Vertigo, le nouvel album du quartet californien Wand, dont le contenu, foutraque et pourtant complètement maîtrisé, représente l’apogée d’une discographie aussi vertigineuse que la musique en question initiée avec Ganglion Reef en 2014.
Le bruit court qu’une bande délurée de musiciens, dévale à toute vitesse les pentes des collines avoisinantes, Vertigo débarque au bon moment. Aventurier du subconscient, le groupe s’est toujours missionné à survoler de loin les tendances musicales qui sévissent (et versa) depuis que tout est presque étiqueté de post-machin. Sous les effets des effluves sonores de guitares et de synthés acidulés, Wand s’engouffre dans une mécanique accélérée, dans un galop déconstruit puis recomposé sous des lames de fuzz dégoulinantes. Hangman pose les jalons d’un disque ingénieux, qui évite de tourner en rond.
Les titres s’enchainent, jusqu’au troublant Mistletoe, c’est à juste titre que l’album dans sa globalité fait l’unanimité, avec parfois même des prises de risques, Cory Thomas Hanson, accompagné de ses acolytes, s’autorise une véritable sortie de route vers une dimension parallèle (Smile en 6 minutes trente de lenteur pachydermique jamais bourrative). Les instruments et les prises sonores s’imbriquent à merveille, Lifeboat est une embardée en territoire brumeux, où grince chaque note, une trompette surgit en fond comme l’appel d’une sirène.
Vous l’aurez sans doute compris, Wand se libère, expérimente et réussit à élargir son univers. Une infinité d’instruments se greffent en une sculpture qui donne à chaque composition sa dématérialisation en tant qu’oeuvre onirique. Au milieu du chaos, l’introduction de High Time rectifie l’angle de vision, la conception même de la composition en tant que matière brute, et au final, concrète.
Toutes les hypothèses sur les influences musicales sont possibles, mais ce serait réduire l’étendue de l’expression personnelle de Wand qui varie sans se répéter. L’album a été enregistré dans le studio privé du groupe.
Franck irle