[Cannes 2022] les films du jour, épisode 5 : Fumer fait tousser, R.M.N., Les Nuits de Mashhad…

Aujourd’hui notre chroniqueur nous parle des films Fumer fait tousser de Quentin Dupieux, R.M.N. de Cristian Mungiu, Les Nuits de Mashhad d’Ali Abbasi, Men d’Alex Garland.

les films du jour, épisode 5

Fumer fait tousser, de Quentin Dupieux (Hors compétition)

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La matinée commence avec le nouveau Quentin Dupieux, prolifique au point d’avoir actuellement deux films en attente de sortie. Incroyable mais vrai sortira le 15 juin et son suivant, Fumer fait tousser a donc été présenté en séance de minuit. La pléiade d’acteurs se déploie encore, confirmant que tout le cast français veut figurer chez le réalisateur. Inutile de tenter de résumer ce récit à tiroirs dans lequel il sera question de superhéros, de barracudas qui parlent durant la cuisson, de rats sexy, d’explosions gores et de fin du monde. Dupieux renoue discrètement avec la mélancolie qu’on trouvait déjà dans Réalité tout en continuant tranquillement de dévider l’écheveau fantasque et improbable de ses inspirations.

R.M.N., de Cristian Mungiu (Compétition officielle)

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Changement d’ambiance pour le retour en Compétition officielle avec le denier film du roumain Cristian Mungiu, peu habitué à stimuler nos zygomatiques depuis sa Palme d’Or 4 mois, 3 semaines, 2 jours en 2007. R.M.N. nous embarque dans un petit village où plusieurs communautés cohabitent sans pour autant y avoir développé le concept du « vivre ensemble », se déchainant à l’arrivée de travailleurs étrangers, les seuls à accepter le salaire minable proposé par l’usine locale. Un film âpre qui vire au pur cauchemar, tout en brassant des thématiques on ne peut plus d’actualité. Une séquence d’anthologie, en un plan fixe de plus de 15 minutes, présente notamment un conseil municipal où le racisme ordinaire se déploie avec une force et une évidence glaçante, qui rappelle tristement tout ce que la France vient de vomir lors de sa campagne électorale.

Les Nuits de Mashhad d’Ali Abbasi (Compétition Officielle)

Les Nuits de Mashhad d'Ali Abbasi

Il ne faudra pas compter sur Ali Abbasi pour nous remonter le moral. Après avoir arpenté les frontières du fantastique dans Border, le réalisateur présente, en Compétition Officielle, Les Nuits de Mashhad qui s’inspire d’un fait divers survenu en 2001 en Iran : des assassinats en série de prostituées, dans l’indifférence assumée de la société puritaine, dont une certaine frange va finir par faire du tueur un héros radical de la vertu. Le profond malaise ressenti durant toute la projection n’est pas forcément à porter au crédit du réalisateur, et on s’interroge encore sur les moyens mobilisés pour traiter son sujet. Entre complaisance et codification très formatée du thriller, le film joue sur plusieurs tableaux qui laissent planer une ambiguïté très problématique.

Men, d’Alex Garland (Quinzaine des Réalisateurs)

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On file ensuite à la Quinzaine des Réalisateurs pour une séance spéciale et très attendue, celle du nouveau film d’Alex Garland, remarqué ces dernières années pour Ex MachinaAnnihilation et sa trop méconnue série Devs. Récit de rédemption d’une femme victime d’une relation toxique, Men, suit son séjour à la campagne qui va progressivement dériver vers l’horreur hallucinatoire la plus pure. Le talent de Garland n’est plus à prouver, et les premières séquences lors d’une ballade en forêt sont absolument fascinantes. Mais le réalisateur souffre du même problème que Ruben Ostlund, qui présentait Sans Filtre la veille : convaincu d’être un génie, sa carte blanche est d’un vide assez abyssal lorsqu’on s’aventure sur la portée symbolique de son propos. En résulte une maestria formelle qui tourne à vide, voire à la gratuité.

Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper.