[Cannes 2022] les films du jour, épisode 9 : Elvis, Stars at Noon, Pacifiction…

Au menu de ce jeudi 26 mai 2022 : Du King à la chantilly avec le Elvis de Baz Luhrman, Pacifiction d’Albert Serra, Stars at Noon de Claire Denis et un trip en Corée avec Les Bonnes Étoiles de Kore-eda.

Cannes épisode 9

Elvis, de Baz Luhrman

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On commence la matinée par le nouveau film de Baz Luhrman, Elvis, projeté Hors Compétition, près de dix ans après Gatsby le Magnifique. Avec un personnage aussi dévoué au show bigger than life, le réalisateur baroque trouve chaussure à son pied, et ne dévie pas d’un pouce de ses essais précédents : rythme trépidant qui donne le sentiment d’une bande annonce de 2h40, passion exacerbées et convocation, toute honte bue, de tous les clichés inhérents au biopic. Restent quelques séquences assez intéressantes sur l’influence majeure de la musique africaine-américaine sur le King, ainsi qu’un sens de la déconstruction de la musique collective qui fait mouche. Admiration sans bornes pour l’interprétation d’Austin Butler, bien plus physique que Tom Hanks sous ses postiches de graisse.

Stars at Noon, de Claire Denis

Stars at Noon de Claire Denis

Le film suit les pérégrinations d’une journaliste bloquée dans un pays d’Amérique du Sud, et qui entame une idylle trouble avec un anglais, tant par intérêt que par attirance. On sent très vite que la réalisatrice n’est pas là pour nous faire un cour de géopolitique ou un brûlot contestataire, et qu’elle s’intéressera davantage à chauffer les corps et les consciences. Il n’empêche : il faudra se farcir des répliques qui devraient être interdites par la convention de Genève ( »Ta peau est si blanche, c’est comme si j’avais été baisée par un nuage » ou le bien moins métaphorique « Suce-moi ») et des atermoiements à rallonge dont on n’a pas grand chose à faire. « Let’s just die here » propose un moment l’héroïne à son amant, avec tous nos encouragements. Malheureusement, il reste 3/4 d’heure de film. Fuite du public sur l’échelle du claquement de fauteuil : 7/10.

Pacifiction, d’Albert Serra

Pacifiction

On enchaine avec le gros morceau, Pacifiction d’Albert Serra qui nous emmène en Polynésie française où un haut commissaire joué par Benoît Magimel farfouille dans les affaires politiques locales tout en tentant de rassurer la population sur des rumeurs d’une reprise des essais nucléaires. C’est peu de dire que la proposition est radicale : la première heure est clairement une audition quant à la patience du spectateur, au fil d’interminables et volontairement ineptes discussions de bar, où tout stagne dans une ambiance nonchalante. Une partie du public craque (on frôle le 9/10 en claquement de fauteuil) et l’un d’entre eux hurle même « C’EST NUL !!! ». Précisions que nous sommes en séance de gala et que l’équipe du film est donc présente dans la salle… Il semble néanmoins que ce sas de dé(com)pression soit indispensable pour se laisser pénétrer par la puissance vénéneuse et hypnotique d’un film atypique, et qui restera dans les mémoires.

Les Bonnes Étoiles, de Kore-eda

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Direction la salle Bazin pour la dernière projection de presse de la journée, où des journalistes s’écharpent avec le staff qui leur explique que cette salle est la seule du Palais à ne pas proposer de file de dernière minute et que oui, même s’il reste des places, on ne les fera pas rentrer. Il restera des places vides. Le nouveau Kore-eda, Palme d’Or en 2018 avec Une affaire de famille, délocalise son écriture en Corée pour un récit autour du trafic d’adoption, qui reprend toutes les thématiques qu’on connait si bien chez lui. Une famille recomposée de toute pièce s’embarque dans une vadrouille qui prendra de faux airs de cavale et d’enquête policière. Les personnages sont attachants, la comédie tendre et la bienveillance généralisée, pour un film un peu trop mignon et auquel il manque les aspérités émouvantes qu’on pouvait trouver dans Nobody Knows, par exemple.

Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper.