Le batteur californien Joey Waronker et le producteur Pete Min signent avec King King un album instrumental ambitieux, où le jazz Californien croise les structures complexes du post-rock de Chicago. Une œuvre subtile, planante et audacieusement construite.
A la première écoute, King King semble nous ramène à cette chère scène post-rock de Chicago des années 90, avec en tête, les incontournables Tortoise. On retrouve sur cet album ce goût pour les structures mouvantes et complexes, les textures organiques, les musiques instrumentales jazz dans lesquelles la batterie tient une place importante.
À la composition, on retrouve le batteur californien Joey Waronker (Atoms for Peace, Beck, R.E.M.) et le producteur multi-instrumentiste Pete Min, figure de l’excellent label Colorfield, déjà croisé aux côtés de Chris Dave ou Meshell Ndegeocello. Le duo s’entoure ici d’un casting haut de gamme : Benny Bock aux synthés, Daphne Chen aux cordes, Mark Guiliana à la batterie, Nicole McCabe au saxophone, Gabe Noel au violoncelle et à l’ocarina, et Jeff Parker – autre figure centrale du son post-rock de Chicago – à la guitare.
Au total, 10 titres, qui reposent sur l’improvisation où rien n’est figé. Le jazz y flirte avec le psychédélisme, la musique progressive, la musique contemporaine. Le groove se déploie par couches subtiles, le tempo accélère puis ralentit dans un même morceau, les mélodies apparaissent puis s’évaporent dans un décor sans cesse changeant. On l’aura compris, King King est un disque exigeant, sophistiqué, mais heureusement jamais ennuyeux, bien au contraire, car au fil des écoutes il se bonifie sans cesse.
Sorti sur Colorfield, King King pourrait aussi facilement être au au catalogue d’un label comme Brainfeeder, tant il cultive, à sa manière, cette fusion des genres avec autant d’audace que d’imagination, comme chez Kamasi Washington ou Flying Lotus, par exemple. Une belle réussite, en tout cas que cet album qui devrait séduire celles et ceux qui auraient envie de se replonger à l’époque où les amateurs de rock partageaient des goûts communs avec les amateurs de Jazz.
Benoit Richard