Même si l’on regrette que Bosch : Legacy tire sa révérence après seulement trois saisons, cette dernière dizaine d’épisodes est certainement la moins convaincante de toutes…

Cette fois-ci, après seulement trois saisons de Bosch : Legacy, cette seconde série, moins enthousiasmante, qui avait succédé à l’originale, Bosch (7 saisons, quand même !), excellente, il semble bien que Connelly raccroche les gants télévisés, et que nous devrons nous contenter – ce qui est tout sauf un problème – de ses romans. On quittera l’un des plus « beaux » (comprenez complexe, intrigant, paradoxal, etc.) héros récents d’une série policière US avec des regrets, et ce d’autant plus que ces dix derniers épisodes sont probablement les plus faibles de tous…
… Car si, comme de coutume, plusieurs enquêtes – tirées de différents livres de la « saga littéraire Bosch » s’enchaînent et s’interpénètrent au fil de ces épisodes, il est cette fois indéniable que l’accumulation de « plots » et « subplots », pas tous bien traités, crée à la fois un sentiment de saturation et de frustration : le principe était, dans les neuf saisons précédentes, qu’il y ait une intrigue principale, complétée par des histoires « secondaires », plus simples, plus rapidement résolues. Ici, on passe systématiquement du coq à l’âne, le tout à un rythme effréné, ce qui nous laisse souvent avec l’impression qu’on n’a pas vraiment tout compris à ce qui vient de se passer. Certaines enquêtes, comme la dernière, qui voit l’apparition in extremis de Renee Ballard, soit un personnage important des livres qui fait un drôle de tour de piste alors qu’on en est à la conclusion de la série, sont bâclée en moins de quarante-cinq minutes, ce qui est réellement un comble, tant la crédibilité du processus d’investigation – sur laquelle est basée toute l’œuvre de Connelly – est mise à mal…
Bien entendu, l’un des grands charmes du travail de Michael Connelly est la richesse de ses personnages, et leur évolution – ainsi que celle de leurs rapports – au fil des années, alors que l’âge arrive et que l’expérience se double d’indéniables désillusions. Et, en dépit de ces failles narratives, cette dernière saison de Bosch : Legacy délivre à peu près ce qu’on attendait : entre la relation entre Honey Chandler (Mimi Rogers, qui semble souvent fatiguée…) et Harry Bosch (Titus Welliver, toujours vaillant, lui) qui est passée de la haine / rivalité à l’amitié / respect, et surtout la maturité très convaincante de Maddie en enquêtrice solide (Madison Lintz, devenue peu à peu l’un des grands intérêts de la série), il nous reste de quoi passer d’excellents moments en compagnie de ces personnages que nous aimons.
On tiquera néanmoins sur le choix – décalé par rapport aux livres – de rendre Bosch ouvert à la violence personnelle pour régler ses comptes, comme un vulgaire redresseur de torts hollywoodien, ce qui est bien loin de sa personnalité établie, certes rétif à la discipline, mais toujours moralement inattaquable. Formellement, on regrettera le choix, désormais « à la mode », d’une image sous-exposée et donc souvent illisible, ce qui ne rend pas le visionnage très confortable.
Bref, on quitte la version télévisée des enquêtes de Harry Bosch sur un sentiment mitigé, ce qui est dommage quand on repense aux sommets qu’avait atteint la première série à mi-course.
Eric Debarnot