Le quintet américain Frankie and the Witch Fingers est de retour avec Trash Classic, un album Garage-Punk-Psyché-Surf-NoWave au groove démentiel et aux rythmes frénétiques !
Au rayon des curiosités musicales, Frankie and the Witch Fingers est en tête de gondole, non pas que la promotion de ce nouvel album se limite uniquement à une production bombardée d’un esthétisme racoleur ou à des éloges préfabriqués par un assentiment aveugle : rien de tout cela chez le quintet Américain ! Avec Trash Classic, le groupe de Los Angeles réussit un tour de force, en parvenant à surmonter toutes les intrigues de la réalité, en condensant dans un gabarit musical les produits du quotidien dont nous dépendons. Frankie And The Witch Fingers répertorie sous la forme d’un catalogue les objets de la servitude et les symboles de vanité. Trash Classic est chargé d’une énergie foutraque dont les ingrédients sont à la croisée d’une multitude de genres musicaux, Garage-Punk-Psyché-Surf-NoWave avec cette sonorité crade gavée de synthés détraqués dont le morphisme est celui d’une substance en constante recomposition. TV Baby est le détonateur primaire qui remet les pendules à l’œuvre. Derrière l’écran, les déchets envahissent chaque interstice. Le thème de la décrépitude de notre monde n’échappe pas au groupe transformé en machine à broyer.
Trop souvent comparés aux Osees, le combo US se bonifie en préservant leur base de bricolage maison, tout en y ajoutant un groove démentiel, déjà audible dans les albums Monsters Eating People Eating Monsters ou Data Doom. La spécificité de Trash Classic est de pousser le curseur dans des retranchements insoupçonnés, sortant d’une trajectoire répétitive dans laquelle de nombreux groupes se sont laissés piéger. L’abolition du temps réagit sur l’espace, Total Reset tressaille, fulmine avec ses éclairs bruitistes, avec cette interruption inattendue qui vient renfoncer le clou déjà planté dans l’encéphale. Monstrueusement novateur, Economy est l’épicentre d’une furie dévastatrice en termes d’explosion sonore, pendant que Fucksake et sa rythmique dansante, ondulante, s’adjoint de quelques segments électroniques parfaitement intégrés aux guitares.
Mais de quelle énergie s’abreuve Frankie And The Witch Fingers ? Une stimulation que Conducting experiments prolonge dans une spirale addictive, un trip sur dancefloor auquel il est impossible d’échapper. Au rebut le défaitisme qui s’est emparé des esprits, l’énergie canalisée par le groupe ne cesse de croître. Il y a des personnes qui s’avancent sur la scène du monde essayant de changer le sens du récit, en rejetant ce vieil ordre séculaire avec une exigence de mutation profonde. Entre cartoon et dystopie, le gang de Josh Menashe s’évertue à refuser l’intégration de la brutalité dans l’existence. Malgré la persistance de rythmes frénétiques, Trash Classic permet de se glisser dans une faille spatio-temporelle où le chaos rejoint la plénitude d’une énergie vitale, salvatrice.
Franck Irle
Frankie and the Witch Fingers – Trash Classic
Label : Greenway Records / The Reverberation appreciation Society
Date de parution : 6 juin 2025