Icon – Tribute to Siouxsie and the Banshees

Un hommage à la formation post punk britannique Siouxsie and the Banshees pouvait s’avérer un exercice périlleux. Mais voilà, les quinze formations sélectionnées ont presque toutes rendu leurs copies avec mentions.

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© Mathieu Marmillot

L’idée a germé chez Olivier Lechevestrier, ancien manager de Trisomie 21. Retiré des affaires depuis peu, il est resté un éternel admirateur de Siouxsie and the Banshees. En sollicitant différents artistes à reprendre un titre du groupe mené par l’intransigeante Susan Janet Ballion aka Siouxsie, Olivier L. a fait attention de ne pas tomber dans les travers révérencieux et/ou nostalgiques batcave. Bien lui en fasse, car cette compilation propose des relectures innovantes.

tribute-to-siouxsieHong Kong Garden (1978) par la française Aloha Sun prend un chemin introspectif tout en apesanteur. Sa superbe version met en avant un chant au détachement salvateur, annihilé de toutes rythmiques. Même constat pour l’américaine Brisa Roché dont la version déroutante de Dizzy, un titre inédit datant de 1994, convoque bricolage lo-fi et effets vintages. Le hold-up parfait. Dazzle (1984) par Hidden Place se voit passer a la moulinette electro. Les italiens transcendant ce titre à la production originale typée pour la téléporter dans un club berlinois. Jay-Jay Johanson a choisi Tatoo, face B du single Dear Prudence paru en 1983.  Hasard ? Les rythmiques pré trip-hop en font un titre à part dans la discographie de Siouxsie and the Banshees. C’est avec une classe évidente que le suédois francophile s’empare du titre et en fait sien, distillant une mélancolie suave. Ce que Jenn Vix n’arrivera que succinctement avec Red Light (1980). Si l’américaine s’en sort plutôt bien dans l’instrumentation en drapant le titre d’habits électro wave, sa voix assurée et techniquement assumée en fait justement le défaut principal, car elle passe à côté de la substance venimeuse du titre. Avec une relecture ultra fidèle d’Israël (1980), la russe d’origine Joi Noir nous gratifie d’une version live irréprochable mais dépourvue de tout risque.  Soit l’inverse de Jorja Chalmers qui a choisi une adaptation libre du titre Rhapsody (1988). Avec emphase, l’australienne y dégage une sacrée puissance mélodique tout en optant pour une interprétation trip-hop cohérente et réussie. Les français de Kohann & Almost Silent ont choisi Silly Thing (1988). Leur version aspire à une forme de grandiloquence dont la chanteuse Kohann met toute son énergie pour la transcender sans pour autant toujours y arriver. Leur reprise privilégie une ambiance de recueil à celle plutôt enjouée et sautillante de l’originale. Sur Icon (1979) Mona Mur propose une vision très post-punk et électronique. La chanteuse allemande, qui a collaboré avec Einstürzende Neubaten, a choisi la déconstruction et une relecture mécanique du meilleur effet. Tout comme le duo dark-électro allemand NNHMN avec Happy House (1980) dont les synthés et boucles répétitives s’éloignent de la version originale pour une célébration du minimalisme. La chanteuse répète des Happy House plus proches des « ghost house ».

Toujours d’Allemagne, le duo No More qui existe depuis le début des 80’s, a choisi The Staircase (1979) et dépoussière ce titre phare, en le propulsant vers des rivages plus goth-rock et classiques. L’autre duo germanique Psyche a du mal à trouver l’inspiration sur Cities In Dust (1986). Nulle trace de la légèreté de ce titre pourtant évidente, pas aidé par des vocaux pas toujours en phases. Tying Tiffany choisi le superbe Into The Light (1981) dans une version électro dénuée de l’urgence et de l’acrobatie musicale. La chanteuse italienne ralentit le tempo et préfère le confort à la prise de risque. Avec Christine (1980), Valery Renay – chanteuse de Noblesse Oblige– prend des raccourcis acoustiques en catimini, avec de belles trouvailles mélodiques comme ces chœurs qui se répètent à l’infinis. Puis, les portugais Velvet Kills visitent Spellbound (1981) avec entrain et magnétisme. Si leur copie est proche de l’originale, la voix est habitée et l’instrumentation gagne en puissance.

Icon : Tribute to Siouxsie and the Banshees permet de mesurer l’importance du groupe post punk anglais, qui avec un son et une voix identifiable, a su conjuguer expérimentation et pop avant gardiste.

Mathieu Marmillot

Icon – Tribute to Siouxsie and the Banshees
Label : Infrastition
Sortie le 18 avril 2022

En précommande sur le site du label