[Apple TV+] Slow Horses – Saison 5 : un virage vers la comédie ?

Entre satire du pouvoir, démontage du discours populiste et charge contre le terrorisme, la saison 5 de Slow Horses prend le risque de la comédie. Et donc de décevoir une partie de son public.

Slow Horses S5
Copyright Apple TV+

Cela devait arriver. Et c’était sans doute souhaitable, étant donnée la légère déception créée par la quatrième saison de Slow Horses, notre série TV d’espionnage préférée depuis 2022, année de sa création : avec cette nouvelle livraison de six épisodes – un format idéal, répétons‑le, pour éviter le délayage trop fréquent dans les séries TV -, Slow Horses change – légèrement certes, mais indéniablement – de registre. Exit, au moins en partie, le thriller d’action et le drame, et bonjour la satire et la comédie, deux tendances qui ont certes toujours existé, mais qui prennent nettement le dessus cette fois.

Slow Horses S5 afficheÀ partir de sujets très pertinents politiquement – la montée de l’extrême droite populiste, la généralisation des tentatives de déstabilisation des démocraties par leurs ennemis (Poutine dans la vraie vie ; ici – mini‑spoiler – des Libyens revanchards), le choix de Will Smith et de ses scénaristes a été d’accentuer la drôlerie de nombreuses scènes. De pousser même jusqu’au burlesque, comme dans la scène du pot de peinture, que l’on n’aurait jamais imaginé voir dans Slow Horses, par exemple… Et tout cela fonctionne joliment par rapport aux buts recherchés. D’abord, se moquer des hommes de pouvoir hypocrites et lâches : James Callis, dans le rôle de Claude Whelan, est délicieusement haïssable (et ridicule), en déclinaison anglaise de notre « bon » (?) vieux Sarkozy, pataugeant dans les conséquences du bourbier libyen qu’il a lui‑même contribué à créer. Ensuite, rappeler à leurs électeurs que les politiciens d’extrême droite sont avant tout de fieffés menteurs, présentant une vision fantasmée du « roman national » ne correspondant en rien à la réalité. Et enfin – et ce n’est jamais inutile de le rappeler, en ces temps où l’on se remémore les crimes du 13 novembre 2015 -, montrer des terroristes comme ils sont : des brutes ignares et cruelles. Un travail de salubrité publique, donc. Mais qui, on l’imagine bien, ne sera pas pour tous les goûts, certains regrettant le sérieux des précédentes saisons.

Soulignons quand même que ce virage comique de nombreuses séquences permet de mettre enfin en évidence le talent de Christopher Chung (Roddy Ho) et de Tom Brooke (l’énigmatique homme à la cagoule)… au prix de l’effacement de personnages centraux jusqu’à présent, comme River, Shirley ou Diana.

Mais c’est finalement le génial (et là, c’est un qualificatif approprié) Gary Oldman qui apporte la plus belle scène de la saison, avec son récit bouleversant (ou pas ? il faut attendre la fin du dernier épisode pour le savoir) d’une histoire atroce à Berlin au cours de la guerre froide.

Dernier point : le départ annoncé du créateur‑showrunner Will Smith, alors que deux saisons sont encore au programme. Rien d’alarmant a priori : l’ossature solide des romans de Mick Herron devrait continuer à tenir la maison. On guettera tout de même la direction à venir – et on verra si Slow Horses restera notre série d’espionnage favorite, à nous, fidèles disciples de John le Carré.

Eric Debarnot

Slow Horses – Saison 5
Série TV de Will Smith
Avec : Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Jack Lowden, Saskia Reeves, Christopher Chung, Tom Brooke, James Callis…
Genre : Espionnage, Thriller, Comédie
6 épisodes de 45 minutes mis en ligne (Apple TV+) de septembre à octobre 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.