Grizzly Bear – Veckatimest

veckatimest.jpgCa va, ok c’est bon je sais. On est bientôt au troisième tiers de l’année et tout le monde a déjà  évoqué la sortie de l’album de Grizzly Bear. Tout le monde se prépare sagement à  la rentrée de septembre 2009, tout en ayant déjà  placé Veckatimest parmi les tous bons albums de l’année. Je sais.

Mais c’est que moi l’album de Grizzly Bear, je dois le reconnaître, il ne s’est pas imposé d’office. Bon d’abord, il faut que je lance en préambule que le Math rock (mais si vous savez bien, cette musique qui »

alors que la majorité des musiques populaires utilisent des rythmes binaires 4/4 basiques, les morceaux regroupés sous la bannière de math rock sont caractérisés par une métrique atypique, avec l’utilisation de mesures asymétriques (tels que 7/8, 11/8, 13/8 etc.) et des variations fréquentes de signatures rythmiques. C’est cette complexité rythmique, considérée comme  » mathématique  » par de nombreux amateurs et critiques, qui donne son nom au genre »

Moi je suis incapable d’en percevoir les subtilités autres que simplement mélodiques. D’ailleurs, j’ai même longtemps cru que Tortoise, c’était du math rock avant qu’on ne me détrompe. C’est dire mon inculture en la matière… Du coup il ne me reste qu’une musique complexe, faite de multiples idées, de multiples ambiances qui viennent se percuter parfois, copuler à  d’autres, s’assembler parfaitement, souvent. Ca je comprends, je perçois et j’apprécie. Mais vas-y pour raconter cette version à  la foule.

Les premières écoutes m’ont laissé complètement dubitatif. Voici un groupe qui aurait eu le matériel pour plusieurs albums, qui se décide de concentrer le tout en un seul disque, sans ménager l’auditeur, prodiguant mille idées dans un seul titre. Plus je réécoutais, plus la démarche me passionnait, c’est vrai… mais plus je suais à  l’idée de rédiger cette chronique. Je n’allais quand même pas m’en sortir avec un unique »Grizzly Bear, c’est bien. Ecoutez. Now! ».,  J’en connais qui auraient pas aimé. Parce que c’est vrai, qu’entrer dans Veckatimest, ce n’est pas aussi simple que de se lancer un MP3 dans le baladeur en bouquinant dans le métro. Non. Il y a quelque chose qui tient de la mystique. Chaque son compte, chaque silence, chaque moment d’un spectre qui irait du Jazz au post rock en passant par la pop pure et simple est soupesé, indispensable, efficace à  l’univers de l’ensemble. On ne pénètre dans veckatimest qu’en se donnant une bonne heure de tranquilité, idéalement au casque, et avec la ferme intention de ne pas être dérangé. Comme pour une prière ou une sieste crapuleuse.

Et dans ce cas….

Dans ce cas, vous arriverez, comme moi plusieurs mois après sa sortie, à  entrer dans l’univers du dernier Grizzly Bear, à  apprécier la structure de ces hérissons de chansons où les mélodies se camouflent sous un concept. Vous apprendrez à  aller cueillir la belle qui se refuse à  vos avances.

Il vous faudra tenter le pire pour y arriver. Accepter de d’abord quitter toute attache, tout envie de référent. Abandonner sa petite famille, sa femme musicale et ses enfants pop. Leur claquer la porte au nez. Partir acheter des cigarettes sonores et ne jamais revenir. Sauter dans l’inconnu. Abandonner toute certitude, toute habitude. Et ne jamais être certain que veckatimest se donnera à  vous pour autant. Non Non. Il se pourrait bien que le fruit de vos attentes se soustraie à  vos avances. Qu’il ne vous donne pas un seul indice de son amour pour vous ou qu’il finisse par vous claquer la porte au nez quand vous aurez tout abandonné…

C’est un peu le sentiment que j’ai ressenti après plusieurs écoutes du nouveau Grizzly Bear. Avoir tenté l’impossible, avoir mis mes certitudes en danger, avoir quitté mon confort… Et me retrouver sur le trottoir, largué par une belle musicale qui s’est refusée à  moi. Ceci explique le délais. J’ai failli réagir brutalement. Traiter cet album de con, le groupe d’allumeur et la presse de fumiste.

Mais ce n’était qu’un délais et non une fin de non recevoir. Cet été, nostalgique de ces moments passés à  tenter de conquérir un album que je percevais charmant; me rappelant aussi de ces quelques instants envoûtants, fait d’ambiances variées mais jamais agressives, de ces yeux verts, et de cette maturité qu’on sentait poindre d’un disque tour à  tour lascif, joueur ou renfrogné, je me suis réintérressé à  Veckatimest.,  Seul. Puisque j »ai quitté toute attache, j’ai aboli toute certitude. J’ai sans doute mûri aussi un peu dans mon approche de ma relation avec Grizzly Bear. Je me connais mieux. Et je suis donc plus ouvert à  l’écoute des secrets de cet Autre musical. Ce que le disque me raconte, et ce qu’il induit. Prêt à  écouter, sans juger ni rapporter à  moi.

Et contre toute attente, alors que je n’en attendait plus rien, Veckatimest s’est enfin ouvert à  moi. Le disque m’attendait dans sa nudité charmante, mélange d’amour à  la Chet Baker et de flamme Mogwaîenne. Il s’ouvrait à  moi comme une journée à  la plage avec les Beach Boys qui se finirait en nuit d’amour sous acide avec Pink Floyd et Nick Drake. Il a suffi d’un sourire, perçu au fil du premier morceau. J’ai su. J’ai su que dorénavant cet album m’aimerait toute ma vie, sans doute autant que j’aimerai cet album. C’est beau l’amour musical des fois. Ca a un côté romantique qui sied bien à  la nouvelle gallette de Grizzly Bear.

Ah merde j’en ai toujours rien dit finalement »Grizzly Bear, c’est bien. Ecoutez. Now! »

Ca c’est fait.

Denis Verloes

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Tracklist
01. Southern Point
02. Two Weeks
03. All We Ask
04. Fine For Now
05. Cheerleader
06. Dory
07. Ready, Able
08. About Face
09. Hold Still
10. While You Wait For The Others
11. I Live With You
12. Foreground

Date de sortie:
Label: Warp / Discograph

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La chronique de Horn of plenty

La vidéo de Two Weeks via Youtube