marcel – charivari : Un vrai bordel, un vrai plaisir !

marcel nous offre avec charivari une ode à la vie et à la musique. Un album qui mélange les styles dans le plus pur esprit punk, celui qui s’affranchissait des codes et des frontières. Un album en forme de manifeste pour nous dire que moins il y a de frontières, mieux c’est. Et aussi que plus il y a de tout, mieux c’est !

marcel-2023
credit : Marthieu Teissier.

Aux adeptes de la sobriété, marcel répond : charivari ! Le premier album du groupe bruxellois est en effet un mélange d’une quantité, assez réjouissante et très intéressante, d’une multitude de sons et d’instruments, d’influences et de références. Il y a tellement de choses sur cet album qu’on n’oserait pas essayer de les résumer. 10 morceaux qui multiplient les pistes et aussi les fausses routes, qui ouvrent des portes et tendent des pièges. Cela commence avec deux morceaux, playroom et six seconds, résolument punk-rock. On se croirait quasiment revenus au bon temps de PIL, voire des Sex Pistols, quand on entend le chanteur chevroter comme John Lydon aimait si bien le faire – un chanteur qui n’hésite pas à hurler quand il faut ! Basse et batterie pogotent. Les guitares acérées déchirent. Le rythme est soutenu, voire frénétique sur playroom en particulier ; le morceau finit d’ailleurs par s’emballer dans un chaos d’instruments et de voix qui se marchent les uns sur les autres. six seconds enchaîne sur ce même rythme déchaîné. On se réjouit, voilà un hymne pour (petite) salle obscure et enfumée où tout le monde se jette sur tout le monde dans un délire de sons et de cris, d’énergie brute. On se réjouit (ou pas, d’ailleurs, si on n’aime pas), mais on se dit à ce moment-là que c’est parti pour 40 minutes de folie punk.

marcel charivariEh bien, non ! marcel n’est pas ce genre de groupe qui se satisfait d’un seul genre musical. Ou plutôt, disons que marcel a gardé cet esprit punk des débuts, cet esprit du cross-over, celui qui poussait les Clash à composer Rock the Casbah ou The Magnificent Seven. La musique n’a pas de frontières. Alors franchissons-les ! Certes, six seconds laissait planer un doute, quelques secondes pendant lesquelles le morceau devenait autre chose et perdait son rythme fou. Mais rien ne préparait vraiment au 3ème morceau de charivari, eurovision, auto-tune et rythmes méditerranéens, quasiment orientaux… diantre ! On se croirait perdu sur un morceau de Litfiba. Du punk oriental. Le groupe délaisse les riffs nerveux, mais ne perd pas son énergie, ne perd pas ce rythme endiablé, tout fou, mené par la basse et la batterie, qu’on croit déjà être la marque de fabrique du groupe. Pas totalement : salvator mundi nous prend encore à l’envers, commençant (et terminant) comme une ballade, avant un emballement psyché du plus bel effet. Encore une fois, un mélange inattendu, mais réussi.

Et cela continue comment ça pendant tout le reste de l’album. Rien à dire. Énergie punk, rythmes soutenus qui changent brutalement – sur all together ou blue danube no more – pour laisser la place à des chœurs (aériens) qui donnent un tour plus pop. Morceaux qui frôlent le baltringue déjanté (all together ou intimité™), qui font gouzi gouzi et qui ressemblent à des blagues potaches. Ce qu’ils ne sont pas ! marcel n’est pas une blague, même réussie, c’est bien plus que ça ! L’efficacité des compositions, la complexité des arrangements, la précision des mélodies font de charivari une sorte d’ode à une vie riche, dans laquelle l’abondance serait une vertu et une joie. On peut en sortir la langue pendante, couvert de sueur, assommé et épuisé, mais ne boudons pas notre plaisir, c’est de la bonne sueur et de la bonne fatigue !

Alain Marciano

marcel – charivari
Luik Music – Idiotape Records
Parution : 3 mars 2023