Trois types pas très futés, vivant en marge de la société, décident d’enlever une starlette contre rançon. Mais les choses ne vont pas du tout se dérouler comme prévu. Un nouveau roman très savoureux et aux dialogues croustillants, signé Olivier Maulin.
Si vous cherchez la descendance de Croquignol, Ribouldingue et Filochard, je vous conseille d’aller faire passer un test génétique aux trois frères Grosdidier : Jean-Marcel, Jean-Didier et Jean-Jean. Oui, les parents ne se sont pas claqués le cerveau au moment du baptême. Un prénom ? Jean-sais rien… Tir groupé au niveau du calendrier.
Ils vivent tous les trois dans une ancienne ferme auberge perdue dans un village vosgien et le crétin en chef, l’âne aîné, décide d’organiser l’enlèvement contre sesterces d’une chanteuse américaine venue vendre au salon du livre d’Epinal son autobiographie à… 22 ans. Autant dire qu’un bonsaï aurait suffi pour produire le papier nécessaire à l’ouvrage.
Comme les trois guignols ne sont pas à la pointe de l’actualité, qu’ils tiennent leurs infos sur l’état du monde des « éditorialistes » réacs du bistrot du coin, ils vont se tromper d’otage et enlever Marie, une jeune femme qui va révolutionner leur existence.
Ce n’est pas le premier roman d’Olivier Maulin que je lis et je ne suis pas étonné que son livre soit publié dans une collection qui s’appelle Borderline. Il n’écrit pas dans le sens du vent, ses valeurs ne sont pas très actuelles et il souffre d’une allergie générale au progressisme. Persona non grata dans le sens du poil !
À la différence de mon chien de combat, un pékinois appelé Bébé Chips, en hommage au personnage d’un précédent roman du même auteur, j’aime bien les écrivains qui sentent un peu le soufre. L’idée n’est pas d’adhérer aux discours sous-jacents, mais de sortir de mes lectures de confort.
Ses personnages sont toujours en marge de la société, un peu d’avant, vaccinés contre la moraline, pas très vaillants, réfractaires gaulois, et l’auteur utilise leur innocence pour sortir l’artillerie lourde contre la bien-pensance et le monde littéraire parisien.
Je comprends que certains propos, qui relèvent de la brève du comptoir ou d’une troisième mi-temps un peu trop arrosée puissent déranger certaines consciences et de rares digressions politiques qui n’apportent rien au récit sont pour moi de trop, mais les bonobos dans mon genre élevés aux San Antonio et aux films d’Audiard vont se régaler des dialogues (atout numéro un selon moi de tous les romans personnages Rabelaisiens pas très comme il faut, bras cassés emplâtrés plus bourrus que méchants.
L’intrigue fricote aussi avec bonheur un peu avec le fantastique. Homo homini lupus est, comme disait Plaute… et le titre du roman un peu aussi.
Tenue incorrecte exigée à l’entrée.
Olivier de Bouty