Thalia Zedek Band  – The Boat Outside Your Window : enfin la reconnaissance ? 

La nouvelle mouture du Thalia Zedek Band sort un album une nouvelle fois remarquable. L’urgence et la qualité mélodique de ces compositions ont tout pour lui permettre d’agrandir son public.

Thalia Zedek - 2025
© Mark Shaw

C’est le même constat à chaque nouvel album  : Thalia Zedek sort ses albums dans une indifférence générale, malgré une constance remarquable dans la qualité. Pour rappel, Thalia Zedek était entre autres la chanteuse et guitariste de Come, un groupe de rock indépendant cofondé avec Chris Brokaw, ayant sévi dans les années 90 et responsable de 4 albums remplis de morceaux sombres et adorés par la critique de l’époque.

The Boat Outside Your WindowAprès la séparation du groupe, Thalia Zedek a démarré dans un premier temps une carrière sous son nom, avant de fonder le Thalia Zedek Band. Les premiers faits d’armes ont consisté en des reprises habitées de Leonard Cohen (Dance Me to the End of Love), du Velvet (Candy Says), et surtout d’un extraordinaire joyau pioché dans le Blood on The Tracks de Dylan. Je ne peux que conseiller l’écoute de ce You’re a Big Girl Now pour donner envie de se plonger dans la discographie complète du groupe.

Quatre ans après Perfect Vision, l’offrande de ce printemps s’appelle The Boat Outside Your WIndow, et il faut vraiment que je vous en parle pour qu’il ne passe pas sous les radars une fois de plus. La pochette, magnifique, fait penser à celles du label ECM, mais n’est pas représentative de la musique. Entière, forte, tempétueuse, exigeante, mais malgré tout accessible, sa qualité sidère une fois de plus. Le changement majeur concerne le line-up. Autre fois fidèle contrepoint de la voix et de la guitare de Thalia Zedek, le violon de David Michael Curry est ici absent. Et pour cause, il a quitté le groupe en 2021, ceci marquant la fin d’une époque tant sa présence constante en était devenue l’une des caractéristiques du son. Il est remplacé par la pedal steel de Karen Sarkisian, qui donne une touche americana à cet album. Les fidèles Winston Braman à la basse et le grand Gavin McCarthy à la batterie sont toujours là. Nettement moins frénétique que celle de Come, la musique du Thalia Zedek Band se situe maintenant à la lisière du rock indépendant à guitares, du Classic Rock et même de l’Alternative Country. Thalia Zedek privilégie les mélodies, et son chant apaisé tranche avec l’urgence de ses interprétations passées, mais avec une intensité toujours aussi présente, et un groupe dont la musicalité et l’osmose sont remarquables : Ça joue fabuleusement bien.

Premier single précurseur de l’album, Tsunami donne le ton, musicalement mais aussi au niveau des paroles. Jamais ouvertement politiques, elles se situent à la lisière de l’intime et de l’universel. Morceau sur la résilience « Holding on, fighting like a drowing man »), il se termine sur une citation inversée des Who : « And this time the kids are not alright », symbole des temps qui changent.

Circus, quant à lui, n’aurait pas dépareillé sur The Best Day de Thurston Moore, même si la pedal steel lui donne une connotation countrysante.

Aucun titre faible sur ce disque totalement euphorique, qui enchaine les morceaux marquants et certaines des plus belles compositions jamais écrites par Thalia Zedek, dont Dissolve et l’extraordinaire et poétique Boat, sur lequel elle n’a jamais aussi bien chanté. Aliyah, placée en deuxième position, est également un sommet poétique sur une ancienne Tour de Babel et l’absence de communication entre nous : « We are all deaf, all we can hear is the ringing, sreaming in our ears / We are all blind, the darkness is absolute now, nothing penetrates” (Nous sommes tous sourds, nous n’entendons que les bourdonnements et les cris dans nos oreilles  / Nous sommes tous aveugles, l’obscurité est totale, rien ne pénètre). Pin est plus classiquement indie rock, le chant de Thalia Zedek se rapproche de Patti Smith. Naming Names est encore magnifié par la pedal steel, sa mélodie nous transportant instantanément.

L’album se clôt par un fabuleux Under Whether, dans lequel Thalia Zedek semble au bord de la crise existentielle « Give me one reason that we should believe in eternity  / Give me one reason that we should believe in anything » (Donnez-moi une raison pour laquelle nous devrions croire en l’éternité / Donnez-moi une raison pour laquelle nous devrions croire en quoi que ce soit), pendant que le groupe donne toute sa mesure.

Incontestablement l’un des meilleurs albums de cette première partie d’année 2025. Nous attendons le groupe impatiemment en concert.

Laurent Fegly

Thalia Zedek Band  – The Boat Outside Your Window
Label : Thrill Jockey
Date de sortie : 23 mai 2025

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