. J’ai fait de la musique depuis toute petite, et j’ai a eu un coup de foudre pour le violoncelle, dont j’ai appris à jouer à Paris. Quand je suis retournée à Porto Alegre, le manque d’activité culturelle m’a poussée à partir vivre en Argentine, à Buenos Aires, qui est aussi près que São Paulo… Je suis revenue à Paris à 18 ans et y ai entamé ma carrière musicale, d’abord dans le Classique. J’ai rencontré Edith Fambuena, qui m’a amenée à travailler dans la musique « actuelle ». J’ai d’abord accompagné pas mal de chanteurs, puis j’ai commencé à composer en 2011. Depuis cette date, je ne travaille plus que sur mon projet solo, et sur Birds On A Wire.

Benzine : Quelles sont tes influences musicales ?

Dom : Avant tout la musique classique, la seule chose que j’ai écoutée pendant des années… Puis de la musique brésilienne, et plus largement sud-américaine, un peu de chanson française « classique » aussi : Barbara, Brel… comme la chanson de Brel Sur la Place, que nous avons repris et que Barbara a chantée aussi… En fait, j’ai du mal à parler d’influences, j’ai écouté de tout, et je suis ouverte à plein de choses… (rire)

Benzine : Comment est né Birds on a Wire ?

Dom : On s’est rencontré avec Rosemary en 2012, elle avait un projet de faire des reprises et elle avait du mal à trouver la bonne partenaire. On travaillait avec la même productrice, Rosemary est venue me voir sur scène. On a fait une première session, et immédiatement ça a été une très grande complicité. Le processus de création de notre musique a été long, on a travaillé un an sur les chansons. Alors, même si, au départ ce n’était que pour une petite série de concerts, on a pris beaucoup de plaisir, alors on a voulu continuer. On a été surprises par la réaction positive immédiate du public… On s’attaquait quand même à des choses classiques, on épurait beaucoup et les chansons étaient en dehors de leur contexte… donc on appréhendait beaucoup… Les gens sont venus nous parler après les concerts, ils étaient très émus, la musique leur évoquait des souvenirs personnels… C’était touchant, on a continué… On a sorti Ramage en février, mais ça faisait deux ans qu’on tournait avec ces chansons…

Benzine : Comment vous répartissez-vous les rôles avec Rosemary ?

Dom : Au chant, la base est que Rosemary est le lead, et que je fais les harmonies. Je suis avant tout instrumentiste, il faut aussi voir le violoncelle comme une troisième voix… Mais c’est vrai qu’avec le temps je chante plus, comme sur le second album. C’est aussi en fonction de la langue de la chanson, ça se fait naturellement, on commence un morceau, et de manière assez naturelle, les idées viennent. On ne se met pas de barrières, ça vient de manière fluide. Tout ça se passe très bien (rire)…

Benzine : Comment se passe le choix des morceaux ?

Dom : Au départ, on est parti sur des chansons d’enfance de chacune, qu’on avait parfois d’ailleurs en commun. On se rencontrait autour d’un thé, on se faisait écouter des chansons, et on voyait si on pouvait se les approprier. Ce n’était pas toujours évident : par exemple, sur une chanson qu’on joue en ce moment sur scène, on avait essayé sans succès il y a 8 ans, et on a fini on a trouvé une orchestration qui fonctionne… On a aussi des commandes de festivals, pour des événements, sur des thèmes donnés, on cherche des chansons qui y correspondent… ça fait évoluer notre répertoire. Mais en fait, chaque chanson vient à sa propre façon…

Benzine : Quel est d’après toi le futur de Birds on a Wire ?

Dom : On va continuer ! L’année prochaine va être assez remplie avec tous les reports de dates de 2020, et on a déjà des idées pour le troisième album. Mais on n’a pas vraiment de plan. Rien de ne nous empêche d’écrire aussi, on est vraiment libres, on ne se donne pas des barrières de temporalité ni de style musical…

Benzine : Alors, il est envisageable que vous jouiez aussi des morceaux à vous, qui ne soient pas des reprises ?

Dom : Oui, bien sûr, on a déjà composé une chanson pour le centenaire de l’armistice, sur un texte de Anna de Noailles, la Jeunesse des Morts, il y a une vidéo avec une chorale d’enfants…  On l’a beaucoup joué sur scène…

Benzine : Des projets personnels ?

Dom : Oui, j’ai un disque qui a été retardé du fait de la situation, et qui sortira le 29 janvier. Musicalement, c’est très, très différent, ça aura une approche plus pop, plus folk, moins acoustique.

Benzine : Est-ce que la situation actuelle a changé ton approche de la musique ?

Dom : J’ai toujours été dans quelque chose de très solitaire, j’ai toujours fait ma musique et mes disques dans mon coin, dans ma chambre, donc non, je ne pense pas que ça ait changé quoi que ce soit. Par contre, pour les concerts, oui ! Avant on ne se posait pas de questions sur l’importance du public…On a eu la chance de pouvoir reprendre la scène pendant l’été et en septembre : ça a pris un autre goût, ça pris plus de valeur. On a pris particulièrement du plaisir…

Merci, Dom la Nena ! Si tout va bien, on se voit à l’Olympia le 19 janvier 2021 !

Birds on a Wire concert

Dernier clip publié : Sur la Place, en novembre 2020

Dernier album paru : Ramages, en février 2020

Birds on a Wire – Ramages : l’Art de la reprise