[Interview] Gliz : « Une identité artistique forte… »

A l’occasion de la sortie de The Hunt, le nouveau single extrait de Mass, le second album des Jurassiens de Gliz, nous avons voulu revenir sur le chemin parcouru depuis la parution de Cydalima, avec en particulier l’arrivée d’un nouveau batteur dans le trio.

Gliz par Florian H
Gliz à la Boule Noire – Photo : Florian H

Benzine : La dernière fois que nous nous sommes parlés, c’était en février 2020, juste avant la pandémie… Comment vous avez vécu ces deux ans de galère du Covid ?

Tom (Thomas) : Au début, on a eu énormément de mal à se voir, mais Flo a été très productif de son côté, et on a fini par se retrouver avec plein de pistes, plein de bouts de morceaux, beaucoup de matière. On a pu reprendre comme d’habitude, avec des répétitions qui duraient une journée, et on s’est retrouvés avec une trentaine de morceaux. Ce qui a changé quand même, c’est que Flo n’a pas composé beaucoup de trucs hyper joyeux (rires) !  Alors Mitch, qui était encore avec nous à l’époque, et moi, on est plutôt du genre direct, on a mis pas mal de choses à la poubelle… Du coup, on a un album dépressif en réserve qu’on peut faire un jour, du genre « The Dark Side of the Gliz » ! (rires).

Benzine : Donc vous faites partie des artistes qui ont été créatifs pendant cette phase de confinement forcé ?

Tom : C’est clair qu’il y en a eu plein qui ont fait comme nous, il y a eu un embouteillage en sortie de Covid, et c’est pour ça qu’on a attendu un peu pour publier Mass. Mais c’est vrai que ça n’a pas été le cas de tout le monde, on a des potes qui avaient des groupes qui tournaient pas mal, et qui se sont arrêtés, du coup…

Benzine : Ce nouvel album marque un vrai changement par rapport au précédent… Il y a peut-être des connotations plus « soul » cette fois…

Tom : L’arrivée du Farfisa n’y est pas pour rien, j’ai simplifié certaines lignes de base, et le son du Farfisa change le son du groupe. Mais il y avait aussi une envie générale de ne pas refaire la même chose. Par contre, ce qui est drôle, c’est qu’à la base on voulait faire un album plus rock : d’ailleurs il y a des gens qui le ressentent, et d’autres, comme toi, qui perçoivent un album plus posé… L’album est moins facile que le premier… On est plus sur les sentiments, partir sur des fins un peu plus lyriques. Et on est plutôt contents de la réception de l’album…

Benzine : Question à la con, à laquelle vous avez déjà répondu cent fois, j’imagine, mais c’est quoi cette grosse peluche sur la pochette ?

Yout (Julien) : C’est Casimir ! (rires)

Tom : C’est Mass, et c’est inspiré des kukeris bulgares, des personnages de carnaval sensés chasser les mauvais esprits, et aussi réveiller les gens à la sortie de l’hiver. Chez nous, c’est un être étrange dont on ne sait pas trop d’où il sort… D’une grotte ? D’une autre planète ? Il vient nous montrer ce qui va et ce qui ne va pas sur notre planète.

Benzine : Alors le départ de Mitch, le batteur, des divergences musicales ?

Tom : Des divergences tout court, et puis de la lassitude… Finalement, c’est bien tombé, on avait rencontré Julien qui avait fait des remplacements à l’occasion, donc la transition a été cool.

Benzine : Julien, qu’est-ce que tu apportes à Gliz, tu penses ?

Yout (Julien) : Ce n’est pas à moi de répondre à cette question, si ? Mais j’ai une grosse expérience de l’instrument, 30 ans que je fais de la batterie, j’ai une vision personnelle de l’instrument qui les as intéressés. Ça ne se voit pas encore beaucoup, car pour le moment j’interprète des morceaux, pour lesquels je n’ai pas participé à la création. Je m’efforce d’avoir une approche plus rock, c’est un parti pris.

Benzine : Julien, c’est quoi tes influences sur les 30 ans que tu évoques ?

Yout : C’est très varié, j’ai commencé par le Rock, puis j’ai fait du funk, du jazz, beaucoup de jazz… ce qui m’influence. Mais aussi la musique électronique : à côté, je compose avec des machines, ce qui n’a rien à voir avec Gliz. Ça se ressent dans la façon de jouer, cet esprit d’arrangeur. La batterie est un instrument faussement simple, et même si Gliz ne demande pas de grandes prouesses techniques à la batterie, je peux me concentrer sur la précision, sur le placement de mes frappes, par exemple les backbeats de caisse claire… En tous cas, après la release party à la Boule Noire, j’ai rencontré des gens qui me disaient que ma batterie changeait la musique du groupe, avec certains titres qui étaient métamorphosés. Ça m’a fait très plaisir.

 

Gliz @Kamal Bahloul
Photo : Kamal Bahloul

Benzine : Puisque tu viens d’arriver, dis-nous, ça représente quoi, justement, la musique de Gliz ?

Yout : Florent et Thomas sont des amis, c’est important. Mais quand j’ai écouté ce second album, j’ai trouvé une identité artistique forte, avec des choses qui cherchent pas à copier quoi que ce soit. Bon, sur Don’t Hold Back, j’entends un peu de Queen ! (rires) Et puis aussi du Air à d’autres moments… Mais à partir du moment où on arrive à coller une étiquette sur la musique d’un groupe, c’est mauvais signe. L’album va dans une direction qui m’attire vraiment, loin des racines un peu country, un peu rustiques du début, il y a plus d’arrangements, plus de finesse, plus de détails…

Benzine : Le nouveau clip qui sortira en avril, c’est quoi le principe ? ça continue l’histoire de Mass, après le clip de Totem ?

Yout : Oui, c’est ça… et j’aimerais pas être à la place de Flo à l’intérieur de Mass, avec la chaleur qu’il fait à l’intérieur (rires). Le clip de Totem, on s’était bien marrés, on avait tourné dans le Jura, près des Cascades du Hérisson, il y a des plaines, et vu la sécheresse de l’été, c’était jaune, jaune, ça faisait safari ! Et puis Thomas et Flo sont fascinés par de vieux objets qui ont une âme, ils en ont plein chez eux, et donc a pu les utiliser dans le clip…

Benzine : En tous cas, la saga Mass continue !

Propos recueillis par Eric Debarnot

The Hunt, nouveau clip de Gliz, second single extrait de Mass, leur deuxième album