[Live Report] Peter Doherty au Trianon : plutôt pour…

Peter Doherty au Trianon, c’était une triple première partie, un concert réussi et quelques couacs.

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Peter Doherty au Trianon – ¨Photo : Eric Debarnot

Commençons par une question complètement vaine en rapport avec le concert (complet) de ce samedi soir au Trianon : faut-il faire un rappel ? En début de carrière, Suede refusait par exemple d’en faire. Mais, avec le temps, ils ont fini par y venir. Surtout, les débuts du groupe londonien correspondaient à une période où le prix de la place de concert parisienne était nettement plus accessible qu’aujourd’hui. Derrière le rappel, il y a au fond une règle tacite de respect du public, une règle enfreinte par le « Libertine » désormais résident français.

Sur la fin de son concert, Peter Doherty avait convoqué à plusieurs reprises le fantôme des Smiths. Last of the English Roses se finissait dans la saturation, Doherty murmurait How Soon Is Now ? et le « Diddley Beat » de Marr pointait le bout de son nez. Un peu plus loin, les premiers rangs se retrouvent invités à investir la scène, sans doute en souvenir des invasions scéniques des Mancuniens.

Alors que le public redescend, le beat de Panic retentit. Même si Doherty n’a pas l’étoffe vocale pour le morceau, c’est une occasion de reprendre en chœur un classique smithien qui ne se boude pas, surtout que le groupe s’en tire bien. Et puis… au revoir. Le public réclame un rappel, il chante à gorges déployées le Tainted Love original de Gloria Jones craché par la sono. Peine perdue. Cela ne rend pas le concert mauvais, mais ça le fait passer d’excellent à très bon.

2025-04-26-0031 Junior Brother

Mais revenons au début. Que l’on me pardonne déjà d’être arrivé trop tard pour Dermot Henry. Peter Doherty arrive donc sur scène. Il vient vendre au public des magazines pour 10 euros et certains les achètent. On pourrait prendre ça comme un canular. Mais la « plaisanterie » se répètera juste avant l’arrivée de la « troisième première partie » de Doherty. Commençons par la « deuxième » : l’Irlandais Junior Brother, son folk traditionnel, sa guitare acoustique. Pour une partie instrumentale écoutable gâchée par le chant et ses pénibles maniérismes.

2025-04-26-0046 Vona VellaCela va mieux avec les Britanniques de Vona Vella. Un groupe dont le deuxième album sortira à l’automne. Un groupe ayant déjà un petit CV : remarqué à ses débuts par Paul Heaton (Housemartins, Beautiful South), premières parties des Libertines, de Tim Burgess, Morcheeba et Doherty solo. Sans cynisme aucun, un groupe que je nommerais parfait groupe de « Prom Night » pour un teenage movie anglo-saxon situé dans les années 1990. Avec une chanteuse à l’allure vaguement Zooey Deschanel et le guitariste, qui duettise parfois avec elle, et qui rappelle un peu Chalamet. Et, au gré des morceaux, un peu de pop saturée du début des années 1990, un peu de Belle and Sebastian, un peu de ligne claire, un peu de basse Pixies, un peu de pop au ton estival. De quoi peut-être les tenter sur disque.

Puis c’est Doherty. Dont les sets solos ont toujours été meilleurs que ceux des reformations des Libertines, où, hors leur batteur, le groupe semblait là pour payer ses impôts. Des choses ont bien sûr évolué depuis le concert de la Cité de la Musique datant de la période Grace / Wastelands, un album où Doherty était « canalisé » par Graham Coxon et Stephen Street. Il se produit désormais en groupe, la bière – consommée avec une relative modération – a remplacé la bouteille de vin descendue lors du concert de l’époque, et le vapotage s’est substitué la cigarette. Ses orteils ont failli être enlevés, il porte des chaussures orthopédiques en raison d’un diabète de type 2.

2025-04-26-0004 DohertyPas de trace scénique de ces ennuis de santé, heureusement. Doherty n’a pas besoin de déployer une immense énergie pour exister sur scène, le moindre de ses mouvements respirant naturellement le dandysme. Autrement dit : une Rock Star. Les titres d’un Felt Better Alive à paraître s’intègrent bien à la setlist, à l’exception du très variété française Felt Better Alive, justement.

Le reste couvre Grace / Wastelands (I Am the Rain, Salome, Last of the English Roses), l’inaperçu Hamburg Demonstrations (Hell to Pay at the Gates of Heaven), les Babyshambles (le kinksien Albion), les Puta Madres. Et bien sûr les Libertines, avec notamment un Time for Heroes enflammant le public. Doherty s’en tire mieux vocalement avec le Velvet qu’avec les Smiths : excellent Ride Into the Sun avec un bout de Don’t Look Back in Anger en intermède.

De cette soirée reste un sentiment de réussite d’ensemble et de quelques couacs. En attendant de voir si la qualité de l’album à paraître égale celle de celui avec Frédéric Lo.

Texte : Ordell Robbie
Photos : Robert Gil

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