Le passage à guichets fermés du groupe de Rock allemand Die Toten Hosen à l’Elysée Montmartre a engendré une formidable débauche d’énergie de la part du groupe et du public présent. Avec en récompense une série de 4 (!) rappels.

Ce mardi 9 septembre, prendre le chemin de l’Elysée Montmartre était l’occasion de renouer avec un souvenir rock germanique : Die Toten Hosen. Un groupe de musiciens autodidactes dont le nom (pantalons morts) est une expression argotique équivalent de chiant. Un groupe ayant connu le succès à la maison… et en Argentine.
Un groupe découvert lors d’un voyage scolaire en Allemagne à la fin des années 1980. Une période où ce groupe punk de Düsseldorf fondé en 1982 et ayant joué chez John Peel en 1984 devenait populaire à domicile avec l’album Ein kleines bisschen Horrorschau et le tube Hier kommt Alex, tous deux inspirés par le film Orange Mécanique. Leur chanteur Campino a interviewé une Angela Merkel alors (seulement) Ministre, Paul McCartney et Joe Strummer. Il a joué le rôle principal de Rendez-vous à Palerme, un film de Wim Wenders avec Dennis Hopper… et Lou Reed.
Pour des raisons évidentes, le concert était complet depuis longtemps. Il représentait l’occasion pour des Allemands vivant dans l’hexagone ou de passage de voir dans une salle de dimension humaine un groupe/institution se produisant à domicile dans des stades. De plus, comme le rappellera Campino, le groupe ne s’était plus produit à Paris depuis trente ans (1994 à l’Arapaho plus précisément).
Si nous avons raté la première partie Guillotine, l’arrivée dans la salle va vite permettre d’attribuer un gros bon point à un public majoritairement allemand (et multigénérationnel). Dès que la sono crache Blitzkrieg Bop des Ramones, on entend des « Hey, ho ! Let’s Go ! » repris avec détermination et en masse.
Le groupe arrive et débute en instrumental par Spiel mir das Lied vom Tod (en français : le thème musical de Il était une fois dans l’Ouest). Le lancer de verres de bière vides (en plastique) va devenir un sport très pratiqué. Si l’énergie scénique de Campino ne surprend pas ceux et celles qui n’auraient vu le groupe en live que dans des vidéos YouTube, les bases de la maison sont tenues avec talent et sans s’économiser par Vom, batteur (anglais) du groupe, arborant une coupe Johnny Thunders.
Vingt titres seront joués avant le premier rappel. Le public fera un triomphe à Koljah, rappeur lui aussi originaire de Düsseldorf venu faire le duo sur Freitag der 13. Campino parle en allemand, français et anglais, évoquant notamment deux textes écrits en une nuit. Il lance au public une canette vide. Si évoquer Trump pour introduire le génial morceau des Clash est un peu facile, la reprise bien exécutée de I’m so bored with the U.S.A. fait plaisir.
Musicalement, le groupe est Punk ou Metal/Hard Rock sur les meilleurs titres du concert, un peu « Schlager » (équivalent local de la variété) sur ses moins bons. Sur la durée du concert, le public finira par jouer les slammeurs ou pogoter. Et la partie pré-rappels s’achève naturellement en trombe avec l’Hymne Hier kommt Alex.
Puis viendra une série de quatre (!) rappels, grosse prolongation sans doute liée à l’énergie offerte par le public présent : trois titres sur chacun des deux premiers, deux sur le troisième, un seul sur le dernier. Au début du premier rappel, la reprise de First Time de The Boys voit débarquer le bassiste du groupe punk londonien Duncan « Kid » Reid pour prêter main forte.
Lorsqu’en fin de deuxième rappel, le groupe reprend You’ll Never Walk Alone, on se dit que ce serait une parfaite conclusion. Oui mais… la lumière ne se rallume pas et le groupe va revenir, avec notamment le retour aux sources Opel-Gang (allusion au surnom donné à une bande de voyous par un article de journal de Düsseldorf), morceau titre de leur premier album de 1983. Avant la conclusion d’un Mehr davon (Plus de ça).
Effectivement, si le concert n’était pas en semaine, on en aurait volontiers repris encore. Mais on se dirige quand même vers le métro le sourire aux lèvres, après cet excellent concert allemand délocalisé à Pigalle.
Ordell Robbie
Merci infiniment à Florent Gilloury pour les photos du concert.