Les auteurs nous proposent une descente dans les bas-fonds de la déjà prospère New-York, trente ans après la guerre de Sécession. Libéré de l’esclavage, Dred Scott se lance, au péril de sa vie, sur la piste sanglante du meurtrier de son père adoptif.

Orphelin, fils d’esclaves, le très jeune Dred Scott a été confié à un vétéran des Colored Troops des troupes de l’Union ayant servi sous les ordres du général Hadley. Curieusement, le père de son père adoptif était, au même moment, le domestique attitré du célèbre colonel Mosby, un audacieux sudiste. Lui-même n’a aucun souvenir de sa petite enfance, si ce n’est le « B » de Bellemont, la marque au fer rouge sur son cou. Malin et courageux, Dred a été repéré par Ungus Byrnes, le chef de la police. Officiellement rémunéré comme balayeur, il devient rapidement son adjoint officieux. Quand le général Hadley est assassiné, le principal suspect n’est autre que son fils, qui le haït. Mais, ce dernier est mort en prison. Tandis que Byrnes semble avoir hâte de classer le dossier, Scott mène, à ses risques et périls, sa propre enquête.
Le scénario de Tom Graffin et Jérôme Ropert nous projette dans un univers peu connu, celui des États-Unis de l’après-guerre de Sécession. Le Nord abolitionniste a définitivement vaincu le Sud esclavagiste. Vainqueurs et vaincus se retrouvent, à distance respectueuse, dans la grande ville de New-York. Les premiers dominent le monde politique et économique. Les seconds pochtronnent pour oublier ou se replient dans des cercles privés pour pleurer l’ancien temps, tandis, que les plus coriaces, tous plus ou moins liés aux fantômes du Ku Klux Klan, ont mis la main sur la pègre et maintiennent à distance une police corrompue. Byrnes ferme les yeux sur leurs trafics, il estime que son rôle est de lutter contre l’anarchie et la guerre civile. Tout sauf cela !
Pour sa première bande dessinée, le trait précis et parfaitement documenté de Thibault Descamps est très agréable. Formé à l’école de l’animation, Il a notamment été storyboarder sur la saison III de la série Les Merveilleuse Cités d’Or en 2015. Ses planches sont dynamiques, ses personnages expressifs et joliment croqués. Les couleurs douces, les subtils jeux de lumière et le travail sur les matières contrastent avec la noirceur du sujet.
L’enquête de Scot dérange la police et la pègre. Elle le conduit à plonger dans son propre passé. Le meurtrier pourrait être lié au massacre des esclaves de la plantation Bellemont, là où sont mort ses parents biologiques et où il a été recueilli. Il apparaît que le monde est plus complexe qu’il ne le pensait. Il découvre l’existence de bons maîtres et de libérateurs cupides et violents. L’univers se révèle plus souvent gris que noir et blanc. Pour découvrir la vérité, Scott va devoir changer de camp et nous contraindre à attendre le second et dernier tome.
Stéphane de Boysson
Dred Scott, vol.1/2 : New York 1893
Scénario : Tom Graffin et Jérôme Ropert,
Dessin : Thibault Descamps
64 pages – 15,90 €
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Parution : 28 mai 2025
Dred Scott, vol.1/2 — Extrait :
