Inévitablement moins époustouflante que la première, cette seconde saison de Last of Us alterne des hauts et des bas, mais, au moins, ne nous fâche pas avec la série…

Deux ans d’attente après la remarquable première saison de The Last of Us, c’est beaucoup, mais, étant donné le remarquable travail effectué par Craig Mazin et Neil Druckman, on pouvait comprendre la nécessité de prendre du temps. Car la seconde partie du récit des aventures d’Ellie et Joel présentait de nouveaux défis, tous les pratiquants du jeu le savaient : tout d’abord le recentrage de la série sur le personnage d’Ellie, dont même les non-adeptes du jeu savaient qu’il allait advenir (les spoils avaient fleuri sur le Net dès la fin de la première saison) ; ensuite, l’engloutissement de la saga dans une noirceur plus extrême encore, avec Ellie comme tueuse ultime.
Le résultat de cette longue attente n’est malheureusement pas au niveau espéré, et nous oblige à reconsidérer notre admiration pour la série, qui ne se distingue plus aussi nettement du tout venant post-apo proliférant sur les plateformes. Bon, n’exagérons pas non plus, on n’est pas tombé au niveau abyssal d’un Walking Dead, mais certaines scènes d’exploration de locaux obscurs possiblement infestés de zombies font peur, justement parce qu’on frôle les mêmes clichés.
Le problème, pour le « téléspectateur lambda » est que cette seconde saison ne contient que deux épisodes réellement au niveau de ceux de la première : le deuxième, Through the Valley, se révèle dévastateur, conjuguant puissance émotionnelle et action éprouvante ; le sixième, The Price, construit comme une série de flashbacks, retrouve en grande partie la vieille magie de la série quand elle se concentre sur l’aspect purement « humain » de l’épopée de Joel et Ellie (Pedro Pascal y déployant superbement son charme et son talent d’interprète, qui font de lui l’un des acteurs actuellement les plus en vue dans le cinéma…).
Pour le reste, on est plus dans un « produit standard » de divertissement, aussi sombre soit-il, ce qui fait écho à un incident rapporté entre Pedro Pascal et Druckman, à qui l’acteur reprochait de ne pas comprendre ce qu’était « l’Art ». Plus grave sans doute pour notre adhésion à The Last of Us, le manque de vraisemblance de nombre de rebondissements dans la partie finale se déroulant à Seattle, qui souffre d’une simplification extrême des situations au milieu d’un environnement pourtant complexe d’affrontements entre factions rivales (on en voit, en fait, soit trop, soit trop peu !).
Les experts du jeu vidéo accusent les scénaristes d’avoir voulu rendre le personnage d’Ellie plus acceptable aux yeux du grand public, c’est-à-dire, même si son homosexualité irrite l’Amérique MAGA…, plus proche des standards moraux de la société US, plus féminine, plus « maternelle », plus fragile. Et de l’avoir du coup démunie de son instinct de tueuse froide résultant de l’éducation donnée par Joel, rendant ainsi ses décisions et ses actes incohérents dans son périple de vengeresse.
En résumé, bien que demeurant éminemment regardable, The Last of Us n’est plus l’ovni qu’elle était. Reste que le final brutal et relativement mystérieux du dernier épisode fait qu’il sera difficile de résister à l’attrait de la 3ème et dernière saison.
Eric Debarnot