Ils se sont produits à Bagnolet le 3 avril 2025 : YHWH Nailgun vient de sortir 45 Pounds, un album poids plume dans sa durée, aussi singulier qu’inhospitalier.
YHWH Nailgun, ou un projet né en plein confinement à Philadelphie, entre le chanteur Zack Borzone et le batteur Sam Pickard. Après déménagement à la Grosse Pomme, vont s’ajouter Jack Tobias au synthétiseur et Saguiv Rosenstock d’abord comme producteur puis comme guitariste. Pour un premier album (45 Pounds, sur le label britannique AD 93) ayant déjà eu droit à quelques comptes-rendus anglo-saxons élogieux et une petite réputation scénique.
Un album certes composé de 10 titres, mais dont on se demande si c’est n’est pas, au vu de sa durée d’une vingtaine de minutes, une démo. Un album évoquant des choses pas forcément accueillantes telles que le Animal Collective des débuts, ou l’agressivité sonique du groupe de Hip Hop Death Grips. Un album aux antipodes du mot pop.
Un album composé d’éléments pas tous plaisants à l’oreille mais dont l’assemblage produit une énergie, un truc singulier. La voix de Borzone serait insupportable a capella mais son mélange avec du vibraphone et surtout la batterie de Pickard fonctionne. Ces deux derniers éléments évoquent la coloration tropicale/exotique vers laquelle le Post-Punk de leur ville d’adoption a pu parfois tendre (depuis Talking Heads au moins). Pickard donnerait presque envie d’écouter un batteur solo en concert avec ses rythmes renvoyant à l’Afrique et à l’Amérique du Sud. Peut-être le but est-il d’être à la fois malaisant et quand même dansant.
Les morceaux atteignent occasionnellement une impasse alors qu’ils sont très courts. En live, ce qui est visible sur la toile est marqué par le talent de drummer de Pickard et un Borzone à la gestuelle et au style vocal se voulant en transe mais n’évitant pas le poussif. Et on n’est pas capable d’expliquer ce qu’apporte le renoncement à la basse mais tout n’a pas besoin d’explication.
Est-ce un son singulier qui ferait oublier un manque de chansons ? Le groupe peut-il étoffer son identité musicale ? Il n’y a pas besoin de se presser pour répondre.
Ordell Robbie