Evangelicals – The evening descends

Evangelicalsjpg.jpgUn nom tout ce qu’il y a de plus catholique pour un groupe qui, s’il ne pratique pas un rock d’enfer, est tout de même plutôt loin de l’image d’Epinal des chanteurs à  la croix de bois. On se demande ce que penserait le pape d’un groupe qui ravive le psychédélisme sous acide d’une certaine imagerie sixties mélangé aux bonnes vieilles recettes de la pop des années 80.

Ce genre d’ingrédients qui firent un jour apparaître des formations telles Flaming lips ou Mercury Rev. Mais ne présumons pas non plus de la force de la formation encore jeune, puisque sa création remonte à  2005, quand Josh Jones, d’Oklahoma et alors multi-instrumentiste, se décide à  démarrer en solo une aventure musicale qui donnera lieu à  un premier album. C.’est d’ailleurs à  la sortie de ce premier opus que Jones recrute des amis d’enfance pour développer l’attrait musical et scénique de ses Evangélistes. Austin Stephens, un ami d’enfance, tiendra les fûts; tandis qu’un ancien pote d’université, Kyle Davis, tiendra la basse dans sa formation en devenir. Le groupe livre avec the evening descends un second album fort honorable.

Un album honorable au son amuî par une production qui a choisi la réverbération caverneuse comme marque de fabrique. Si ce choix de son marque indéniablement l’identité musicale du groupe, et donne une certaine ampleur à  la voix adolescente ethérée, elle en diminue la portée rock, qu’on imagine gronder sur scène au rythme d’une basse roulante, finalement très New wave et d’une batterie pas avare en martèlement. On espère avoir la chance de repérer Evangelicals en scène en France ou au royaume, afin de vérifier si l’énergie entr.’aperçue derrière le choix esthétique s’avère une pioche significative sur scène.

Musicalement Evangelicals, caché derrière son son psyché en poncho gobe des acides à  l’écart du feu de camps, rassemble plusieurs comparaisons. Forcément, quand on parle d’Oklahoma, et de psychédélisme, on ne peut taire une filiation -quoiqu’en filigrane- de Wayne Coyne et de ses Flaming lips. Quoique. Quoiqu’on se demande ce que penserait l’intéressé d’un son si peu léché et d’arrangements réduits à  un gimmick de piano synthétique ou de guitare en arpège. On songe aussi à  la clique Animal collective, pour cette capacité à  faire rouler dans une boue collante un titre par ailleurs assez conventionnel, et l’étirer de diverses façons. Oui mais, on imagine qu’avec le même matériau, Animal collective eut poussé plus loin l’expérimentation, qui se veut ici largement pop tout de même. On imagine un fifrelin des éthers de Sigur Ros aussi, une once de l’humour potache d’un Pavement, le côté juvénile d’un Spinto Band ou jadis d’un Gorky.’s Zygotic Mynci. On entend des riffs de guitare perdus dans la nature, comme sur les vieux albums emmenés par David Gilmour pour le flamant rose, et des nappes de guitare en vague comme chez My Bloody Valentine ou dans le Wish de the Cure joué live : même si on ne tranche pas ici la veine. Non, ça ferait trop mal. On finit par revenir à  la plage, en compagnie des Beach Boys, mais on effleure à  peine ce genre de mythe pour ne pas se commettre en pop et garder une aura totalement indé, ainsi qu’un image plutôt sombre.

Au fil des écoutes, l’album qui peine pourtant à  accrocher un titre indispensable, gagne en plaisir d’écoute. Et ce qui apparaissait de prime abord comme un disque un peu anecdotique, dans nos écoutes de 2008, finit par revenir souvent sur la platine. Idéal pour un voyage en train, agréable le soir en solo dans la voiture, parfait en descente après une soirée d’excès, idéal quand on invite de vieux fans d’Hawkwind » l’album de The Evangelicals trouve finalement sa place, quelque part entre Le momentary lapse of reason des Pink Floyd et le strawberry jam d’Animal collective paru en 2007. Et s’y cramponnne efficacement. En attendant peut-être de se transformer en groupe majeur pour les années à  venir.

Denis Verloes

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Tracklist
01. Evening Descends
02. Midnight Vignette
03. Skeleton Man
04. Stoned Again
05. Party Crashin’
06. Snowflakes
07. How Do You Sleep?
08. Bellawood
09. Paperback Suicide
10. Here in the Deadlights
11. Bloodstream

Label: Dead oceans / Differ-ant
Date de sortie: 11 février 2008

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