Même si notre équipe s’accorde à penser que 2025 aura été une année de concerts un peu moins flamboyante que 2024, nous vous présentons notre Top 10 des concerts à Paris / Région Parisienne, suivi par les listes des concerts préférés de chacun de nos rédacteurs, qui incluent des concerts vus ailleurs, en Festival ou à l’étranger…

Il y a de plus en plus d’artistes et de groupes de Rock qui ne visitent plus – ou seulement dans le cadre de festivals – la France, étant donné l’intérêt réduit du grand public français pour le Rock. Les cas les plus « choquants » cette année ont été évidemment ceux de Radiohead et de Pulp, qui ne nous ont pas fait l’honneur de passer par chez nous, obligeant nos rédacteurs à faire le voyage pour les voir… ce qui les exclut de notre « Top 10 Benzine » de 2025.
Car nous avons voulu ce Top 10 exclusivement parisien, et ce n’est pas du fait d’une quelconque indifférence vis-à-vis de nos amis provinciaux (nous sommes d’ailleurs à peu près tous des provinciaux émigrés – ou non – plus ou moins récemment à Paris, chez Benzine). Mais, étant donné que nous écumons tous les salles de concerts de la Région Parisienne, avec, pour chacun, entre 50 et (au moins) 150 concerts vus chaque année, nous nous sentions légitimes de vous présenter « la crème de la crème » en termes de prestations Rock live en 2025.
Bien sûr, ce n’est que notre avis, et cela ne reflète que nos goûts. Et nombre de nos lecteurs regretteront des absences injustifiables dans nos Tops. Nous pensons que ce n’est pas grave du tout, et qu’il n’y a surtout pas lieu de polémiquer. Ce qui est vraiment important, c’est que, comme l’a écrit très récemment Nick Cave – qui sait de quoi il parle – en sortant émerveillé d’un concert de Radiohead à l’O2 Arena de Londres : « J’ai été frappé par l’amour profond qui se dégageait : les gens pleuraient, dansaient, sautaient et s’enlaçaient. Un groupe de personnes se connecte à la vision artistique unique d’un groupe et la ressent comme si elle était la sienne : c’est une force très spéciale qui a le pouvoir de réparer le monde par sa bonté. » Oui, chacun de nous à Benzine croit à cela : la puissance bénéfique du partage de la musique quand elle est jouée sur scène avec sincérité, enthousiasme, passion. Oui, Nick, c’est bien pour ça que nous continuons – et continuerons longtemps – à aller voir des gens (des vrais, pas des IA !) nous offrir leur cœur, leur âme, en live.
Le top 10 Benzine des concerts parisiens (par ordre alphabétique) :
Black Country New Road – Casino de Paris – 09/10

À l’occasion de cette date au Casino de Paris, Black Country, New Road confirmait la pleine réussite de sa réinvention. Le groupe a en effet failli mourir après le départ de leur chanteur Isaac Wood, qui trouvait les concerts trop pesants. Pour conjurer le sort, les six rescapés sont partis dans une tournée montée dans l’urgence. À peine les flight cases posés, ils ont enregistré un album sublime, aussitôt défendu sur les routes d’Europe et d’Amérique. Énergisés par le public, entre big band jazz, folk fragile et pop-rock entraînante, ils ont fait évoluer leurs arrangements au fil des saisons. Alors, ce soir-là, le Casino de Paris s’est transformé en fête des lumières, devant des spectateurs transportés. Ce concert, largement centré sur Forever Howlong, confirmait que la formation était désormais parfaitement en place, avec les voix qui circulent, les instruments qui se croisent et les silences qui font partie intégrante du récit. Porté par un public jeune, attentif et engagé, Black Country, New Road affirme avec force que cette nouvelle trajectoire est l’affirmation d’une identité artistique unique et précieuse.
Nick Cave – Philharmonie – 06/07

Nick Cave était de retour à Paris moins d’un an après son concert monumental à Bercy, cette fois dans le cadre du festival Days Off, pour une proposition bien différente : un récital épuré en formation piano-basse, accompagné par Colin Greenwood. Dans la grande salle Pierre-Boulez de la Philharmonie, Cave assume pleinement ce dépouillement, expliquant longuement la genèse des chansons et privilégiant l’essence émotionnelle à l’effet spectaculaire. Le set mêle classiques, titres plus obscurs et rares extraits de Wild God, revisités sans emphase, parfois raccourcis, toujours habités. La basse discrète de Greenwood apporte profondeur et respiration à l’ensemble. Cave instaure une proximité encore plus grande avec le public, compensant l’absence des dispositifs scéniques habituels. Moments de recueillement, humour, fragilité assumée et reprises bouleversantes (Cohen, T. Rex) composent une soirée hors du temps, conclue dans une communion sincère avec ses fidèles. Notre live review complète
Mark Eitzel – Life Is a Minestrone – 29/03

Mark Eitzel se produisait dans une intimité quasi sacrée devant une soixantaine de spectateurs, pour un concert à la fois fragile, chaotique et bouleversant. Seul à la guitare, l’ex-leader d’American Music Club alterne chansons déchirantes, humour désespéré et charges politiques, livrées avec une ironie ravageuse. Le début du set, hésitant et ponctué d’erreurs, renforce paradoxalement l’émotion brute d’une voix toujours poignante. Peu à peu, Eitzel trouve son équilibre, puisant largement dans le répertoire d’American Music Club, dont les titres résonnent avec une intensité intacte. Entre déclarations d’amour à son mari, confidences douloureuses et brûlots d’une troublante actualité, le concert se transforme en expérience intense. Une soirée rare, éprouvante et magnifique, où la vulnérabilité devient force artistique absolue. Notre live review complète
Micah P. Hinson – Café de la Danse – 25/11

Micah P. Hinson, entouré « seulement » d’Asso Stefana et du batteur Paolo Mogardi, nous a livré un set quasi intégralement centré sur son dernier album, The Tomorrow Man, assumant pleinement sa nouvelle trajectoire artistique : moins tournée vers le passé et ses tourments, davantage vers l’espoir et la reconstruction. La voix, toujours bouleversante, a trouvé un écrin ample et subtil dans les arrangements du trio, capables de restituer la puissance émotionnelle de l’album, sans la présence de l’orchestre. Hinson a également longuement dialogué avec le public, mêlant humour, confidences personnelles et prises de position politiques radicales sur l’Amérique contemporaine, son héritage colonial et ses dérives actuelles. Refusant la nostalgie, il a écarté ses anciens classiques pour affirmer une vision tournée vers l’avenir. Un concert dense, profondément humain, unanimement perçu comme l’un de ses plus accomplis. Notre live review complète
Osees – Cabaret Sauvage – 15/05

Chaque passage parisien de Osees s’impose comme un rituel incontournable pour les amateurs de rock extrême et de performances scéniques hors normes. Mené depuis plus de vingt ans par John Dwyer, le groupe transforme chacun de ses concerts en expérience sonique totale, où la violence des sons, la vitesse d’exécution et la tension physique traduisent une intégrité artistique (et politique, aussi) rare. Cette date s’inscrivait dans le sillage d’ABOMINATION REVEALED AT LAST, album incandescent porté par une colère frontale face aux dérives autoritaires, au cynisme contemporain et à la déshumanisation du monde. Sur scène, cette urgence se mue en déferlante garage-punk et psyché, amplifiée par les deux batteries et une énergie quasi apocalyptique. Si la discographie de Osees peut diviser, le live ne souffre aucune contestation : Dwyer y impose une vision radicale, lucide et combative. Un concert, mais aussi une prise de position sonore, essentielle et viscérale. Notre live review complète
Peter Perrett – Maroquinerie – 21/02

À la Maroquinerie, Peter Perrett nous a offert un concert à la fois fragile et émouvant, marqué par le poids des années mais aussi par une flamme toujours bien vivante. Visiblement affaibli physiquement, la voix plus ténue et la guitare souvent délaissée, l’ex-leader des Only Ones s’appuyait largement sur son fils Jamie, véritable moteur scénique du set, dont les solos apportaient puissance et intensité. Après un démarrage hésitant, le concert gagnait progressivement en ampleur, culminant dans une seconde partie formidablement convaincante. Si l’on pouvait regretter une place trop modeste accordée à The Cleansing, pourtant l’un de ses disques les plus forts, certains titres récents faisaient mouche, tout comme quelques morceaux anciens, à commencer par un saisissant The Beast. Une soirée d’une sincérité littéralement bouleversante, où la vitalité de la musique balayait les doutes sur la vieillesse du rock. Notre live review complète.
Cash Savage and The Last Drinks – Maroquinerie – 29/03

Lorsque Cash Savage et The Last Drinks investissent une scène, il n’est pas question de montée en puissance progressive : l’impact est immédiat. La chanteuse australienne s’impose d’emblée par une présence frontale, presque combative, soutenue par un groupe d’une cohésion impressionnante, dont l’équilibre sonore est renouvelé par l’introduction du saxophone. Le concert se déploie sans temps mort sur une durée généreuse, alternant décharges rock incandescentes et moments plus suspendus, sans jamais perdre en intensité. Certains morceaux, accueillis par des ovations dignes d’une fin de spectacle, témoignent de la ferveur du public et de la force du répertoire. Entre puissance brute et vulnérabilité assumée, notamment dans ses prises de parole sur la santé mentale, elle confirme un charisme rare et une stature d’artiste majeure du rock contemporain.
Snow Patrol – Olympia – 30/01

Pour ce retour aux affaire, en cette fin janvier 2025, un mois aride en offre de concerts, seul un groupe légendaire pouvait nous faire sortir avec le sourire de notre coma post-Noël : ce sera Snow Patrol, groupe originaire d’Irlande du Nord qui remplit des stades chez lui mais n’attire qu’un poignée de fans fidèles à chacun de ses passages en France. Un paradoxe quand on pense à tous les tubes de Snow Patrol, comme Chocolate, Chasing Cars, Open Your Eyes, What If This Is All The Love You Ever Get, ou l’incontournable Run. Entre hits et dernières compositions issues de The Forest Is The Path, le toujours aussi sympathique Gary Lighbody, entouré de Nathan Connolly et Johnny McDaid, a à nouveau offert une soirée riche en émotions rock. Un groupe devenu un classique de notre discothèque, et des musiciens toujours aussi humbles et attachants, après toutes ces années.
Sparks – Salle Pleyel – 30/06

À la salle Pleyel, Sparks dissipait à son tour toute interrogation sur la « fin de vie » artistique des grands groupes historiques. Malgré l’âge avancé des frères Mael, Ron et Russell livraient un concert d’une énergie et d’une précision remarquables, portés par un groupe plus jeune mais entièrement dévoué à leur vision. Pendant près de trois heures, Sparks enchaînait une vingtaine de chansons quasi parfaites, mêlant extraits du récent MAD! — album habité par une colère inédite —, grands classiques incontournables et perles plus confidentielles. La performance scénique de Russell, infatigable, et le génie compositionnel intact de Ron confirmaient l’extraordinaire vitalité du duo. Le son puissant, l’orchestration rock et la générosité du rapport au public transformaient la soirée en célébration totale, bien loin de la nostalgie. Sparks prouvait une fois encore qu’il restait capable de créer, de surprendre et d’émouvoir comme peu d’artistes contemporains. Notre live review complète.
Wilco – Cigale – 23/06

Le concert de Wilco à la Cigale a été l’un de ceux, rares, qui justifient des mois d’attente. Porté par un groupe au sommet de sa forme, Jeff Tweedy et les siens ont déroulé un set dense, généreux et parfaitement équilibré entre douceur mélodique et déflagrations soniques. Très largement représenté, A Ghost Is Born a rappelé combien la période la plus aventureuse du groupe reste centrale en concert, tandis que Cousin s’intégrait naturellement à l’ensemble. Véritable co-vedette de la soirée, Nels Cline a transcendé plusieurs morceaux, notamment un Impossible Germany dantesque, étiré dans un long solo incandescent. L’alternance constante entre ballades apaisées et passages bruitistes, magnifiée par la section rythmique et les claviers, a maintenu une tension continue. Malgré le couvre-feu, le rappel s’est montré surprenant et euphorisant. Un concert porté par un public conquis, et sans doute l’un des sommets live de l’année. Notre live review complète.
Les Top 10 de nos rédacteurs :
Eric Debarnot
1. Micah P. Hinson – Café de la Danse – 25/11
2. Mark Eitzel – Life Is a Minestrone – 29/03
3. Fat White Family – CentQuatre – 06/03 – Notre live review complète
4. Osees – Cabaret Sauvage – 15/05
5. Gyasi – Maroquinerie – 12/10 – Notre live review complète
6. Gogol Bordello – Trianon – 18/10 – Notre live review complète
7. Komodrag and the Mounodor – La Clef Saint-German-en-Laye – 13/12 – Notre live review complète
8. Electric Six – Bellevilloise – 18/11 – Notre live review complète
9. Brisa Roché – Médiathèque Issy-les-Moulineaux – 08/11 – Notre live review complète
10. Black Rebel Motorcycle Club – Olympia – 09/12 – Notre live review complète
Robert Gil :
1. Cash Savage and The Last Drinks – Maroquinerie – 29/03
2. Osees – Cabaret Sauvage – 15/05
3. PÉNICHE – Petit Bain – 25/02 – Notre live review complète
MEMORIALS – Point Éphémère – 14/05
The Jesus Lizard – Elysée Montmartre – 17/05 – Notre live review complète
Opus Kink – Supersonic – 29/05
Nerves – Mécanique Ondulatoire – 31/05
Gyasi – Maroquinerie – 12/10
DITZ – Elysée Montmartre – 21/11
Michel Cloup – Petit Bain – 12/12 – Notre live review complète
Laurent Fegly :
1. Wilco – Cigale – 23/06
2. Peter Perrett – Maroquinerie – 21/02
3. The Hard Quartet – Maroquinerie – 22/06 – Notre live review complète
4. Turnstile – Zénith – 16/11 – Notre live review complète
5. Tindersticks – Salle Pleyel – 13/03 – Notre live review complète
6. Wet Leg – Olympia – 30/10 – Notre live review complète
7. Last Train – Trianon – 04/12 – Notre live review complète
8. The Datsuns – Maroquinerie – 26/03 – Notre live review complète
9. Gojira – Accor Arena – 30/11
10. The Delines – Supersonic Records – 30/09 – Notre live review complète
Jérôme Barbarrossa
1. Nick Cave – Philharmonie – 06/07
2. Sparks – Salle Pleyel – 30/06
3. The The – Bataclan – 26/06 – Notre live review complète
4. Tuung – Bellevilloise – 24/11 – Notre live review complète
5. The Limiñanas – Olympia – 10/04
6. Tindersticks – Pleyel – 12/03
7. Beth Gibbons – Philharmonie – 01/07 – Notre live review complète
8. Shannon Wright – Théâtre Zingaro – 21/03 – Notre live review complète
9. Jalen Ngonda – La Défense Jazz Festival – 24/06 – Notre live review complète
10. The Bug Club – Point Ephémère – 21/08 – Notre live review complète
Jean-Christophe Gé
1. Radiohead – O2 Londres – 24/11
2. LCD Soundsystem – Brixton Academy Londres – 20/06
3. Pulp – La Route du Rock St Malo – 15/08
4. My Bloody Valentine – Wembley Arena Londres – 25/11
5. Black Country New Road – Casino de Paris – 09/10
6. The Maccabees – Trabendo – 27/06
7. The Murder Capital – Trianon – 17/05 – Notre live review complète
8. Franz Ferdinand – Paris La Cigale – 27/02 – Notre live review complète
9. The Rapture – Salle Pleyel – 20/11
10. Dog Race – Supersonic – 19/09 – Notre live review complète
Laetitia Mavrel
1. Pulp – Route du Rock – 15/08
2. Snow Patrol – Olympia – 30/01
3. The Charlatans – Academy Manchester – 11/12
4. Soulwax – Halles Schaerbeek Bruxelles – 17/12
5. Manic Street Preachers – O2 Apollo Manchester – 03/05
6. Nick Cave – Philharmonie – 05/07
7. Queens Of The Stone Age – Grand Rex – 20/10 – Notre live review
8. Steven Wilson – Salle Pleyel – 25/05
9. Baxter Dury – Gaîté Lyrique – 25/10
10. Gruff Rhys – Petit Bain – 24/05
