Nous l’avions déjà invité à nous livrer dix albums de référence en 2018, mais quand on aime… Voici donc, à l’occasion de la sortie de The Sharp Bones of My Sleep, le nouvel album de Perio, cinq autres albums de chevet d’Eric Deleporte, et cinq albums du moment, dont certains franchement électro-pop, et donc inattendus : tant mieux !

5 disques du moment :
King Krule – Space Heavy
Son album le plus réussi. Cette réflexion sur la notion de « space between », voilà ce qui me parle. Avec sa voix grave de crooner punk, son accent anglais, son aisance et sa grâce à jouer ses chansons, Archy Marshall déploie un univers très personnel, atypique, unique. (Titre > Tortoise Of Independency)
Nilüfer Yanya – My Method Actor
À l’instar de King Krule, Nilüfer Yanya fait partie de cette nouvelle génération Gen Z qui n’hésite pas à mélanger Indie-rock, RnB, New Wave et Electro. Je suis tombé par hasard sur Keep On Dancing et la structure harmonique m’a complètement déstabilisé. La séquence qui suit — Like I Say (I Runaway), Method Actor, Binding (ma préférée), Mutations — est un sans-faute.
Edith Frost – In Space
En février dernier, Edith Frost a sorti son dernier album en date après 20 ans de silence. Je l’attendais avec impatience. Sur In Space (le titre de l’album), elle me surprend avec ses jeux de voix. Elle me rappelle Patsy Cline dans l’approche vocale. Something About The War et Time To Bloom sont sublimes.
Rosalía – Los ángeles
On parle beaucoup d’elle depuis un moment et on va encore en entendre parler. Mais ce disque, son premier avec Raül Refree, est magnifique. Guitare, voix… Et sa reprise de I See a Darkness (Bonnie ‘Prince’ Billy) est tellement touchante qu’elle aurait même dû en faire une version espagnole.
Stephane Milochevitch – La bonne aventure
J’ai tous ses disques, y compris ceux sous le pseudo Thousand. Je fais même des voix sur Giant Rainbows, titre phare de son premier album solo (très honoré). Le tunnel végétal marque un tournant dans son travail : il chante en français et ça m’a agréablement surpris. La bonne aventure, sous son propre nom, est son plus bel album selon moi. Je décortique tous ses textes, ses musiques, les arrangements. Stéphane est un génie, le poète du XXIᵉ siècle.
5 disques pour toujours :
Nick Drake – Pink Moon
Ce disque est d’une beauté fracassante. Une guitare, une voix, parfois quelques notes de piano : c’est là que s’arrête la production. Nick Drake s’accroche à chaque note. La guitare frotte parfois, l’open-tuning est à la limite du faux, et cette voix si douce, si vulnérable. Je ne m’en lasse pas.
Felt – The Final Resting Of The Ark
Fan inconditionnel de Felt, découvert sur une compilation du label Cherry Red à l’adolescence. C’est surtout la période avec le guitariste Maurice Deebank qui me touche. J’ai perdu ce maxi 45 tours (ou bien on me l’a volé), je ne sais plus. Felt dévoile une pop étrange, inclassable, gracieuse, soutenue par la voix « off » de Lawrence. Le titre The Final Resting Of The Ark atteint son apogée avec le saxophone soprano de Richard Thomas en guest sur la fin. Un pur chef-d’œuvre.
Alice Coltrane (feat. Pharoah Sanders) – Journey In Satchidananda
C’est une amie new-yorkaise qui travaillait pour le label Impulse! qui m’a fait découvrir Alice Coltrane lors d’une soirée à Brooklyn. Je me souviens de cet instant précis où la basse de Cecil McBee entame le groove sur Shiva-Loka. J’étais en transe. Ce disque ne me quitte plus, comme un mantra avant-garde jazz, modal et spirituel, nécessaire pour commencer la journée.
Jackson C. Frank – s/t
Un unique album. Un chef-d’œuvre absolu. J’ai repris récemment The Blues Run the Game lors de mes concerts en solo cet été.
Adam & The Ants – Kings of the Wild Frontier
J’avais 13 ans quand j’ai découvert ce disque. La pochette me faisait peur. Le graphisme est incroyable. Quelle est cette musique ? J’ai tout de suite été happé par les chansons, comme des hymnes de corsaires, de cowboys et d’indiens. Le choix des deux batteries, l’aspect tribal, et surtout les guitares de Marco Pirroni.
