« Varsovie 83, une affaire d’État » : un thriller politique haletant

Varsovie 83, une affaire d’État ou l’histoire vraie d’un étudiant assassiné par la police de Jaruzelski en 1983. Un film qui déroule avec précision les éléments clés de ce drame, racontant comment le régime en place a tout mis en oeuvre pour étouffer l’affaire.

Varsovie 83, une affaire d'État: Tomasz Zietek
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Au début des années 80 en Pologne, la dictature bat son plein, le mouvement Solidarnosc de Lech Walesa n’a encore pas renversé le régime du général Jaruzelski, et la répression fait de nombreuses victimes chaque jour, arrêtant, enfermant de manière arbitraire des opposants mais aussi des jeunes épris de liberté comme c’est le cas de Grzegorz et de son ami Jurek qui ont le malheur de tomber sur un contrôle de police qui va dégénérer. Sur la Grand-Place de Varsovie, nos deux jeunes, trop heureux d’avoir réussi leurs écrits du baccalauréat, vont être embarqué manu militari dans un commissariat où l’un deux va subir de la part d’une poignée de policiers déchainés un passage tabac en règle.

varsovie-83-afficheGrzegorz – dont la mère poétesse, opposante au régime et militante, a été arrêté quelques jours plutôt par la police alors qu’elle manifestait pour les libertés en Pologne – va y laisser la vie. Très vite, les proches de Jurek comprennent que sa vie est en danger et que seul son témoignage peut permettre qu’un procès digne de ce nom se tienne afin de punir les coupables de ce meurtre.

Un drame qui va rapidement embarrasser le gouvernement de Jaruzelski et qui va tenter d’étouffer cette affaire à travers un jeu de manipulation savamment orchestré. Commence alors une course contre la montre, une bataille dans laquelle le jeune lycéen va devoir résister aux pressions et aux influences de la police mais également de ses proches afin de pouvoir venir témoigner librement de ce qu’il a vu.

Thriller, film d’espionnage, film politique, Varsovie 83… nous plonge dans cette Pologne sombre et répressive du début des années 80 à travers un récit d’une grande fluidité, remarquablement construit, assez complexe mais qui grâce a une mise en scène et des décors remarquables, une reconstitution au cordeau, arrive à nous tenir en haleine durant près de 2h40. Il y règne en effet une tension incroyable, un sentiment de paranoïa et de peur qui ne vous lâche pas, dans lequel on sent le danger planer sans cesse au dessus de Jurek et de sa famille.

Un véritable exploit que réussit là le réalisateur Jan P. Matuszynski avec un film dont le rythme faiblit rarement, dans lequel on se met très vite à la place du témoin, de ce jeune homme déterminé, que l’on veut réduire au silence ou à qui l’on veut faire croire à une autre vérité que celle qu’il a vue, celle de la mort en direct de son camarade et pour laquelle il est prêt à témoigner coûte que coûte.

Un film librement adapté du livre Leave No Traces, the case of Grzegorz Przemyk de Cezary Łazarewicz qui aurait pu être également adapté en série tant le récit est dense, qui nous ramène aux grands films politiques des années 70 et 80, ceux de Costa Gavras, Sidney Lumet ou Pakula par exemple, avec comme ici, les hommes de l’ombre au service de la répression et de la manipulation qui menace ceux qui sortent des clous.

Benoit RICHARD

Titre original Żeby nie było sladów
Film De Jan P. Matuszynski
Genre : Drame, Historique, politique
Avec Tomasz Zietek, Sandra Korzeniak, Jacek Braciak…
Durée : 2h 39min
Date de sortie en salle : 4 mai 2022