[Cannes 2022] les films du jour, épisode 7

Au programme : de l’underground américain avec Funny Pages, du body-horror avec Crimes of the Future, un prêtre islandais dans Vanskabte Land / Volada Land et des jumelles polonaises peu bavardes dans Silent Twins.

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Funny Pages, d’Owen Kline

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Funny Pages, premier long métrage d’Owen Kline s’inscrit dans la pure production indépendante US, sous bannière A24 et produit par les frères Safdie, remarqués ces dernières années pour Good Time (2017) et Uncut Gems (2019). Un récit initiatique suivant les aventures d’un jeune homme décidé à vivre de son talent pour la bande dessinée underground, et qui paie son indépendance dans les squats et les plans les plus sordides qui soient. Une comédie loufoque et bricolée, brillamment interprétée et en définitive assez sympathique.

 Crimes of the Future, de David Cronenberg

Crimes of the Future

Place ensuite à LA grande attente du Festival, le Crimes of the Future de David Cronenberg qu’on avait cru un temps à la retraite depuis son dernier Maps to the stars en 2014. Le réalisateur canadien de bientôt 80 ans revient sur les thématiques les plus essentielles de son cinéma, à savoir un body horror audacieux et visionnaire dans une société futuriste où l’individu dépourvu de douleur cherche les sensations dans la chirurgie. Après la Palme d’Or attribuée à Titane l’an dernier, que Julia Ducournau revendiquait comme étant influencé par le cinéma de ce maitre, Cronenberg reprend la main pour un récit nettement plus ambitieux, un peu verbeux par instant, mais à l’intacte capacité de fascination.

Vanskabte Land / Volada Land, d’Hlynur Pàlmason

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Cannes, ce sont aussi des projections au hasard du calendrier. Noté comme une envie potentielle bien en deçà d’autres priorités, Vanskabte Land / Volada Land d’Hlynur Pàlmason est une superbe découverte. Ce récit d’un pasteur danois ayant pour mission de construire une église en Islande est une odyssée en terre hostile (toute la première heure nous renvoie l’intensité survivaliste d’un Aguirre) avant de convoquer les ressorts mythologiques du western par la conquête de terres sauvages et l’adaptation aux populations locales. L’image est sublime et le temps long toujours justifié par cette osmose avec celui d’une nature qui obéit à ses propres lois, indifférente aux petites tragédies que vivent les hommes. Un réalisateur à surveiller, qu’on espère voir figurer au palmarès d’Un Certain Regard et dont on suivra avec enthousiasme le travail futur.

Silent Twins, d’Agnieszka Smoczynska

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La soirée se termine avec Silent Twins d’Agnieszka Smoczynska, restituant l’étrange cas, dans les années 70 et 80 de deux sœurs jumelles retranchées dans le silence lorsqu’il s’agit de s’adresser aux autres, mais dotées d’un imaginaire foisonnant lorsqu’elles sont à l’abri de leur chambre. Le film, foisonnant et pop, adopte leur point de vue en proposant des séquences d’animation en stop motion pour illustrer les histoires qu’elles inventent, tout en les confrontant frontalement aux attentes du monde réel. Lyrique et habité, mené sans baisse de rythme, il saura séduire les adeptes comme laisser sur le carreau ceux pour qui l’épure est vectrice d’émotion.

Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper.