[Live Report] The Stranglers à l’Olympia : cinquante années au compteur !

La tournée The Stranglers, 50 Years in Black, The Anniversary Tour 2025 passait évidemment hier soir à l’Olympia de Paris, et c’est une néophyte du groupe qui nous raconte ici cette soirée généreuse !

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The Stranglers à l’Olympia – Photo : Laetitia Mavrel

Posons l’équation suivante : peut-on appartenir à la génération X, cumuler 25 ans de concerts, et découvrir sur scène en 2024, pour la première fois, The Stranglers, groupe avec cinquante années de carrière au compteur, dix-huit albums studios, et toute une liste de compilations et autres live albums, un line-up de prestige et un bassiste qui a influencé toutes les générations suivantes depuis lors ?

La réponse est évidement oui, et ce malgré avoir été bercée toute notre jeunesse par les titres phares de The Stranglers à la radio, et s’être faite éduquer musicalement par de grands cousins alors adeptes de la scène post-punk anglaise de cette fin des années 70, ainsi que de la déferlante new-wave qui suivi. C’est donc en prenant nous-même un peu d’âge que nous prêtons plus facilement l’oreille à nos aïeux, amis adorateurs de musique et de concerts qui avec deux décennies de pratique en plus, arrivent enfin à faire croiser notre chemin avec celui de cette formation mythique, toujours menée par le dernier de ses membres fondateurs, le plus frenchie des bassistes anglais, Jean-Jacques Burnel.

The Stranglers 9.10.24 02C’est sous des averses diluviennes que nous arrivons, en ce mercredi soir, à l’Olympia de Paris, qui sur sa devanture nous annonce en lettres lumineuses « The Stranglers, 50 Years in Black, The Anniversary Tour 2025 ». Une affiche qui a de la gueule, comme on dit de par chez nous, et en pénétrant dans l’antre du fameux music-hall du boulevard des Capucines, un public qui semble avoir vécut l’intégralité de ces cinquante années à l’écoute de son groupe fétiche. C’est en effet une masse grisonnante et en grande majorité masculine qui occupe les lieux, à grand renfort de tee-shirts à l’effigie de cette tournée anniversaire, ainsi que pour les plus chanceux, de goodies d’époque. L’Olympia affiche quasiment complet, et la salle devenue depuis quelques années le lieu de rencontre fétiche à Paris avec les Stranglers, on y perçoit comme une heureuse routine pour ces afficionados de retrouver les Anglais en son sein.

Jouissant d’une belle popularité en France, Jean-Jacques Burnel et Baz Warne sont d’une fidélité à toute épreuve envers leurs fans français. Une année seulement après un Olympia lui aussi plein, The Stranglers remettent le couvert et vont à cette occasion dérouler un set en deux temps, occupant seuls la scène, un tel menu ne laissant aucune place à une quelconque première partie.

Face à une fosse dont les premiers rangs ont bravé les intempéries depuis de longues heures pour être aux meilleures places, c’est vers 20h10 que nos « Men in Black », soit Jean-Jacques Burnel, Baz Warne, Jim Macaulay et Toby Housham pénètrent sur la grande scène, cette dernière revêtue de deux estrades où se situent la batterie et les claviers afin de laisser toute la place nécessaire à la basse et à la guitare, le tout sous trois lustres perchés au plafond. En amont, nous découvrons un tambour géant d’origine japonaise trônant au centre de la scène, et sous un spot de lumière rouge, une musicienne viendra le frapper à un rythme très solennel, comme pour sonner le début de cette grand-messe et introduire l’arrivée des héros de la soirée.

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Le concert se scindera donc en deux sets, un premier de cinquante minutes, où les musiciens, costumes noirs de rigueur, nous interprètent une première salve de titres tous issus, à une exception près, des premières années de carrière, de 1977 à 1984. Une entrée en matière plutôt bien pensée car permettant de rappeler les bases, et pour les quelques néophytes présents, de s’immerger dans les racines du groupe. Une entame qui cependant mettra un peu de temps à lancer la machine, le public très en retenue sur cette première partie, probablement plongé dans ses propres souvenirs à l’écoute de The Raven, Princess Of The Streets ou de Down In The Sewer, titres que nombre de spectateurs ont découvert sur scène aux alentours de 1978-79. Il est donc assez étonnant d’entendre en plein milieu Breathe, issu du dernier disque, Black Matters, paru en 2021, qui comme un cheveu gris sur la soupe vient de façon malicieuse troubler cette première partie.

Un entracte débute alors : une quinzaine de minutes où la quasi-majorité des balcons se rue vers les bars, et où les plus téméraires de la fosse ne quittent quant à eux pas leur poste, afin de ne pas perdre un centimètre de leur espace difficilement obtenu dès l’ouverture des portes. En attendant, on apprécie d’écouter les personnes alentours qui, venues en bandes d’amis ou en couples, se remémorent l’un le concert vu en telle année, l’autre la sortie de tel disque avidement acheté en vinyle à l’époque au disquaire du coin, à un prix qui n’obligeait pas à prendre un crédit à la consommation. Une ambiance très bon enfant, qui dénote d’avec les souvenirs de mosh-pit évoqué par les warriors présents dans les clubs qui ont vu débuter The Stranglers à Paris. Une énergie présente dans le cœur des musiciens, mais bien naturellement plus discrète cinquante ans après, sans pour autant peser sur la qualité d’interprétation des titres, la basse de Jean-Jacques Burnel sonnant parfaitement juste depuis tout ce temps.

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La reprise se fait avec un second set plus conséquent, celui-ci d’une heure vingt minutes pour un nouveau voyage dans les malles à trésor du groupe. Les dix-huit titres à suivre explorent un peu plus profondément sa discographie mais demeurent en majorité dans la période de la fin des années 70, époque qui fit découvrir The Stranglers aux yeux du monde, alors dotés du magnifique clavier de Dave Greenfield, disparu en 2020. Des punks pas vraiment punks, en avance sur leur temps de quelques années car porteurs de ces nappes synthétiques qui allaient être le fonds de commerce de toute la scène anglaise qui suivit, et une férocité tant sur scène que dans le public qui ne s’est que rarement démenti à ce moment-là.

The Stranglers 9.10.24 05Ainsi, nos musiciens qui on fait tomber la veste déroulent une sélection qui mettra enfin une véritable ambiance dans la salle, les plus motivés dans la fosse générant les petits mouvements tant attendus et faisant se lever de leur sièges les spectateurs des balcons. Se baladant majoritairement avant 1990, avec l’arrivée des gros tubes que sont Duchess, Golden Brown, Always The Sun ou Tank, quelques incursions dans le répertoire plus discret des Stranglers sont menées, avec Lost Control, où le chant de Baz se met enfin à rugir, et White Stallion, qui rappelle à ceux qui en doutaient qu’après de nombreuses pauses et turn-overs, The Stranglers n’ont jamais sonné aussi justes qu’en ce début des années 2020. Tout du long, on se régale de la présence scénique de Jean-Jacques Burnel, 72 ans et toujours aussi svelte, au lancé de jambe qui n’a jamais rouillé, et qui ne cesse de danser tête baissée sur sa basse, mouvement copié par les plus grands noms mais jamais égalé. Le chant, bien qu’un peu plus rocailleux, est toujours puissant, et le charisme généré éternellement radieux. Baz Warne quant à lui continue de conforter son rang de chanteur-guitariste des Stranglers depuis presque vingt ans maintenant, et porte haut les morceaux qui ont marqué les esprits, alors chantés par Hugh Cornwell.

Quelques mots sont échangés avec le public par Jean-Jacques, qui, dans son français délicieusement teinté d’accent anglais, se moque sympathiquement des balcons alors associés à l’aristocratie en comparaison d’avec la fosse, représentant elle le peuple et ses gilets jaunes (il faudra alors lui expliquer que ces derniers ont eux même disparus de nos rangs depuis quelques années). C’est alors une sincère série de remerciements qui est adressée au public, fidèle parmi les fidèles, déjà présent lors des premiers méfaits des Stranglers quand ces derniers ne se produisaient que dans les pubs. Le concert se termine sur les deux hymnes les plus significatifs de ces premières années de carrière :  Go Buddy Go et No More Heroes, issus des tous premiers albums, qui figurent déjà sur la liste des albums qui nous ont été fermement recommandés.

Une dernière salve d’applaudissements qui voit enfin l’intégralité du balcon debout, et un groupe heureux de pouvoir réunir une telle communauté de fans depuis cinq longues décennies, tout en continuant avec ses nouvelles productions à convaincre de nouveaux adeptes. The Stranglers, un groupe qui se déguste manifestement comme un bon vin, en prenant de la bouteille.

Texte et photos : Laetitia Mavrel

2 thoughts on “[Live Report] The Stranglers à l’Olympia : cinquante années au compteur !

  1. Bonjour, votre résumé comprend des inexactitudes : 1 contrairement à ce que vous avez écrit le premier set n’a pas duré une heure mais cinquante minutes
    2 le second n’a pas été de une heure et demie mais une heure vingt et il ne comprenait pas 19 titres mais 18. Je suis sûr de moi car je chronomètre systématiquement les concerts auxquels j’assiste et quant au nombre de chansons jouées j’ai la set list originale en ma possession.

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