Wolf Alice – The Clearing : Raz de marée imminent

Le 4e album des londoniens de Wolf Alice est un accomplissement : Alors que l’on pouvait s’attendre à un disque commercial au moment où la pression était maximale sur le groupe, The Clearing est l’album de la maturité,  gorgé de superbes mélodies.

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© Rachel Fleminger Hudson/Columbia

Ils nous ont fait peur les Wolf Alice. Après les splendeurs de Blue Weekend sorti en 2021, le groupe était très attendu. Cet album avait réussi à transcender l’aspect indie-rock des 2 premiers efforts du groupe en les projetant sur une autre dimension : Des compositions remarquables et une chanteuse guitariste, Ellie Rowsell, destinée à être une star, mais au service d’un vrai groupe. Wolf Alice est aussi à l’aise dans les brûlots punks que dans les mid tempo, et des ballades comme The Last Man of Earth ou Delicious Things pouvaient laisser entrevoir un potentiel commercial important pour un groupe qui avait clairement ralenti le tempo de ses deux premiers albums. Combien de jeunes groupes rock peuvent se targuer d’avoir ce potentiel ? Au moment où Rock en Seine ne consacre plus qu’une journée au rock, et avec des récentes nominations aux Grammy Awards plébiscitant….les Rolling Stones, Pearl Jam ou même le Now and Then des Beatles, Fontaines DC apparait comme le seul groupe rock fédérateur apparu au cours des 10 dernières années. Wolf Alice, prétendant sur ces hautes sphères, est donc un cas rare dont évidemment l’industrie s’est emparée.

wolf aliceAprès 3 disques sortis sur un label indépendant (Dirty Hit), The Clearing sort sur Columbia, et le premier single sorti en avant-première Bloom Baby Bloom ne nous avait pas emballé du tout : Musique peu subtile, sexualisation à outrance d’Ellie dans le clip, publication de la pochette de l’album sur laquelle le reste du groupe est absent, production par Greg Kurstin qui a produit Adèle et Harry Styles, l’impression était celle d’un marketing se préparant à proposer le groupe, ou Ellie seule, en tête d’affiche des mercredis de Rock en Seine en 2026…. Nous étions donc plus que prêts à sortir le bazooka pour la critique de l’album.

Disons le tout de go, cette première impression était totalement à côté de la plaque : Wolf Alice livre avec The Clearing un album absolument remarquable, aux arrangements somptueux et aux compositions subtiles portées la voix d’une Ellie Rowsell qui n’a jamais aussi bien chanté.

Dès le premier titre, Thorns, nous sommes accueillis par des notes de piano avec les cordes et Ellie commence son travail d’introspection : Did it help to take the thorn out? /Telling the whole world you’d been hurt / Your hands won’t clean, you wish to wash your mouth out/ And did you have to dish the dirt?/ Ooh, I must be a narcissist (Est-ce que ça a aidé d’ôter l’épine ? /De dire au monde entier qu’on t’avait blessé/ Tes mains ne se lavent pas, tu veux te rincer la bouche/Et il fallait répandre la saleté ?/ Ooh, je dois être une narcissiste). Nous sommes proches de The Last Man on Earth, et la présence de ce titre en ouverture de l’album est un bon signe. Just Two Girls a une vibe californienne, il suffit d’imaginer Stevie Nicks accompagnée par Sleely Dan. Cette touche Fleetwood Mac est encore plus présente sur le tubesque Passenger Seat qui est totalement irrésistible. Il faut le matraquer celui-là, ca aurait de la gueule de pouvoir en faire un tube Tik Tok imparable.

Entretemps, Leaning Against The Wall et son riff à la guitare acoustique (Joff Oddie, excellent) aura permis à Ellie une nouvelle performance vocale. Play it Out est également dominée par le piano, Ellie y affronte le temps qui passe, elle qui a passé la trentaine : When my body can no longer make a mother of me / Will I change my notion of time? / And will you change your mind?/ On me and I’ll be something to leave behind (Quand mon corps ne pourra plus faire de moi une mère / Changerai-je ma notion du temps ? / Et changeras-tu d’avis ? / Sur moi, et je deviendrai quelque chose à laisser derrière)

Bread Butter Tea Sugar est un quasi pastiche 70’s qui ressemble à une reprise d’Electric Light Orchestra période Out of the Blue, et Safe in the World donne des frissons, Ellie chante divinement, le groupe lui offre l’écrin pour poser sa voix. C’est le type même de morceau qui ne paie pas de mine à la première écoute mais qui peut s’avérer notre préféré sur la durée. Le coup de mou du milieu d’album est donc évité sans difficulté.

Midnight Song, très ancré dans une tradition pastorale anglaise, fait penser aux morceaux de Sandy Denny dans Fairport Convention avant que White Horses ne donne l’occasion au batteur Joel Amey de chanter accompagné par Ellie et un nouveau riff de guitare acoustique. Ce titre a été propulsé comme single, et Wolf Alice marque le coup : Le groupe a certes un atout majeur avec sa chanteuse, mais n’hésite pas à mettre en avant ses autres membres.

The Sofa clôture le disque avec une nouvelle ballade au piano accompagnée de cordes sur la fin. Ellie a des intonations de Carole King et se dévoile comme jamais : I’ll be fine, I’ll be okay /I feel kind of lucky right now and I’m not ashamed to say/ I can be happy, I can be sad/ I can be a bitch when I am mad/I want to settle down, oh, to fall in love / But, sometimes, I just want to fuck (Je vais bien, tout ira bien / Je me sens plutôt chanceuse en ce moment et je n’ai pas honte de le dire / Je peux être heureuse, je peux être triste / Je peux être désagréable quand je suis en colère / J’ai envie de me poser, oh, de tomber amoureuse / Mais, de temps en temps, j’ai juste envie de baiser).

En ralentissant encore plus le rythme, Wolf Alice témoigne de sa nouvelle sérénité. Compte tenu de la qualité de ce disque, nous ne pouvons que leur souhaiter le succès le plus massif possible.

Laurent Fegly

Wolf Alice – The Clearing
Label : Columbia
Date de sortie : 22 Août 2025

 

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