Kerala Dust – Violet Drive : looping vers la lune

Le trio britannique Kerala Dust revient avec un 4e album intitulé Violet Drive. Porté par une main de maitre par son leader Edmund Kenny, Kerala Dust distille son électro de club, ses riffs bluesy et ses relents trip-hop.

Kerala-Dust
© Andrin Fretz

Le collectif Kerala Dust revient pour un 4ᵉ album intitulé Violet Drive, signé chez PIAS. Le trio britannique accoutumé aux « matins flous dans les boites de nuit » sert une salade froide d’influences variées. La première, qui frappe à coups de kick, c’est cette électro de club, montée en neige par l’excellent Edmund Kenny, compositeur électronique et vocaliste du groupe. Les rythmes trouvés par ce véritable génie posent le cadre et l’identité musicale qui est teinté de violet, et d’une certaine malice quand il s’agit de faire remuer les têtes. Pas moins efficace au moment de gratter ses cordes vocales, avec un style crooner nonchalant, il psalmodie ses envolées psychédéliques, conte l’exploration interne que suggèrent les compositions avec une douceur aristocratique.

Kerala Dust – Violet DriveIl est accompagné de Harvey Grants, le claviériste à qui incombe les accords et la mélodie de fond, puis du guitariste Lawrence Howarth. Ce dernier, fignolant les derniers détails de la perfection de cette identité, fissurant ce bourdonnement bas et rebondissant de riffs électriques et bluesy. Cette petite patte psyché-rock/blues, empruntée aux années 60, si délicieuse quand on la retrouve sur des compositions modernes, brille par sa discrétion, par ses apparitions mystiques avant de disparaitre. La guitare joue un rôle majeur dans cette exécution minutieuse, par ses riffs en reverse, par ses pointes de pied sur la pentatonique.

Une partie de l’album exalte à fond l’héritage club de Kerala Dust, comme sur Pulse VI, ou Violet Drive, le meilleur titre de l’album à mes yeux. Une compression oppressante de basse et de kick ponctuée çà et là de petites touches de gratte bien senties, traversée tout du long par l’imperturbable Kenny. Les breaks, et les drops qui s’en suivent, font monter puis redescendre la pression de la même façon qu’un DJ va endormir puis ressusciter son public lors d’un set de boite. Certains morceaux complexifient un tantinet cette tendance générale.

Salt, une sorte de supplique orientale se montre tout aussi inquiétant, avec ce psaume méphistophélique, cet oud frénétique. Future Visions, un des derniers titres de l’album est un hommage criant au trip-hop des années 90. La guitare saturée et flangerisée ressemble comme deux gouttes d’eau à celle d’Adrian Utley sur le légendaire Dummy de Portishead, et la voix de Kenny (encore une fois), colle à merveille à cette ambiance edgy et déconnectée de la réalité physique.

Si vous cherchiez un disque à écouter lors de vos longues balades nocturnes, de virées en voiture en direction de la lune, il vient de sortir, et il est excellent.

Rayhan Arar

Kerala Dust – Violet Drive
Label : Play It Again Sam
Date de sortie : 17 février 2023