Pas le temps de compter fleurette, HOON démarre en trombe, avec un nouvel album très punk, dans la tradition de ses aînés mais avec une solide réputation de bêtes de scène ! Speed and Fatigue mélange les humeurs, les rythmes, et fait monter la sauce jusqu’à ce qu’elle fasse tache, avec 12 titres furieusement et rondement menés.
Être punk en 2025 peut justifier bien des interrogations : à l’ère du « modernisme » intégral, dans un monde où le réel nous renvoie notre propre image d’objet, de marques ou… d’appartenance à une dissidence qui n’a pas de nom, la rébellion permet-elle même de s’extraire de l’ennui, de la routine ? L’attirance pour les musique du passé ne serait-elle pas morbide ? Ne nous est-il pas étrange d’avoir l’impression que tout n’est que finalement qu’une boucle se répétant à l’infini ?
HOON incarne une musique qui précède l’inquiétude de l’avenir, tout en brûlant la mèche du présent : le quatuor australien jouit d’une réputation non néglieable, celle de s’être hissé parmi les énergumènes les plus excentriques de la scène Rock. Le public est formel, HOON est « number one ». Avec pas moins de 10 ans d’existence, HOON a réussi à résister aux affres du temps, mais aussi aux addictions.
Deux albums sortis confidentiellement sous la forme de cassettes, et c’est en 2023 que Daniel Breda et ses acolytes gravent enfin leur musique sur vinyle. Encore peu connu en Europe, le groupe est une référence pour les Moshers de tout poil, et il n’en fallait pas plus pour que leur attitude de slashers, se répande, grâce au single Simon Says. De gros riffs bien baveux, un chant brinquebalant, le tout condensé en 2 minutes 48 : bingo la case est cochée, et on demande la suite ! Speed and Fatigue résume à lui seul 10 ans d’ébullition punk savamment dosée. La matérialité d’une culture désespérée sous la forme d’un laboratoire tenu par des fêlés de chimie. L’évocation d’une énergie aussi intense qui inverse tous les sens, Rinsed en ouverture, n’est qu’une entrée en matière : son crade, chant déclamé comme un manifeste, refrain minimaliste. HOON a pour caractéristique d’avoir des titres toujours très lapidaires. Seems Pretty porte bien son nom, la tentation est trop forte. On se laisse piéger et la mayonnaise monte jusqu’à en dégueuler. En 12 titres, HOON réussit à jouer ses propres cartes. Tout en étant critique à l’égard des institutions, le quatuor cultive un art de la dérision. Le Rock australien appartient à une écurie totalement différente de la scène américaine.
Après avoir écumé les scènes australiennes en compagnie de groupes tels que Belair Lip Bombs, Snooper, Hoon ouvrira pour le groupe US Slaughterhouse (PostPunk tendance Post Core) en Allemagne, avant d’entamer une grande tournée européenne.
Bien plus que de simples musiciens, les membres de HOON ont créé en parallèle Speed Drive Inc., une association chargée de faire la promotion de l’art sous ses multiples formes, d’encourager des groupes à franchir le cap en matière de concerts. Un collectif comme il en existe beaucoup dans cet immense pays-continent qu’est l’Australie.
Franck irle