Mission Impossible : Dead Reckoning, Partie 1 : trop long, mais l’action remplit une fois de plus son contrat.

Volet dont la seconde moitié sera visible en 2024, Mission Impossible : Dead Reckoning, Partie 1 est trop long. Mais comporte comme d’habitude avec la franchise quelques scènes d’action valant le déplacement.

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Copyright Paramount Pictures

Un 7ème volet de Mission Impossible. Ou plutôt un 6ème et demi, sachant que McQuarrie avait pour la première fois dans la série écrit son scénario avec l’intention de faire un film en deux volets ? La franchise est en tout cas devenue l’une des seules (avec John Wick) dans le cinéma hollywoodien actuel à porter haut et fort un cinéma d’action fondé sur le corps et la prouesse physique à l’heure du numérique post-Matrix et des super-héros. En poussant loin le bouchon de la surenchère spectaculaire, Tom Cruise est devenu le Bébel du cinéma d’action US contemporain : est-il dès lors étonnant qu’une vidéo promotionnelle du dernier volet le montre sur un avion, tel le Français dans une des plus célèbres scènes de L’Animal ? Une posture qui lui permet d’incarner à l’heure de Netflix un sauveur de l’expérience que seul le grand écran peut procurer. Et d’être avec Di Caprio l’une des dernières vraies stars hollywoodiennes à une époque où, afin de juguler les cachets des interprètes, Hollywood fait en sorte que la tenue de Spider-man soit plus célèbre que celui qui la porte.

mission impossible dead reckoning partie 1 afficheConçue pour être la franchise bondienne de son acteur principal/producteur, Mission Impossible n’a jamais engendré de suite du calibre de son premier volet, exploitant pleinement le potentiel conceptuel de la série d’origine et porté par la maestria formelle d’un De Palma. Un premier volet qui donna à la série son prototype narratif depuis toujours suivi : un scénario prétexte à 3-4 longs morceaux d’action servant de promo touristique aux lieux de tournage. Vinrent ensuite un Woo autoparodiant sa signature visuelle et un Abrams formellement clinquant. Mission Impossible : Protocole Fantôme peut être considéré comme le début de l’ère McQuarrie. Scénariste de talent (Usual Suspects, Top Gun Maverick), ce dernier réécrivit le scénario du (très bon) volet de Brad Bird avant de prendre les rennes de la réalisation et de l’écriture pour les volets suivants. Si le metteur en scène McQuarrie est loin des maîtres contemporains du cinéma d’action, il aura en revanche su injecter à une série conçue comme un véhicule pour son acteur principal des acolytes dépassant le statut de simple faire valoir d’Ethan Hunt : Ilsa Faust (Rebecca Ferguson) et August Walker (Henry Cavill).

La tradition est ici poursuivie à travers la figure de Grace, voleuse virtuose constituant un hommage de plus de la série à Alfred Hitchcock (la scène de l’opéra dans Rogue Nation entre autres…). Elle apporte au récit une forme de ludisme hélas trop rare ces derniers temps du côté de 007. Le personnage de Paris (!) est en revanche trop peu exploité, quand bien même on devine le calcul marketing : une tueuse française d’origine asiatique semblant échappée d’un manga, de quoi garantir un peu de publicité au film du côté de Tokyo et de Séoul. A moins qu’elle ait fait les frais des coupes au montage d’un film déjà (trop ?) long ? A l’inverse des blockbusters des années 1980-1990 puisant souvent leurs Bad Guys dans le contexte géopolitique d’époque, la série a toujours été dans une forme de déréalisation. Sauf qu’ici la déréalisation rejoint l’époque… avec une intelligence artificielle en guise de Bad Guy. L’inconvénient de ce choix scénaristique est d’occasionner de longs tunnels dialogués à la Nolan expliquant les effets potentiels de l’IA sur les personnages, le monde etc…

 

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Copyright Paramount Pictures

Les gros morceaux d’action ne déçoivent heureusement pas la plupart du temps : le jeu du chat et de la souris de l’aéroport et la partie de l’Orient Express avec leurs changements virtuoses de points de vue, la course poursuite automobile romaine. Avec pour cette dernière l’agréable surprise d’un Cruise ne se prenant pas totalement au sérieux. En revanche, si la mise en place de la partie vénitienne est réussie, le filmage de la baston du couloir et celui de l’action sur le pont souffrent de la comparaison avec celui d’une série B martiale hongkongaise de base du milieu des années 1980. De même que la partie désertique souffre d’une stylisation semi-documentaire trop lourde.

Même avec ses défauts, Mission Impossible : Dead Reckoning, Partie 1 résume ce qui a fait la solidité du succès de la franchise ces dernières années : avoir son quota de vrais morceaux d’action et de prouesses cruisiennes justifiant d’y retourner la fois suivante.

Ordell Robbie.

Mission Impossible : Dead Reckoning, Partie 1
Film américain de Christopher McQuarrie
Avec : Tom Cruise, Hayley Atwell, Ving Rhames
Genre : Action, Espionnage, Aventure
Durée : 2h43
Date de sortie en salles : 12 juillet 2023