[Interview] mclusky : “Aimer chaque minute de ce que tu fais !”

Après avoir publié en mai dernier un ébouriffant the world is still here and so are we, ils sont à Petit Bain demain soir : c’était l’occasion de poser quelques questions à mclusky, groupe punk radical devenu culte, qui remplit désormais les salles d’un public rajeuni, et qui a gardé son énergie intacte au fil des années. Voici les réponses d’Andy Falkous, le chanteur guitariste de ce power trio à la fois brutal et intelligent !

mclusky photo 3 - credit Damien Sayell
Photo : Damien Sayell

Benzine : Après des années à rester un nom culte, mclusky joue soudain devant des foules plus grandes et plus jeunes. Qu’est-ce que ces nouveaux auditeurs entendent, selon toi, dans votre musique en 2025 ?

Andrew : Je ne sais pas – peut-être simplement ce qui a toujours été là. Il y a la musique elle-même, et puis la diffusion – au sens large – qu’elle reçoit. Ils entendent quelque chose de brut, évidemment. Ça leur parle peut-être.

Benzine : Comment gardez-vous des concerts affûtés et dangereux sans tomber dans les automatismes hérités de toutes ces années ?

Andrew : En aimant chaque minute. Quand tu aimes ce que tu fais, tout devient facile. Honnêtement, c’est un plaisir total.

Benzine : Quand tu écris aujourd’hui, quel est le premier test qu’un nouveau morceau doit réussir pour « sonner mclusky » plutôt que l’un de tes autres projets ?

Andrew : Il doit surtout passer l’épreuve de Damien (le bassiste) : comme il n’était pas dans le groupe à l’époque, il peut être un vrai emmerdeur là-dessus. Vingt ans ont passé, bien sûr qu’il y aura de légères anomalies stylistiques, mais c’est très bien. Ça fait partie de nous.

Benzine : Dans tes paroles, tu équilibres toujours la fureur, la blague et une étrange tendresse. Comment décides-tu qu’une ligne de texte est trop maligne, pas assez cruelle, ou juste comme il faut ?

Andrew : Je laisse les paroles reposer un moment… Il ne faut jamais décider trop vite… sauf si un rocher te fonce dessus comme dans un Indiana Jones ! (rires) Si les défauts sont là, ils finissent par apparaître.

Benzine : mclusky a toujours sonné carré mais un peu détraqué. As-tu un truc de studio ou de scène pour garder cette énergie « sur le point de s’effondrer » ?

Andrew : Non ! C’est juste comme on est. Si quelque chose est juste, ça ne nécessite presque aucun commentaire. D’habitude, s’il y a ne serait-ce qu’un semblant de discussion, c’est qu’il y a un problème.

Benzine : Si tu devais mettre un classique du set à la retraite pendant un an, lequel — et par quoi le remplacerais-tu pour vous challenger ?

Andrew : Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre, même hypothétiquement. C’est comme choisir entre tes gosses. C’est bien de faire tourner les chansons de la setlist, évidemment. On le remplacerait, quel qu’il soit, par Bad Guys de la BO de Bugsy Malone.

Benzine : À propos du nouvel album : qu’est-ce qui a le plus changé dans votre écriture ou vos arrangements cette fois-ci, et quel titre est devenu « l’étoile polaire » du son et de l’attitude du disque ?

Andrew : Rien n’a changé, c’est toujours bosser dur et se rappeler de prendre du plaisir pendant ce processus, même en répète quand rien ne semble fonctionner… Pour être honnête, une fois l’élan pris, tout a été trop facile… et ça continue pour l’écriture du prochain disque…

Benzine : Vous avez joué plusieurs fois à Paris — quel est votre rapport à la ville et au public français ? Des groupes, salles, labels, collaborateur·ices français qui ont compté pour mclusky ?

Andrew : La première fois que j’ai joué à Paris, j’ai foutrement détesté : le public était d’une impolitesse crasse et ça m’a un peu déstabilisé. Par la suite ? Merveilleux. Je ne pense à aucun groupe français, désolé… j’étale mon ignorance, là !

Benzine : Qu’est-ce qui compterait comme un vrai progrès pour mclusky dans les 12 prochains mois, commercialement ou artistiquement ?

Andrew : Simplement prendre du plaisir à jouer de la musique : c’est la plus grande (et la seule) victoire. Ce serait quand même chouette de gagner enfin vraiment un peu d’argent, mais bon, pourquoi briser une habitude de toute une vie ? (rires)

Benzine : Imagine que mclusky doive jouer un set complet avec un volume sonore « niveau salon » — pas de disto, pas de hurlements. Quels trois morceaux survivraient à cette épreuve ?

Andrew : She Will Only Bring You Happiness, évidemment. Je pense que To Hell With Good Intentions pourrait sonner presque comme un hymne dans le bon contexte, et sur le nouveau disque peut-être, Cops and Coppers. Les rythmes sonneraient ridicules… (rires)

Propos recueillis par Eric Debarnot

mclusky jouera à Petit Bain lundi 6 octobre, et au Marché Gare de Lyon le mercredi 8.

 

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